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Politiques Monétaires Depuis1945

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idérées comme temporaires et permettre d'obtenir des résultats rapides. Celles-ci doivent compléter l'action, assez limitée, de ce qu'on appelle des stabilisateurs automatiques, mais qui, en fait, sont liés au fonctionnement de certaines institutions, comme, par exemple, la fiscalité ou

1.

L

Autrement dit, et pour simplifier : l'Amérique du Nord, l'Europe occidentale et le Japon.

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Philippe Guillot

la protection sociale. On distingue généralement les politiques budgétaires qui, comme leur nom l'indique, privilégient l'action par les recettes et les dépenses de l'État, des politiques monétaires. Pendant ce que Jean Fourastié a appelé les « trente glorieuses », c'est-àdire, pour l'essentiel, les années 1950 et 1960, ce sont les politiques budgétaires, qui ont prévalu. Après avoir financé la reconstruction, il s'agissait, pour l'État, de soutenir la modernisation de l'appareil de production et d'assurer une croissance forte permettant au plus grand nombre d'atteindre un niveau de vie élevé. La crise qui éclate à la suite du premier choc pétrolier remet en cause le bien-fondé de ces politiques budgétaires, et marque le retour au premier plan des politiques monétaires qui, comme leur qualificatif l'indique, privilégient les outils liés à la monnaie et à la distribution du crédit. Ce retour est largement lié au retour en grâce des théories néo-libérales. Celles-ci, en effet, contestent l'efficacité des politiques induites par la théorie keynésienne auxquelles elles attribuent volontiers les difficultés rencontrées depuis le début des années 1970 par les grandes puissances industrielles. C'est, notamment, le cas du courant monétariste organisé autour de "l'école de Chicago" et de son chef de file, Milton Friedman. Ajoutons que, dans l'ensemble des sociétés modernes, il y a un large accord pour refuser de soumettre la masse monétaire à des facteurs extérieurs comme, par exemple, la découverte de métaux précieux. Il y a d'autres raisons au regain d'intérêt pour la politique monétaire, et d'abord des raisons politiques. En effet, elle laisse aux gouvernants une grande liberté d'action du fait que, d'une part, ils n'ont pas à s'expliquer, en ce domaine, devant le Parlement, contrairement à ce qui se passe pour la politique budgétaire, ni devant les syndicats, et que, d'autre part, la politique monétaire ne concerne pas directement telle ou telle catégorie de population et n'est donc pas à même de soulever beaucoup d'émotion, donc d'éventuelles manifestations de mécontentement. Il y a, enfin, des raisons simplement empiriques : les statistiques ont mis en évidence, depuis le début des années 1970, une certaine corrélation entre l'évolution des liquidités et l'évolution du produit national. Il est difficile, pour les gouvernements, de ne pas en tenir compte. Que ce soient les monétaristes qui aient réhabilité l'influence de la monnaie sur l'activité économique ne veut pas dire, pour autant, que les autres courants théoriques n'aient pas proposé, en fonction de leur vision de la place et du rôle de la monnaie, leurs propres mesures de politique monétaire. C'est

Les politiques monétaires depuis 1945 et leurs fondements théoriques

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ce que nous verrons dans la deuxième partie, non sans avoir examiné au préalable, dans la première partie, les instruments que peut utiliser une politique monétaire. Enfin, dans la dernière partie, nous analyserons les politiques monétaires mises en place depuis la deuxième guerre mondiale, notamment en France, en insistant plus particulièrement sur les vingt dernières années.

I. La politique monétaire, objectifs et instruments

A. Les objectifs de la politique monétaire

Ces objectifs sont d'abord les mêmes que ceux des autres politiques économiques que l'on peut mettre en œuvre, à savoir promouvoir l'expansion, le plein emploi, la stabilité des prix ou l'équilibre des paiements extérieurs. Bref, il s'agit toujours de réaliser le célèbre « carré magique » de Nicholas Kaldor. Néanmoins, est-il affirmé dans une brochure de présentation de la Banque de France,

« au sein de la politique économique d'ensemble, la politique monétaire vise essentiellement la stabilité des prix. Cet objectif final est commun à toutes les banques centrales puisque l'inflation diminue le pouvoir d'achat de la monnaie qu'elles émettent et dont elles ont vocation à préserver l'usage » 2.

Quant aux responsabilités de la politique monétaire, elles sont, comme les autres politiques économiques, assumées par le pouvoir politique, même si, du point de vue des institutions, les autorités monétaires peuvent, dans certains cas, bénéficier d'une certaine autonomie. C'est ainsi que, en France, en plus d'une certaine séparation des compétences respectives du ministère de l'Économie et des Finances, d'une part, et de la Banque de France, d'autre part, la politique monétaire est, depuis 1993, sous la responsabilité d'un Conseil de politique monétaire constitué de personnalités diverses plus ou moins indépendantes du pouvoir politique. En Allemagne, il y a longtemps que la Bundesbank assume le responsabilité de la politique monétaire. De même, le président du Federal reserve system américain, désigné pour cinq ans, bénéficie d'une relative indépendance. À ces objectifs communs avec les autres politiques, s'ajoutent tout de même, pour la politique monétaire, des objectifs particuliers. En gros, on peut distinguer deux catégories d'objectifs : des objectifs intermédiaires, qu'on appelle parfois « variables-cibles » et qui consistent à

2.

La Banque de France, page 16.

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Philippe Guillot

contrôler, justement, certaines variables, par exemple, le rythme d'évolution de la masse monétaire, l'évolution des taux d'intérêt ou le niveau des taux de change, dont la maîtrise conditionne la réalisation de la deuxième catégorie d'objectifs, à savoir les objectifs finals, ou ultimes. Ces derniers peuvent être, par exemple, l'approvisionnement optimal de l'économie en monnaie ou le maintien de la valeur interne et externe de la monnaie. Il y a deux grandes catégories d'objectifs intermédiaires : des objectifs quantitatifs et des objectifs de coûts. C'est ce que nous allons détailler maintenant. 1. Les objectifs quantitatifs Ils consistent, tout d'abord, à rechercher un certain taux de croissance des agrégats monétaires. Cela concerne plus particulièrement : - la masse monétaire proprement dite, variable-cible qui, bien que de moins en moins fiable, est, encore aujourd'hui, privilégiée par les politiques monétaires ; - la quantité de monnaie « banque centrale », ou base monétaire, d'ailleurs peu utilisée ; - le crédit intérieur, voire le crédit global, ce dernier n'étant utilisé, en fait, que par les pays qui n'ont pas d'agrégats monétaires significatifs. Concernant cette première catégorie d'objectifs, la question se pose d'une définition pertinente et non équivoque de la monnaie. Ainsi, on peut définir la base monétaire comme étant l'ensemble des engagements monétaires de la banque centrale envers le public (principalement la monnaie fiduciaire) et les banques, M1 étant le stock monétaire au sens strict, constitué de l'ensemble des pièces, billets et soldes créditeurs des comptes à vue. Quant aux agrégats plus larges, comme M2, M3 et M4, en France, ils englobent la « quasimonnaie » qui n'est pas directement utilisable puisqu'il s'agit de placements qu'il faut transformer en monnaie proprement dite. Quoi qu'il en soit, les agrégats monétaires ne doivent retenir que des actifs qu'on peut qualifier de monétaires parce qu'ils servent simplement de réserve de paiement. Ils doivent exclure ceux qu'on peut qualifier de financiers parce qu'ils montrent, de la part de leurs détenteurs, une volonté d'épargne durable. Le problème est que les nombreuses innovations financières des dernières années ont rendu la frontière entre les actifs monétaires et financiers plutôt floue, ce qui a nécessité une rénovation régulière des principaux indicateurs monétaires. Ces innovations particulièrement rapides sont liées à la fois à un contexte d'inflation et de taux d'intérêt élevés et instables et aux évolutions technologiques du système financier. Elles ont souvent aussi été introduites

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par des institutions financières soucieuses de garder, voire d'accroître, leurs parts de marché dans la collecte des ressources en contournant les réglementations. Pour simplifier, on peut dire que le système monétaire, dans les grands pays industriels, a subi une triple évolution

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