Le langage élève-t-il l'homme au-dessus des autres vivants?

Sujet n°1: Le langage élève-t-il l’homme au-dessus des autres vivants?

“C’est le langage qui crée l’homme” a affirmé Jean D’Ormesson. Ce dernier explique ici que le langage aurait créé ce qu’est l’homme aujourd’hui, mais quelles en ont été les conséquences pour tout ce qui entoure l’homme? On peut donc revenir à notre sujet en se demandant si le langage élève l’homme au-dessus des autres vivants. Le langage est une capacité observée chez tous les hommes, d'exprimer leur pensée et de communiquer au moyen d'un système de signes vocaux et éventuellement graphiques (la langue). Ce sujet amène beaucoup de questions sur les différences entre l’homme et les autres êtres vivants: Est-ce que l’homme est donc le seul être vivant à avoir un langage? Le langage est-il seulement défini par des signes vocaux? Qu’est-ce qui diffère entre les façons de communiquer des hommes et des animaux? Quelles conséquences ont ces différences? Les humains et les animaux n’ont-ils pas en fait une façon de communiquer similaire mais plus ou moins développée? Quel est le but du langage? Qu’entend-t-on vraiment par “élever”? Afin de répondre à ces questions, nous commencerons par analyser la présence bien réelle de langage chez les animaux, sa richesse et ce qu’il leur permet de réaliser certaines choses que l’homme. En second lieu nous parlerons de la dimension du langage seulement propre à l’homme qui lui a permis d’accomplir des choses que les autres êtres vivants ne peuvent pas reproduire. Puis nous finirons par étudier en quoi le langage utilisé par chaque espèce est finalement semblable et finit par accomplir toujours le but recherché, ainsi que ce que l’on entend vraiment par la notion de “s’élever” au-dessus des autres êtres vivants.

Le langage, contrairement à ce que l’on pense en premier lieu, n’est pas seulement réservé à l’espèce humaine, on ne peut donc pas vraiment s’accorder à dire qu’il s’élève par ce moyen puisque il n’est pas le seul à le pratiquer.

En effet, si l’on prend le sens large du langage, cela désigne tout moyen d’expression et de communication, quelle que soit la nature des signes utilisés, à l’inverse du sens strict. Ainsi, le langage n’est pas propre à l’homme, les animaux utilisent eux aussi leur propre langage selon leurs propres règles. On ne peut donc pas dire que le langage élève l’homme au-dessus des autres êtres vivants puisqu’il n’est pas le seul à avoir un langage. Les êtres vivants ont alors eux aussi leurs propres signes à eux qui leur permettent de communiquer, tout comme les hommes ont les leurs, ils ne sont pas supérieurs sur ce point là.

De plus, on peut ajouter que même d’après le sens strict du mot, qui est contradictoire à l’idée que tous les êtres vivants ont un langage, on peut admettre que les “signes verbaux” désignés dans cette définition sont en fait l’équivalent des cris ou de la gestuelle des animaux. La seule différence est leur complexité et leur nature entre chaque espèce. On peut par exemple parler ici du texte extrait de Essais écrit par Montaigne, “La communication n’est pas le propre de l’homme”. Il cite dans cet extrait de chaque signe que l’homme transmet par un autre moyen que la voix et les mots, par exemple avec les mains, de la tête, des sourcils, des épaules… Il veut expliquer qu’un langage n’est pas forcément des mots mais c’est n’importe quel moyen de transmettre quelque chose, et les animaux le font bien aussi sans mots certes, mais tout comme les humains avec leur gestuelle. L’homme aurait une vision très anthropocentrique si il croyait qu’il est le seul à avoir un langage. On peut aussi ajouter que nous avons aujourd’hui accès à beaucoup de technologies et chaque nouvelle recherche nous prouve bien que la communication entre les animaux est elle aussi très complexe et riche. De nombreuses personnes ont étudié le langage animal et se sont aperçues à quel point il était aussi très organisé et détaillé.

Il y a pour finir une chose que les animaux possèdent grâce à leur langage que l’homme ne possède pas: la compréhension universelle. En effet, pour l’homme, le langage lui permet de se faire comprendre par ses congénères, de transmettre des récits à travers le temps, de discuter à distance via des lettres etc… mais c’est aussi un obstacle dans le sens où seuls les gens qui parlent notre langue nous comprennent (alors que les animaux ont un langage certes corporel ou sonore mais qui se comprend dans l’ensemble d’une espèce).

Toutefois, on doit admettre que le langage humain possède sa propre dimension inaccessible aux animaux et qui lui a offert plus d’opportunités.

L’homme a été capable de développer sa propre façon de communiquer qui mêle pensées et mots afin de s’exprimer, ce que les animaux n’ont encore jamais reproduit.

Pour commencer, si l’on se réfère au sens strict du langage ( faculté d’exprimer et de communiquer sa pensée au moyen d’un système de signes verbaux qui peuvent être vocaux ou graphiques), on sait que seul l’homme en est complètement capable. Il est la seule espèce à avoir inventé ses propres règles syntaxiques.

D’autre part, le langage reste un phénomène humain car les langues humaines viennent tout droit de l’imagination de l’homme, ce n’est pas seulement un instinct avec lequel on naît et qui est tout naturel, il requiert de l’apprentissage et des années de pratique pour le maîtriser correctement . On peut citer ici Rousseau dans son Essai sur l’origine des langues : “ Quoiqu’il en soit, par cela même que les unes et les autres de ces langues sont naturelles, elles ne sont pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant : ils les ont tous et partout la même. Ils n’en changent point, ils n’y font point de progrès. La langue de convention n’appartient qu’à l’homme. Voilà pourquoi l’homme fait des progrès, soit en bien, soit en mal, et pourquoi les animaux n’en font point.” Rousseau explique bien ici que seul l’homme va être capable de s’améliorer et de faire des changements sur sa langue alors que les animaux ne le peuvent pas .

De plus, il y a une chose que seule l’homme est capable de faire et non les autres êtres vivants, c’est de n’avoir parfois aucun lien entre le signifiant (mot par exemple) et le signifié (ce qu’on désigne ou pense). L’homme a dû inventer ses propres signes pour chaque chose qui l’entoure, et en cela, cela le rend supérieur aux autres vivants, cela facilite la communication et l’expression. Il a aussi dû inventer ses propres morphèmes et phonèmes, et pas beaucoup, seulement 30 environs, afin d’avoir un moyen de communication illimité, l’homme peut tout désigner ou exprimer, contrairement aux animaux qui connaissent des limites. Cette idée rejoint l’opinion de Ferdinand de Saussure dans son œuvre Cours de Linguistique générale.

Enfin, la capacité de pensée et de posséder le “Je” qui est un mot du langage humain élève l’homme au-dessus de tous les autres êtres vivants d’après Kant dans l’Anthropologie du point de vue pragmatique. En effet, il rejoint ici les opinions de Descartes et Montaigne qui pensent que l’homme est capable de penser ce qu’il dit, alors que les animaux ne le peuvent point. Les animaux, eux, ne réagiraient donc qu’à des signaux comme l’explique Emile Benvéniste dans Problèmes de linguistique générale, alors que l’homme décide de lui même ce qu’il veut dire,

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