Phèdre est coupable de son amour pour Hippolyte ou innocente subissant seulement son hérédité ?

        Au XVIIème siècle, apparait un grand mouvement littéraire : le Classicisme. Jean RACINE appartient à ce mouvement comme Molière, Corneille, La Bruyère. Avec Phèdre, Racine remet à jour la tragédie au théâtre. Racine y raconte une passion amoureuse destructrice. Phèdre est une tragédie en cinq actes et en vers créée le 1er janvier 1677 à Paris sous le titre Phèdre et Hippolyte. Elle est renommée Phèdre qu’à partir de l’édition de 1687, soit dix ans plus tard. Phèdre, seconde femme de Thésée, roi d’Athènes, éprouve un amour delictuelle pour Hippolyte, le fils de son époux ;ce secret est découvert pas Oenone, sa servante. Dans l’Acte II, scène V, c’est Phèdre elle-même qui vient annoncer que Thésée est mort à Hippolyte ; dans cette conversation, sa tête s’égare et elle lui avoues ses sentiments. C’est une scène particulièrement importante car elle marque un tournant dans le récit tragique : elle va entrainer la mort des deux personnages principaux : Phèdre et Hyppolite. Ce dernier la repousse et Phèdre, humiliée, jure de se venger de cet outrage. Tout à coup des rumeurs se répandent que Thésée n’est pas mort ; il arrive même et Hippolyte l’accompagne. Que va faire la reine déshonorée aux yeux de son époux ? Elle fuit la vue de celui qu’elle redoute. Pour sauver la vie de sa maîtresse, Oenone ne trouve pas d’autre moyen que d’accuser Hippolyte. Thésée l’abat de malédictions, le chasse loin de la ville et prie même Neptune de punir le coupable jeune homme. Celui-ci se tait et s’éloigne. Peu après, Théramène, se précipite pour annoncer la mort d’Hippolyte. Neptune a fait sortir de l’intérieur de la mer un monstre inquiétant ; le jeune homme est mort de ses blessures en protestant son innocence. En entendant ces nouvelles, Phèdre, remplit de remords, vient aussitôt tout dévoiler à Thésée ; mais elle s’est déjà fait justice elle-même : elle s’empoisonne aux pieds de son époux. Bien souvent, les tragédies poussent à s’interroger sur la culpabilité ou l’innocence d’un personnage. Racine dit que Phèdre « n'est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente ». Il est donc nécessaire de se demander si Phèdre est coupable de son amour pour Hippolyte ou innocente subissant seulement son hérédité.  Pour s’illustrer un point de vu nous montrerons dans un premier temps que Phèdre est coupable et dans un second temps qu’elle affirme aussi un caractère innocent.

        Tout d’abord, Jean Racine essaye de mettre en avant un portrait jaloux et désespéré de Phèdre. En effet, la jalousie de Phèdre fait surface seulement à l’acte 4 scène 6 : "douleur non encore éprouvée !", "À quel nouveau tourment je me suis réservée !". Phèdre vit dans une situation difficile car elle voit celui qu’elle aime aimer une autre. De sa jalousie, Phèdre envie la relation qu’entretiennent Hippolyte et Aricie. Dans la scène 2 acte 3, Phèdre invoque la déesse de l’amour, Vénus, pour tenter de se venger d’Hippolyte et de sa différence sentimentale. Or, au retour de Thésée, les comptes devaient être rendus. A la scène 1 de l'acte IV, Oenone ment à Thésée pour sauver la vie de sa maitresse en disant qu’Hippolyte à tenter d’abuser de Phèdre. Cette dernière est totalement d’accord pour mentir à son mari et d’accuser le jeune homme innocent. Voilà encore un crime. Ce mensonge va inciter Thésée à bannir son fils de la ville et le laisser périr en mer, attaqué par un monstre marin à l’acte 5. Nous pouvons nous demander également si son amour envers Hippolyte est vrai car elle accepte de d’accuser à tords le jeune homme. Phèdre est également l’unique cause des péripéties de l’intrigue : elle tente de briser l’amour entre Hippolyte et Aricie et ment à Thésée ce qui entrainera la mort d’Hippolyte. Nous pouvons avancer plus loin et dire ainsi que Phèdre commet trois transgressions : premièrement elle est amoureuse de son beau-fils ce qui rend sa passion pour Hippolyte incestueuse, deuxièmement elle est amoureuse d’un homme plus jeune qu’elle (ce qui été interdit à cet époque) et troisièmement elle déclare son amour directement à celui qu’elle désire or cette action était interdite au 17eme siècle. Enfin, si Phèdre n’était pas coupable elle ne se serait pas suicidé à la fin de la pièce.

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