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La liberté est-elle le pouvoir d'agir sans motif ?

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Par   •  20 Février 2021  •  Dissertation  •  3 452 Mots (14 Pages)  •  1 805 Vues

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La liberté, vaste sujet si difficile à définir, constitue pourtant pour chacun d’entre nous une expérience, ou tout du moins une représentation aussi familière qu’indiscutable. Il nous faut partir de ce constat de départ que le sentiment commun et immédiat éprouvé par tout homme est de se sentir libre : en effet, chaque homme peut user d’une liberté de penser et d’agir, indépendamment de toute contrainte extérieure. Cette conviction intérieure est donc profondément ancrée en nous. Pourtant, de nombreux penseurs se sont interrogés sur la liberté et en ont chacun dégagé une définition qui leur semblait propre tout en se questionnant sur l’utilité de cette liberté. Ainsi, l’une de ces interrogations est la suivante : la liberté est-elle le pouvoir d’agir sans motif ? De ce fait, nous pouvons nous demander : l’homme est-il un être régi par une liberté d’indifférence et par sa culture  ? Peut-il échapper à ses désirs, ses pulsions et se targuer de posséder un libre-arbitre ? Enfin, sommes-nous et voulons-nous être véritablement libres ? Nous verrons, dans un premier temps, que la question « la liberté est-elle le pouvoir d’agir sans motif ? » ne peut se passer d’une réflexion sur l’autonomie et l’indifférence. Dans un second temps, nous aborderons les désirs et pulsions humaines puis nous nous attarderons sur la notion de libre-arbitre. Dans un troisième et dernier temps, nous verrons que l’être humain n’explore pas entièrement l’idée de liberté et que cette notion s’analyse en parallèle du monde qui nous entoure.

Tout d’abord, une liberté de pouvoir agir sans motif est possible en nous basant sur l’indifférence et l’autonomie. Dans le cadre de notre sujet, nous analyserons la liberté dans son ensemble, soit la capacité à agir en conformité avec soi-même, sans que rien ni quiconque n’interfère. Ainsi, nul n’est obligé de faire usage de sa liberté, précisément parce qu’il est libre de le faire ou de ne pas le faire. Il faut ici avant tout comprendre que la liberté n’est pas un fait total et entier, tout le temps et à n’importe quel moment, c’est une capacité. Elle consiste à mettre en pratique ses désirs ou ses volontés, donc finalement à se réaliser soi-même. Le pouvoir quant à lui peut se définir comme la faculté d’avoir la possibilité de faire quelque chose. Il se décline en de nombreuses variantes, dont celle d’exercer sur un homme une domination ou d’avoir la permission de faire quelque chose. Nous nous focaliserons ici sur cette première définition sans nous attarder sur les autres. Le motif quant à lui se définit par une raison d’agir, un mobile d’ordre intellectuel. Ici encore, il existe de nombreux types de motifs, nous prendrons donc, afin de répondre à notre problématique, le motif au sens de justification morale et de nécessité logique.

Au XVIIème siècle, Descartes réfute l’opinion selon laquelle la liberté réelle serait le pouvoir de faire ce qui nous plaît. Il définit alors deux degrés de liberté : la liberté d’indifférence et la liberté éclairée. Pour Descartes, la liberté d’indifférence est le plus bas degré de liberté, et la liberté éclairée en est le plus noble degré. Ainsi, il nomme liberté d’indifférence ou libre-arbitre ces moments où nous n’avons pas plus de raisons de choisir une option plutôt qu’une autre. C’est également ce que l’on appelle l’irrésolution. Dans la liberté d’indifférence, aucun choix n’est bon ou mauvais, tous se valent. Mais pour Descartes, c’est ne pas être vraiment libre que de choisir au hasard ou selon les circonstances. La liberté d’indifférence s’applique aussi lorsque les raisons de la décision se valent, entraînant une possible indifférence de l’individu à leur égard. Pour prendre un exemple : celui qui fume exerce son libre-arbitre, alors que celui qui arrête de fumer use de sa volonté, donc de sa vraie liberté. Dans les Méditations métaphysiques, Descartes écrit : « le libre arbitre consiste à faire une chose ou à ne pas la faire sans qu’aucune force extérieure ne nous y contraigne ». Par l’usage de notre libre-arbitre, nous faisons l’expérience de notre liberté en temps que bon vouloir. Notre bon vouloir détient la puissance absolue d’affirmer ou de nier l’importance des choses. La liberté d’indifférence est parfois qualifiée de diabolique car « nous suivons le pire ; tout en voyant le meilleur ». Pour autant, c’est cela qui fait de nous des êtres responsables car nous faisons nos propres choix.

Une autre raison de l’action sans motif est l’abus de liberté dont nous faisons parfois preuve. En effet, agir selon sa raison, c’est ne pas agir en fonction de son désir ou de son intérêt propre. C’est pourquoi Kant affirme qu’agir selon son désir, c’est rechercher un but. Mon action est donc conditionnée par le but à atteindre : il s’agit d’un impératif hypothétique. Par exemple : je fais mes courses et on me rend trop de monnaie, je décide donc de rendre l’argent. On dira que j’ai fait un acte moral, mais cela n’est pas si sûr. Je peux avoir rendu l’argent par peur que la caissière se rende compte de son erreur et me le réclame. Ici, mon acte est soumis à une condition : si je ne veux pas me faire prendre, je rends l’argent. Je peux aussi rendre l’argent parce que j’ai envie de passer pour une personne morale, je désire qu’on ait une bonne image de moi. Là encore, nous retrouvons un acte soumis à une condition. Mon acte a l’apparence d’un devoir, il est conforme au devoir, mais il est conditionné, il relève du calcul. Or agir moralement, ce n’est pas agir en calculant. L’acte moral est gratuit, et « gratuit » signifie que je le fais pour ne rien récupérer en retour. Ainsi, l’acte moral s’impose à moi, c’est un impératif, ici celui de rendre la monnaie. Nous l’avons vu, cet impératif est soumis à la condition « si... ». Cependant, il existe des impératifs sans condition, j’agis comme cela parce que cela s’impose à moi, et ce sans condition. Nous approchons donc d’une réponse à notre question principale. J’agis de telle façon car je suis un homme, un être doué de raison et pas une bête. L’impératif qui n’est soumis à aucune condition est un impératif catégorique, je n’agis pas alors pour obtenir ce que je souhaite mais comme tout le monde devrait agir à ma place en tant qu’être de raison. Je dois agir comme tout homme devrait agir à ma place, non pas parce qu’il a des désirs mais parce qu’il est un être de raison. C’est cette faculté de raison qui nous distingue des autres animaux, mais c’est également elle qui permet une liberté d’agir sans motif, ainsi que nous l’avons vu à travers cet exemple. Plus qu’un abus de liberté, il s’agit désormais d’une certaine moralité, d’une condition socio-culturelle, d’une idée qui s’impose à nous comme étant logique. D’après André Gide, pouvoir agir sans motivation extérieure serait une preuve de la liberté humaine. En effet, il dira : « j’ai longtemps pensé que c’est là ce qui distingue l’homme des animaux, une action gratuite. Et comprenez qu’il ne faut pas entendre par là une action qui ne rapporte rien, car sans cela… Non mais gratuit, un acte qui n’est motivé par rien. Comprenez-vous ? Intérêt, passion, rien… L’acte désintéressé ; né de soi ; l’acte aussi sans but ; donc sans maître; l’acte libre, l’acte autochtone». Nous avons donc un mode de pensée qui croit en une action sans motif. Nous pouvons ici mentionner la critique faite par Soren Kierkegaard (1813-1855, philosophe danois, approche existentialiste). Kierkegaard pense que l’entièreté de notre vie est déterminée par nos actions, lesquelles sont déterminées par nos choix. Par conséquent, la façon dont nous effectuons ces choix est d’une importance cruciale pour notre existence. A l’inverse de Georg W. F Hegel (1770-1831, philosophe allemand, approche idéaliste), qui affirme que ces choix sont largement déterminés par l’environnement social et historique, Kierkegaard pense que nos choix moraux sont absolument libres, et avant tout subjectifs. Ce serait donc notre volonté seule qui détermine notre jugement. De ce fait, nos choix moraux seraient régis par notre volonté, ce qui contrecarre la théorie d’une liberté à pouvoir agir sans motif.

Nous l’avons vu, il y a donc bel et bien possibilité d’agir sans motif, à travers les théories de Descartes, de Kant et d’André Gide.

Ensuite et dans une approche différente, nous pouvons affirmer que la liberté n’est pas le pouvoir d’agir sans motif et que de telles actions paraissent bien trop invraisemblables pour être réelles. Ainsi, nous aborderons la notion de libre-arbitre. Le libre-arbitre serait la capacité à faire des choix de façon arbitraire sans subir d’influence extérieure, c’est-à-dire qu’il serait une autonomie absolue du sujet conscient au moment où il prend ses décisions. Mais est-il possible qu’il n’y ait aucune cause extérieure et intérieure qui nous pousse à agir ? En effet, l’éducation, l’inconscient, les instincts, l’époque et la morale constituent les principales causes à nos actions. L’action sans causes semble une illusion, qu’elles soient conscientes ou inconscientes. Ainsi, ce prétendu libre-arbitre serait une illusion, car si la conscience semble connaître les désirs qui lui apparaissent, elle en ignore bien souvent les causes, et la raison de la conscience trouvera des raisons à nos désirs mais pas les causes premières.

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