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La Vague

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emagne de nos jours. Les professeurs sont sollicités pour faire des ateliers lors d’une semaine thématique en vue de sensibiliser les élèves aux principes de la démocratie. Reiner Wenger est l’un de ces enseignants. Déçu de ne pas s’être vu attribuer le thème qu’il souhaitait traiter, l’anarchie, il est contraint de commencer sa semaine thématique sur l’autocratie. Les élèves sont au rendez-vous. Après une tentative de définition collective de la notion, ces derniers s’aperçoivent toutefois que ce thème les renvoie une nouvelle fois au Troisième Reich et semblent désabusés. Nombreux sont ceux en effet qui estiment que l’Allemagne doit transcender l’Histoire, apprendre à vivre avec son passé sans pour autant ressasser les craintes d’un retour du nazisme.

Vient alors à Wenger l’idée de recréer un groupe autocratique -simple illustration pratique d’un cours théorique ou volonté de montrer qu’une dictature peut renaître? La démarche est adoptée par la quasi-totalité des participants sans que ceux-ci ne réalisent vraiment le but didactique de l’expérience. Cobayes mais aussi cible visée par cette stratégie pédagogique, les élèves se plient à la grande majorité au « jeu » institué par leur enseignant. Très vite commence l’application des principes de l’autocratie. Les implications de ces choix font entrevoir les dérives possibles de ce genre de démarche, à l’échelle d’une classe et par extension d’une génération.

L'analyse:

· Les principes

De « Reiner », le professeur devient « Monsieur Wenger », du « tu » utilisé par les lycéens à l’égard des enseignants,l’on passe au « vous ». Les élèves apprennent aussi, conformément aux ordres de leur nouveau chef, élu à la majorité des voix, à se lever avant de prendre la parole et constatent que cette discipline nouvelle, ce rapport à leur enseignant de respect mâtiné de crainte ainsi que la conscience nouvelle de leur corps –par un jeu d’inspiration/expiration- leur sont profitables.

Cinq jours durant ils vont tous ou presque contribuer à faire naître un groupuscule sinon néonazi, du moins autocratique et dangereux.

· Les influences

Les phases sont progressives, subtiles tout en étant un peu caricaturales. Caricaturale l’est aussi la facilité avec laquelle ces jeunes adultes tombent dans les pièges tendus par le nouveau système. Les figures de la résistance sont peu nombreuses - essentiellement féminines? Un pas, un uniforme, un nom mais aussi un salut et un état d’esprit… tout y est et cela fait froid dans le dos. D’autant que ce système mis en place n’a pas que de mauvais aspects. Il apprend en effet à certains élèves la solidarité, le soutien, l’empathie –même si celle-ci est limitée aux seuls membres du groupe. Il confère une importance à ceux qui se sentaient à l’écart et comme une raison de vivre… ou de mourir. L’effervescence atteint son paroxysme chez des individus plus faibles, plus malléables, qui parviennent à se trouver enfin, à se sentir exister à travers le système disciplinaire et autocratique que propose la Vague, puisque tel est son nom.

· L’exportation du projet

Le groupuscule prend de l’ampleur. Les lycéens exportent l’expérience hors des murs de l’établissement. Leurs réunions prennent un accent dérangeant : leurs fêtes sont bien des fêtes, ce sont bien des jeunes insouciants, aimant se défouler, boire, écouter de la musique, fumer, draguer… mais tous sont également guidés voire aveuglés par une idéologie dans laquelle ils semblent se reconnaître voire s’épanouir. L’affaire semble déborder l’initiateur de l’entreprise. En effet si l’appartenance à un groupe fortifie les membres actifs de celui-ci –conformément à l’idée que l’union fait la force- en revanche, il exacerbe les tensions avec les « Autres », ceux qui n’en sont pas. Des clivages plus importants que ceux qui auraient pu exister se manifestent au sein du lycée comme en dehors et c’est une véritable guerre des gangs qui s’annonce. Une alternative semble s’imposer à tous les jeunes : soit vous entrez dans la Vague, et vous faites partie des initiés, des nôtres, soit vous restez à l’écart et vous n’êtes rien. Pis, vous devenez l’Autre, cet ennemi invisible que l’on pourchasse parce qu’il est autre, parce qu’il est un autre.

· Le dérapage

Le jeu n’en est déjà plus un. L’affaire dérape. Wenger se laisse-t-il lui-même prendre au piège? Difficile de l’imaginer. Il est conscient que ce jeu ne vaut que si l’expérience menée se limite au cadre de cette semaine thématique, dans cette classe avec leurs seuls membres. Pour preuve sa réaction lors de la publication d’une photo dans le journal local qui représente le symbole du groupuscule tagué sur la façade de ravalement de l’église. Il reprend alors pleinement son rôle d’enseignant responsable et avertit de la dangerosité de telles actions. Autre indice : l’homme appelé machinalement de son nom de leader dans les couloirs, incite les jeunes à bien dissocier le rôle qu’il joue au sein du groupe dans la classe et celui qui est le sien, son rôle de professeur, d’encadrant, à l’écoute de ses élèves, celui de « Reiner » et non plus de « Herr-Wenger ». Il comprend toutefois que le système s’est exporté, que d’autres que lui incarnent le projet hors de son laboratoire, pour lui donner vie, le rendre tangible, lui conférer une légitimité. Il a été dépassé par son projet, submergé par cette Vague. Des heurts lors d’un match de water-polo confirmeront ses craintes. D’une pratique pédagogique sensée illustrer l’autocratie est née un monstre terrifiant tant il est ressemblant au système qui ne devait plus revoir le jour, qui ne le pouvait plus. Il faudra une assemblée réunie d’urgence le sixième jour pour faire admettre aux lycéens que leur système de pensée s’apparentait à un mouvement néonazi.

· Le vrai-faux discours

Devant un amphithéâtre bondé, Wenger se lance dans une diatribe aux accents fascistes… sous les applaudissements de l’Assemblée. Tout y passe : l’économie, l’image de l’Allemagne moribonde qu’il faut sauver du naufrage ainsi que la figure du traître et le sort qu’on lui réserve. C’est sous des huées qu’un traître est amené sur l’estrade par des bras comparables à ceux d’une milice. Ce traître n’est autre qu’un élève qui, sous l’influence de son amie, hostile au système –parce que rejetée par lui??- a pris du recul par rapport à l’expérience et découvre horrifié le visage de ce monstre né des eaux de la Vague. Sur le sort du traître, le chef se prononce pour sentence exemplaire. Mais jusqu’où les membres du groupe iraient-ils? Jusqu’à le tuer pour éliminer l’Ennemi? N’est-ce pas là que l’on comprend la nature du groupe tout droit

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