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Suis-je libre si je suis contraint ?

Fiche : Suis-je libre si je suis contraint ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  8 Février 2024  •  Fiche  •  2 471 Mots (10 Pages)  •  64 Vues

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Liberté
Cours

Suis-je libre si je suis contraint ?

Accroche : Konrad Lorenz, les déclencheurs innés et universels.

Introduction :

La contrainte est ce qui se présente à l’individu et auquel il doit répondre impérativement. Il serait alors évident de dire que s’il est contraint, l’individu ne peut plus prendre de décision libre. Pourtant, il semblerait que l’on peut quand même parler de liberté si ce n’est au moins de degrés de liberté. La contrainte, bien qu’elle soit un frein à la liberté, n’en est pas pour autant sa négation. La contrainte peut tout au contraire être la condition même de la liberté qui ne pourrait pas exister sans limitation. La contrainte doit être tout d’abord rendue consciente puis acceptée. Parfois même, elle est mise de façon autonome par l’être humain qui comprend que sa liberté naturelle est mise en danger par l’absence totale de règles. Ainsi, comme le dit Kant dans la préface de la Critique de la raison pure, la liberté est semblable à une colombe « La colombe légère qui, dans son libre vol, fend l’air dont elle sent la résistance, pourrait s’imaginer qu’elle volerait bien mieux encore dans le vide. ».

Ainsi décrite par un raisonnement absurde, la colombe s’imagine voler mieux sans résistance mais le problème c’est que dans le vide, elle ne volerait pas du tout, son vol serait inutile voire même impossible.

La contrainte est-elle une négation de ma liberté ou me permet-elle d’exprimer cette liberté ?

  1. L’homme n’est pas aussi libre qu’il ne le pense (son corps, ses passions, ses rapports sociaux et politiques l’enchaînent et le contraignent)

En supposant que la liberté c’est de faire ce que l’on veut quand on le désire, c’est confondre la volonté libre de choisir de façon consciente grâce à notre raison et notre analyse et le « je veux » du désir. Souvent, les choix humains sont eux-mêmes déterminés par d’autres facteurs que la volonté libre, à savoir nos passions ou les différents déterminismes sociaux et physiques.  

  1. Être esclave de son corps

La liberté peut être considérée dans son rapport avec le corps : c’est une liberté de mouvement d’abord. L’homme est différent des plantes ou des choses du monde, il peut se mouvoir dans l’espace. Peut-être qu’une des choses les plus difficiles pour un prisonnier c’est qu’il perd avant tout sa liberté de mouvement. On pourrait alors se demander ce qui se passerait si un individu perd ses capacités physiques (s’il devient handicapé, aveugle etc.). Il semblerait que l’individu soit avant tout entièrement obnubilé par cette liberté qu’il vient de perdre et ses capacités physiques qui ont diminuées. Sa pensée devient elle-même enchaînée par ces idées.

À une échelle plus universelle, n’est-ce pas le cas lorsque le corps réclame la satisfaction de ses besoins ? La pensée est-elle encore libre quand l’individu a faim, froid ou sommeil ?

Pour Platon dans Le Gorgias, « le corps est le tombeau de l’âme ». Ce qu’il entend par cette phrase c’est que l’âme ne peut pas atteindre la vérité, elle ne peut pas être libre temps qu’elle est enfermée dans le corps. Le corps est sujet à la corruption, aux besoins et aux passions. Toutes ces choses distraient l’âme de sa quête de la vérité. Il faut dès lors se détacher des choses sensibles, se concentrer sur sa raison pour pouvoir être libre et sage.

  1. La classe sociale déterminante

Le corps n’est pas la seule chose matérielle et sensible qui enchaîne et emprisonne l’homme. Le travail peut aussi être une forme de contrainte lorsqu’il est effectué par les ouvriers. Les ouvriers sont exploités par les bourgeois. Mais la contrainte n’est pas seulement matérielle, elle devient aussi spirituelle avec une reproduction des schémas de domination dans la société.

Les bourgeois et les ouvriers sont déterminés par leur catégorie sociale elle-même dépendante de ce que Marx appelle l’infrastructure.

L’infrastructure c’est tous les moyens de production et le capital humain répartis dans la société. Les bourgeois détiennent les machines et les outils et décident de leur besoin en capital humain. Il y a donc de prime abord une mainmise de la bourgeoisie suite à son moyen de production. Si la bourgeoisie décide, c’est elle qui va prendre la plus grande partie du gain et avec l’argent, elle pourra détenir les médias, les universités, les partis politiques, les personnes savantes qui vont produire du savoir et des idées dans la société (c’est la superstructure). Ces idées sont issues directement de la bourgeoisie et vont guider et influencer bourgeois et prolétaires de sorte à toujours permettre à la bourgeoisie de garder le pouvoir.

Un individu ouvrier n’est donc pas libre. Il est enchaîné à son travail qu’il ne peut pas quitter et il est entraîné à rester dans sa catégorie sociale par les idées véhiculées par la bourgeoisie.

  1. Le déterminisme naturel.

Le déterminisme est l’idée selon laquelle la nature est régie par des lois selon lesquelles les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le déterminisme à proprement parler comme lois physiques qui régissent l’univers est apparu au XVIIème siècle avec l’avancée de la physique. Lorsque l’on va à l’encontre de ce déterminisme, nous ne pouvons pas avancer ou nous accomplir. Nous dépensons notre énergie dans le vide. Il suffit d’imaginer un enfant qui essaye par tous les moyens corporels de voler. Il aura beau agiter ses bras, il ne pourra pas s’envoler. Il en est de même pour les comportements humains décrits plus haut : ils sont déterminés et nous n’y pouvons rien.

C’est dans ce sens que Spinoza dira que l’homme ignore les causes des actions qui le déterminent et c’est pourquoi il se sent libre. Le libre-arbitre est donc une illusion. Le libre-arbitre est la capacité à pouvoir discerner, choisir entre deux possibilités sans contraintes extérieures. Si l’homme est déterminé à faire tel ou tel chose c’est qu’il ne peut pas user d’un libre-arbitre. La liberté chez Spinoza n’est pas la capacité à choisir mais plutôt à respecter l’ordre des choses et à agir en conformité avec son essence, son conatus.

  1. La contrainte n’empêche pas toute forme de liberté

Ce n’est pas parce que l’homme est contraint ou déterminé qu’il n’a pas de liberté. La liberté est bien ce qui le distingue de l’animal mais contrairement à une liberté absolue théorique, la liberté s’inscrit dans les règles qui cherchent à la préserver.

  1. Il n’y a pas de liberté absolue

(Texte 2 de Merleau-Ponty)

L’homme pense souvent avoir une liberté immédiate et absolue, cette liberté s’exprimerait par le fait d’avoir une conscience immédiate des choses et donc de pouvoir choisir entre deux options de façon rationnelle et volontaire. Or l’homme n’est pas qu’une « conscience pensante » comme pourrait le penser Descartes. Il n’existe pas indépendamment du monde dans lequel il est né et il évolue. Le monde n’est pas qu’une idée flottante avec des concepts absolus a titre exemple la liberté pour les Idéalistes ou uniquement matière qui nous contraint (doctrine matérialiste). L’homme est bien un être-au-monde avec un corps et une conscience. Son expérience n’est pas théorique et spirituelle mais elle est en permanence affectée par le monde sensibles et les implications de ce monde. Ainsi, ses décisions ne sont pas suspendues dans le vide mais elles sont reliées à une situation qui l’a menée où il est. Le choix n’est pas purement libre mais il n’est pas purement conditionné non plus parce qu’après tout, il reste contingent. D’ailleurs, le monde prend un aspect différent selon les choix de l’homme, qui le modifie, transforme le monde à sa façon autant que le monde modifie l’homme. Sinon ne pourrions-nous pas supposer que nous serions tous pareils ? Merleau-Ponty, philosophe phénoménologue, considère que tout individu existe et fait l’expérience singulière et subjective du monde. Les phénomènes (les situations, choses etc.) dont il fait l’expérience ne peuvent être décrits qu’à travers cette expérience subjective. Il est donc inconcevable de vouloir séparer l’expérience spirituelle de celle matérielle.

  1. La conscience morale nous rappelle notre liberté

Sous l’effet de la contrainte, l’homme suppose premièrement qu’il n’a pas le choix. Son instinct le pousse à prendre une décision en faveur de sa survie. Dans le dilemme énoncé dans La critique de la raison pratique, Kant en 1784 introduit la question de la morale et de son implication dans les preuves de notre liberté. Si la liberté semble être un concept flou, elle devient clair quand l’homme est face à une situation contraignante. En effet, le dilemme de Kant est le suivant : Un prince ordonne à un homme de dénoncer un homme honnête (donc de mentir) au risque de mourir s’il ne le fait pas. L’homme se retrouve face à deux options. Il peut soit mentir et rester en vie soit dire la vérité et mourir.

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