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Le Land Art

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tous les domaines, à toutes les échelles de l’espace et de la perception, que ce soit dans le domaine tridimensionnel du plasticien, celui de l’audiovisuel ou du conceptuel.

Nous considèrerons donc pour l’ensemble de cette étude le domaine sculptural/tridimensionnel de l’époque contemporaine.

Les années soixante voient se croiser plusieurs courants traduisant différentes mentalités de la société qui transparaissaient dans les travaux des artistes de l’époque. Le Pop art qui est alors sur les devants de la scène artistique américaine et anglaise (New York en fut le berceau) traduit l’importance de la société de consommation dans l’ensemble des disciplines artistiques. Avec la sacralisation de l’objet manufacturé, le quotidien se fait art et ce par le déploiement de moyens artistiques et technologiques de plus en plus modernes (sérigraphie, introduction du travail industriel ...), sur un arrière-plan de prospérité économique, car les Etats-Unis entraient au début des années soixante dans l’ère du capitalisme tardif caractérisé par une production et une consommation de masse, la télévision devenant un support de publicité généralisé pour la promotion de produits toujours nouveaux. Les artistes réagirent de diverses manières à ces changements et le désir de renouveau se fait sentir. L’art se crée rarement dans l’espace immatériel de la théorie .A l’instar de tout art authentique, l’Art minimal était lui aussi un enfant de cette époque et reflétait consciemment ou non, comme le Pop Art, les changements profonds qui s’inscrivirent dans la réalité sociale des Etats-Unis puis de l’Angleterre durant les années soixante. Cette démarche engendra un art qui renonçait à produire des objets vendables et se présentait sous la forme totalement dématérialisée d’une pure pensée. Vers la fin des années soixante, le discours minimaliste sur l’objet avait perdu son potentiel critique et apparut à beaucoup de jeunes artistes comme rentré dans l’ordre établi. A travers l’Art conceptuel, le Process Art, l’Art performance et le Land Art, une génération plus jeune d’artistes s’intéressa à des problèmes non abordés par les recherches minimalistes. En effet, c’est en rompant avec le modernisme formaliste que l’Art minimal avait fait prendre conscience du caractère conventionnel de l’art et avait ainsi rendu possible son élargissement pluraliste. Le champs artistique ne se laissait plus enfermer dans des normes mais pouvait être constamment élargi par la pratique artistique.

Le Land Art : entre « art écologique » et « art total »

Entre « art écologique » et « art total »

Si l’Art Minimal a engagé un dialogue avec l’environnement, notamment les travaux de Carl Andre, il a davantage remis en cause l’espace architectural que développé l’idéologie écologiste émergeant à la fin des années soixante avec le Land Art. Le problème de la spécificité du lieu est développé dans la nécessité d’un rapport réciproque entre l’oeuvre et son espace d’exposition. Cette mise en question de l’espace architectural et naturel en tant que « contenants de l’œuvre », qui accompagne l’émergence de l’idéologie écologiste, explique la démarche de nombreux artistes de sortir leur création à l’extérieur et lui donner des espaces nouveaux dans des territoires inexplorés. La terre et notre « mère nature » avec toute la charge symbolique qui l’accompagne va bientôt constituer le matériau privilégié du Land Art. L’intérêt de ses principaux acteurs s’oriente par conséquent vers les matériaux naturels bruts : la terre, la pierre, la boue, le bois, mais également l’eau (la neige, la glace), les végétaux, etc.

Ceux-ci vont être puisés dans leur environnement sans lui être arrachés et seront ainsi détournés de leur existence propre au profit d’un processus de création.

Dès lors, on s’allie à Gilles A. Tiberghien lorsqu’il explique : « le Land Art n’est, on le sait, qu’une appellation commode pour désigner des pratiques artistiques qui ont élu la nature comme matériau et comme surface d’inscription ». (Gilles A. Tiberghien, 1999)

Ainsi dans son introduction à l’ouvrage Land Art, il nous suggère l’écart, sinon la solution de continuité, entre les préoccupations des artistes pour qui ce terme fut établi et ceux qui poursuivent aujourd’hui leurs travaux en rapport avec la nature : « Cette dénomination reste extrêmement floue [...], et, faute de savoir ce que ce terme recouvre, on lui a préféré des dénominations plus vagues, constituant des ensembles beaucoup plus vastes tels que « art processuel », « art environnemental », « art écologique » ou « art total », etc. »

Entre la mouvance qui naquit aux Etats-Unis et les échos qui retentirent en Europe et surtout en Grande-Bretagne, on rencontrera diverses appellations :

• earth art

• earth works

• art in-situ

• natural art

• environmental art

Un lieu et une attitude

Reste la question du rapport réciproque de l’oeuvre au site et du site à l’oeuvre qui a beaucoup préoccupé les artistes. Etant implantées dans des sites particuliers parfois inaccessibles, en dehors des lieux artistiques classiques, elles ne peuvent être déplacées et restent en général invisibles pour le public. Elles sont alors médiatisées grâce à la photographie, généralement accompagnée de textes explicatifs et souvent de plans, de cartes, de croquis, etc.

Les artistes vont ainsi sortir du schéma traditionnel atelier-musée pour se tourner vers le terrain artistique qui se rapproche le plus de l’homme : la nature.

Il ne s’agit plus de créer un objet, de faire une oeuvre, mais plutôt de travailler avec et dans la nature. C’est ce que nous présenterons dans cette étude en illustrant cette démarche par des artistes qui privilégient l’ensemble de leur processus de création à son résultat en traduisant ainsi la recherche d’un “art total“ ou chaque constituant a son importance :

• l’inspiration, le ressentit, le sentiment

• le lieu

• l’instant

• L’idée, le concept

• les matériaux

• l’attitude, le geste

Le Land Art est alors davantage une expression artistique qu’un véritable mouvement ; on pourra parler de façon d’être, de confrontation à un environnement donné, pour qualifier la démarche de ses protagonistes qui, par comparaison à d’autres courants définis de l’histoire de l’art, s’impliquent entièrement dans leur recherche. Leurs réalisations naissent de l’imaginaire puis des mains de l’artiste à partir des matériaux collectés sur place, et ce, en harmonie avec le lieu. Il en résultera une parfaite adéquation entre l’oeuvre et le site qui naîtra de la relation entre l’artiste et son lieu : une communion en quelque sorte...

Deux « tendances » : américaine et européenne

On marquera dès lors la différence entre l’esprit du Land Art américain et européen. Les Etats-Unis seront le foyer de vastes projets d’aménagement de territoires vierges et désertiques dans une démonstration de conquête de la nature. On assistera au déplacement d’énormes quantités de terre pour des réalisations parfois colossales et on retrouvera des modèles d’architecture du paysage déjà recensés au patrimoine mondial comme la spirale, le labyrinthe, les alignements de pierres, les tertres (monticules de terre sacrés), dont on pourra comparer l’intérêt artistique et la portée mystique. L’autre tendance se rapprochera davantage de cet « art écologique », ou « art total » que nous venons d’évoquer au paragraphe précédent même s’il ne s’agit pas là de dénominations admises en tant que telles dans le vocabulaire de l’histoire de l’art.

L’éphémère et le durable

Les artistes postmodernes des années soixante et soixante-dix, dans la multiplicité de leurs expériences, cherchent à rompre avec le concept moderne d’oeuvre d’art et vont mettre au point des modes d’expression et des travaux qui ont par nature un caractère temporaire, voire éphémère. On cherche à renouer avec la conscience de la durée et de l’écoulement du temps.

L’évolution des travaux « in situ », leur modification sous l’action des éléments naturels, leur lente disparition, font partie intégrante de l’oeuvre. Celle-ci s’accomplit dans la durée et finit par être rendue à son environnement. Ce caractère éphémère rejoint le principe écologique évoqué dans une telle démarche.

Face à cette tendance écologique de l’éphémère appliquée au Land Art par les Européens, on retrouve les protagonistes américains qui ont soulevé de nombreuses controverses dont beaucoup

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