Philosophie

en réalité être plus riche que l'autre. En ce sens, l'égoïsme n'est qu'un amour relatif pour soi : un amour qui dépendrait de la reconnaissance de l'importance des autres.

En effet, cet égoïsme n'est que l'amour d'une partie de soi, l'amour du luxe, de l'honneur et des plaisirs qui est toujours un amour pour quelque chose qui est extérieur à nous, et qui forcement nous procure de la souffrance qu'en on en ait privé. De plus, l'égoïsme vulgaire porte sur des biens convoités par d'autres. Par exemple, un objet désiré par une majorité sera alors plus désirable. Il en est de même avec les attirances amoureuses, il suffit qu'un être soit désiré par plusieurs personnes pour que la personne en question devienne plus convoitée. Cependant, comme le dit Aristote, cet égoïsme consiste à provoquer un nombre de disputes considérables (« ceux qu'on se dispute le plus » l.4), ceci étant causé par les convoitises dues aux passions toujours plus importantes de ce type d'égoïste.L'auteur rajoute une caractéristique à cet égoïsme, le qualifiant de « vile ». Il s'autorise à penser que ce n'est pas un égoïsme bon, ni vertueux même si c'est l'égoïsme le plus répandu (« égoïsme de masse » l.7). Cependant, « l'exès du désir est la perversité. » disait Aristote dans cette même oeuvre. C'est alors, qu'il dressera le tableau de l'éloge de l'égoïsme vertueux.

Aristote marque un opposition directe avec la première sorte d'égoïsme avec les termes « d'autre part » de la ligne 9. L'individu de ce type est dépeint comme juste (« justice » l.10), tempéré (« tempérance » l.11) et vertueux (« vertu » l.11), ceci reflette donc un autre aspect de l'individu égoïste puisque initialement c'est une bonne personne. Celui-ci recherchera tout ce qu'il y a de mieux pour lui-même, -non pas des richesses matérielles- mais plutôt des actes qui le rendront meilleur en soi-même, mais aussi par la même occasion fera profiter de sa bonté aux autres. Un égoïste comme celui-ci sera sous l'autorité d'un Souverain Bien (summum bonum) qui lui permettra de poursuivre sa vie en écartant les biens subalternes, tels que le pouvoir, ou les richesses et en s'imprégnant du vrai Bien, afin d 'être en accord avec la raison qui gouverne la nature pour atteindre le bonheur. Cette mentalité, acquise par l'intellect, la raison, incite l'homme à s'aimer lui-même. C'est ainsi, qu'en arrivant à atteindre « les biens suprêmes » (l.14), il pourra alors aimer les autres, et compatir dans ses peines car il sera en paix avec son moi, et par conséquent avec les autres également.

L'égoïsme, aussi appelé amour-propre avant 1762, possède bien deux significations. Une première, maintenue dans l'esprit du peuple par les chrétiens orthodoxes pendant de nombreux siècles pour accentuer la haine entre les hommes, mais aussi accentuer la haine des hommes eux-mêmes. C'est ainsi que « Sainte haine de soi-même » de Louis de GRENADE aura été réédité 476 fois à l'apogée du christianisme. Et une deuxième forme attribuée aux individus vertueux dont leur bonté intérieure acquise par leur recherche « des biens les plus suprêmes » est telle qu'elle profite aux autres.

Mais malgré une déchristianisation et un désenchantement