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La conscience, juge infaillible du bien et du mal

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Par   •  25 Janvier 2020  •  Commentaire de texte  •  3 165 Mots (13 Pages)  •  4 036 Vues

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La conscience, juge infaillible du bien et du mal

En 1762, Jean-Jacques Rousseau écrit L'Emile ou De l'éducation. Son œuvre se compose de cinq livres : dont les quatre premiers sont consacrés chacun à un âge différent de la jeunesse et le dernier est consacré à l’éducation des femmes. En effet, Rousseau considère que l’éducation doit tout mettre en œuvre afin de préserver la bonté initiale présente en chaque enfant. C’est donc à l’enfant, lui-même de corriger ses erreurs.

Le texte que nous allons étudier est extrait du livre IV, et plus précisément d’une partie intitulée « Profession de foi du vicaire savoyard ». Il semble important de préciser qu’une profession de foi est la déclaration publique d'une croyance, et également que le vicaire savoyard renseigne le précepteur d'Emile sur les véritables principes moraux et religieux, c'est-à-dire ceux de Rousseau. Il croit en une religion naturelle, dans laquelle chaque homme possède en lui un sentiment intérieur du divin, il n’a donc besoin que de lui-même pour connaître Dieu.

Dans ce texte nous est donc posée la question des principes moraux et donc de la conscience du bien et du mal.

Sur quoi la conscience se fonde-t-elle ?

Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l’universalité de la conscience (l. 1- l.11), ensuite nous étudierons la conscience comme principe inné (l. 12- l. 19) et enfin, nous verrons que l’infaillibilité de la conscience distingue l’homme de l’animal (l. 20- l. 26).

La conscience est universelle, voilà l’idée défendue par Rousseau dans le premier paragraphe, celui-ci se découpe en deux parties, la première partie s’étendant de la ligne 1 à la ligne 4 et la seconde partie de la ligne 5 à la ligne 11. Tout d’abord l’exposition de sa thèse, puis des exemples permettant de la prouver. Rousseau commence par nous inviter à contempler le monde, et ce dans le but d’y repérer la forme unique et universelle que prend la conscience ; cela transparaît grâce à l’anaphore de « toutes » et de « partout », qui nous montre bien que peu importe l’époque et l’endroit où l’on se trouve sur Terre, que ce soit durant la Renaissance ou le siècle des Lumières ; que ce soit dans le Royaume de France ou dans le Saint Empire Romain Germanique, la conscience est la même pour tout homme. Cela nous laisse à voir un vaste panorama spatio-temporel, un tour du monde de la conscience. Dans cette universalité de la conscience, Rousseau identifie des « cultes inhumains et bizarres » dont il s’étonne de l’abondance au travers de « tant de ». Le culte, du latin cultus signifie l’honneur que l’on rend au(x) Dieu(x) et, est normalement positif comme le dit Tertullien « un culte doit être embrassé par conviction » ; cependant le mot culte est ici suivi d’ « inhumains et bizarres » ce qui rend ce culte très péjoratif car le terme inhumains vient du latin inhumanus ce qui signifie dans humanité et fait sans doute référence aux sacrifices humains pratiqués dans les religions païennes et bizarre vient de l’espagnol bizarro et signifie qui s’écarte du goût, des usages reçus. Cela signifie donc pour Rousseau que tout ce qui s’écarte de sa normalité, de ses propres usages est perçu comme anormal, et même monstrueux. Il parle ensuite de « prodigieuse diversité de mœurs et de caractères », ce qui nous montre son étonnement, prodigiosus en latin face aux nombreuses manières de vivre donc aux nombreuses croyances existant au travers de la planète. Malgré toutes ces croyances plus ou moins barbare, les « idéaux de justice et d’honnêteté » restent les mêmes dans toute civilisation comme nus le montre l’anaphore de l’adverbe « partout ». Comme ces deux valeurs essentielles sont les mêmes partout, en découle forcément une chose universelle c’est la notion de bien et de mal, régie par la conscience. Même si Rousseau est convaincu de l’universalité de la notion de bien et de mal, celle-ci peut aisément être remise en cause, en effet la notion de bien et de mal est très subjective et dépend donc de la culture. Il semble donc judicieux de retirer toute par de monstruosité ou bien de barbarie à ces cultes et de remplacer cela par le mot différence. Il est vrai que l’inconnu et la différence peuvent faire peur, ceci s’appliquant très nettement à Rousseau, car il juge ces cultes sans les connaître réellement, sans en connaître les origines et le but. De plus qu’y a-t-il de différent entre la religion catholique et un culte polythéiste, si ce n’est le nombre de Dieux, rien, et tout chrétien ne croit-il pas en la sainte trinité ? Donc où est le problème, je pense donc que Rousseau est ici intolérant ce qui est contraire à sa propre religion.

Dans la deuxième partie du premier paragraphe, Rousseau développe sa thèse au travers d’exemples. Il s’appuie pour cela sur « l’ancien paganisme », il semble important de préciser que le terme paganisme vient du latin paganus qui signifie paysan, lorsque le mot païen est utilisé par l’une des grandes religions monothéistes, ici le catholicisme, c’est un adjectif péjoratif qui désigne toute religion polythéiste, quelle que soit la culture dont elle est issue. Ainsi, toute personne ne croyant pas au Dieu unique, mais à de multiples dieux personnalisant l’ordre naturel est qualifiée de païenne ; par la suite, le mot a pris le sens d’hérétique (et quand arrive l’hérésie, le bûcher est proche). Pour Rousseau, le paganisme «enfanta des dieux abominables », le mot abominable signifie ce qui est entièrement condamnable, Rousseau présente donc le paganisme comme entièrement mauvais et donc entièrement condamnable, et ce sans exception possible. Les exemples sont multiples, mais nous nous concentrerons ici sur deux exemples, à savoir Tezcatlipoca et Moloch. Tout d’abord Tezcatlipoca est selon les croyances aztèques, le dieu de la nuit et de la mort. Pour satisfaire ce dieu, on procédait à des sacrifices humais selon une méthode très particulière qui consistait à arracher le cœur d’un homme vivant. Ces sacrifices avaient lieu devant un temple au sommet d’une pyramide et étaient considérés comme nécessaires au fonctionnement et à l’équilibre du cosmos. Ce sacrifice permet également à la tribu d’être purifiée et libérée des mauvaises énergies. Ensuite, Moloch, son nom vient de l’hébreu מֹלֶך qui signifie roi ; il s’agit d’une divinité dont le culte était pratiqué dans la région de Canaan. Moloch était présenté comme la divinité tirant sa joie des pleurs des mères à qui il volait leurs enfants, on sacrifiait en effet des enfants par le feu afin de le satisfaire et ainsi d’éviter ses représailles. Toutes ces divinités affreuses et assoiffées de sang son pour Rousseau le lot de tout le paganisme, il qualifie ainsi ces dieux de « scélérats », ce terme vient du latin scelus qui signifie crime, c’est dieux sont donc de vulgaires criminels. On retrouve en effet le champ lexical du crime s’apparentant à ces dieux « scélérats », « forfaits », « vice », « crime » et « coupable » ce qui montre bien que ces dieux sont malfaisants et immoraux. Pour ces dieux, le « tableau du bonheur suprême », c’est-à-dire de l’idéal absolu ‘est fait que de « forfaits à commettre et de passions à contenter », ce qui signifie que la vertu a été remplacé par le vice. Est ensuite exposée l’idée selon laquelle l’homme est exposé au mal et y résiste « le vice, armé d’une autorité sacrée, descendait en vain du séjour éternel », cela signifie qu’en dépit de tous les efforts fournis par les dieux pour pervertir l’homme, cela n’est pas efficace, que le mal reste dans les cieux, pour les dieux et n’atteint pas l’homme. Cependant, pour Rousseau, l’homme est naturellement bon, « l’instinct moral le repoussait [le vice] du cœur des humains », l’homme nous est ici présenté comme étant tout à fait capable de résister au mal et donc au pêché, l’homme incarne le bien en opposition avec les dieux païens qui eux, incarnent le mal. Les religions païennes et la morale qui les accompagne ne respectent pas le bien, elles préfèrent le vice à la vertu. La suite du paragraphe nous dit « la sainte voix de la nature, plus forte que celle des dieux », nous pouvons donc considérer que la nature surpasse tout, qu’elle supérieure aux dieux qui eux sont mauvais, car on la qualifie de sainte qui est un terme pleinement religieux, et très positif. Suivi de « semblait reléguer au ciel le crime avec les coupables » cela renforce encore la thèse de Rousseau selon laquelle les dieux sont mauvais et restent dans les cieux et l’Homme est bon, résiste au mal sur terre. Rousseau considère donc que les religions polythéistes sont immorales et criminelles.

Pour Rousseau, les notions de bien et de mal sont donc partout les mêmes, ce qui est critiquable ; en effet, trois niveaux de critiques sont possibles : la notion collective, car rien n’est réellement universel, tout dépend de la subjectivité de chacun de sa façon de penser, chaque être humain est unique alors pourquoi tout le monde devrait-il penser la même chose ? Ensuite, la notion de la religion, de la morale également, car les deux sont liés, s’il existe de nombreux cultes, de nombreux dieux, ce n’est pas pour rien cela a pour but de satisfaire tout le monde, car chacun est libre de croire ou de ne pas croire, l’important étant que chacun soit libre et heureux. Et enfin le droit, car celui-ci est ici intimement lié à la religion, cela revient alors à une

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