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La politique étrangère américaine par Jean Monnet

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les querelles européennes. La courante isolationniste trouve également des porte-paroles influents, même si les motivations sont diverses : le savant Albert Einstein, l’aviateur Charles Lindbergh, des hommes politiques éminents tels Herbert Hoover ou William Borah.

Le vote de la lois de neutralité entretien le refus de l’engagement : la première loi, du 31 aout 1935, prise à l’occasion de l’attaque italienne sur l’Éthiopie, interdit la vente des armes aux belligérants, qu’ils soient agresseurs ou agressés. La loi est limitée à sis mois. La deuxième loi, du 19 février 1936, reprend la première qui arrivait à expiration : cependant le président peut décider d’un embargo en cas d’état de guerre. La troisième est votée le 1er mai 1937, et est dite « cash and carry » : les acheteurs des produits américains doivent payer comptant (cash) et s’occuper eux-mêmes du transport (carry), les armes et les munitions sont interdits des vente. Ces lois confortent le succès des isolationnistes au Congrès, mais n’empêchent pas les relations commerciales avec les pays en guerre.

À mi-septembre 1939, le président convoque le Congrès en session extraordinaire ; le 21 septembre il lance un appel aux membres du Congrès, en nom de l’intérêt national, en promettant que les États-Unis ne participeront pas au conflit, qu’en restant à< l’écart ils sauveront « la culture de l’Europe Occidentale ».

En outre, il arrive au terme de son deuxième mandat. Comme, en pratique, un président ne sollicite pas de troisième, son influence politique est notablement affaiblie. Le président proclame en effet la neutralité des États-Unis et, conformément à la législation en vigueur, déclare l’embargo sur les armes et les munitions.

Le 19 juillet, en plein campagne électorale, Roosevelt s’adresse à la convention par radio : il éprouve, dit-lui, « des sentiments mêles ». Il aurait préféré n’être pas candidat, mais a dû se soumettre aux necessitées politiques : « si notre gouvernement devrait passer en janvier prochain entre d’autres mains inexpérimentées, nous pourrions espérer et prier qu’elles ne conduiras pas une politique d’apaisement et des compromis avec ceux qui cherchent à détruire toutes les démocraties partout dans le monde, y compris chez nous ».

La position ambiguë de Roosevelt

Toutefois, Roosevelt n’est pas totalement neutre : s’il promet qu’il fera le nécessaire pour que les États-Unis ne basculent pas dans le conflit, qu’il n’enverra pas l’armée américaine sur les champs de bataille européens, à partir de 1937 il s’implique davantage dans la politique extérieure. Le contexte – l’agression japonaise sur la Chine, la montée des dictateurs, etc. – l’encourage à remettre en cause le principe de neutralité.

Sa réélection, avec tout de même un succès moindre qu’en 1936, confort Roosevelt, qui y voit un encouragement à sa politique d’aide au Royaume-Uni : commence, alors, la période du « short of war », d’aide matérielle sans participation directe dans le conflit. À l’automne 1940, l’Angleterre demande du matériel américain en quantité croissante ; le 11 mars 1941 est votée, à une large majorité, et malgré une lobby hostile, la loi Prêt-bail ou « Lend Lease Act ». La loi a été présenté au préalable par Roosevelt, au cours d’une conférence de presse, en décembre 1940, avec une métaphore très compréhensible : « de même que l’on prêt son tuyau d’arrosage au voisin dont la maison est en feu, les États-Unis doivent mettre leurs armes et leurs munitions… », déclare-t-il alors, et il propose que les États-Unis deviennent « le grand arsenal de la démocratie ». Il a fait ça pour convaincre les américains qui sera plus difficile que les États-Unis entrèrent dans la guerre si ils font tous le possible pour aider la Grande-Bretagne maintenant : l’opération médiatique est réussi, et les sondages indiquent que le 80% de ceux qui ont entendu la causerie approuvent la proposition.

Le président signe la loi le 11 mars, qui lui autorise à vendre, transférer, échanger, prêter, louer des bateaux, des avions, du matériel de guerre au gouvernement de tout pays dont le président juge la défense vitale pour la sécurité des États-Unis. Après la guerre, on pourra rendre le matériel, l’échanger ou le rembourser. De mars à octobre, le Congrès débloque 7 milliards des dollars et encore 6 milliards supplémentaires à la fin du mois. Le Royaume-Uni a été le premier bénéficiaire du Prêt-bail, mais, après l’invasion allemande en Union Soviétique en juin 1941, Roosevelt accorde à Moscou le bénéfice du Prêt-bail. Pour l’ensemble du conflit, le prêt-bail a couté 50 milliards des dollars et représente le 20% de la production militaire américaine.

Depuis mi-avril, il fait patrouiller des unités navales dans l’Atlantique Nord, avec la mission de détecter les sous-marins allemands et de signaler leur présence aux Britanniques ; le 7 juillet les Américains franchissent un pas de plus de 4000 marines en Islande pour éviter que l’ile ne tombe aux mains des Allemands, le 9 octobre Roosevelt demande au Congrès d’amender la loi de neutralité et d’autoriser les cargos américains à s’armer : la bataille de l’Atlantique a commencé et les États-Unis sont belligérants sans le dire.

II. Les relations entre États-Unis et Grande-Bretagne

Après la déclaration de guerre le 3 septembre, Chamberlain avait du effectuer des changements importants au sein de son cabinet : c’est en cette occasion que, plébiscité par le Times qui a lancée un sondage, Churchill devient le Ministre de la Marine. Apprenant la nouvelle, Roosevelt exulte, et le 11 mars il envoie un lettre au Premier Lord : c’est le début d’une étonnante correspondance qui compte 1700 lettres et qui se poursuivra jusqu’à la mort de Roosevelt. Pour Churchill est essentiel l’obtention du plein concours des États-Unis dans le conflit. Après un avertissement de l’amiral allemand Reader qui informait les Américains d’un possible complot britannique, sera Roosevelt même qui appellera Churchill en Angleterre : l’importance de cet incident mineur était que Roosevelt avait pris l’initiative d’établir un lien avec une puissance belligérante, et, à Londres, Churchill avait établi un lien direct avec l’unique homme qui pouvait, selon lui, sauver l’Europe des griffes d’Hitler.

Il est indubitable que le président Roosevelt et l’opinion américaine furent extrêmement impressionnés par la défaite de la France. Churchill, sentit cela et décida de jouer la carte américaine : dès le 15 mai, dans son premier télégramme adressé comme Premier Ministre au Président Roosevelt, il demanda « le prêt des 40 ou 50 de vos vieux destroyers » ; il renouera cette demande le 11 juillet, intelligemment soutenu par l’ambassadeur britannique aux États-Unis Philip Kerr. Les disposition du président Roosevelt étaient très favorables : il comprenait que une défait rapide de l’Angleterre mettrait les États-Unis dans une situation fort dangereuse, et, malgré certaines difficultés légales, il n’hesita pas à vider les arsenaux américains pour fournir, vitement, des armes à l’Angleterre menacée. Il osait prendre cette position en pleine campagne électorale présidentielle.

À la fin de juillet, il fut entendu que la Grande-Bretagne accepterait de louer à bail des bases dans les possessions britanniques d’Amérique en échange du prêt immédiat de 50 à 60 destroyers : c’était pour l’Angleterre une nécessité vitale, pour les États-Unis cela représentait la fin de l’isolationnisme.

Les négociations se poursuivirent au mois d’aout : il fallait apaiser à la fois l’opinion américaine, inquiète de ses responsabilités nouvelles, et l’opinion britannique, émue d’avoir à céder des territoires anglais. Par un exchange des notes qui eut lieu le entre aout et septembre, les Britanniques offrirent aux Américains de bases louées à Terre-Neuve, dans le Bermudas, les Bahamas, la Jamaïque, Antigua, Sainte-Lucie, Trinidad et la Guyane anglaise ; le gouvernement des États-Unis, de son coté, céda 50 destroyers à la Grande-Bretagne. Ce n’était pas un traité, mais un Exécutive Agreement, ce qui permettait d’éviter un vote d’approbation par le Senat. Le mouvement décisif pour une acceptation publique de cette politique arriva par défaut durant la campagne électorale. Le candidat républicain, Wendell Willkie, refusa de faire un enjeu politique de l’accord des destroyers en échange des bases, isolant ainsi l’aile isolationniste de son parti. La victoire de Roosevelt eut non seulement le prêt-bail comme conséquence, mais aussi « ABC/I », un plan stratégique commun anglo-américain pour vaincre l’Allemagne nazie.

Tandis que le gouvernement américain accroissait systématiquement les livraisons d’armes à la Grande-Bretagne, un nouveau problème se posait avec gravité. La loi de novembre 1939 obligeait

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