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Tourisme Et Insularité Dans Le Monde

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résente un ailleurs et un espace hors du temps, immuable, à la fois par les continentaux et les iliens. Cela est du aux spécificités meme de l’ile. L’ile est perçu comme un espace entre ciel et terre, et la mer qui la ceint lui confère à la fois une aura de mystère et une impression d’isolement. Cet isolement peut être qualifié de subjectif dans la mesure ou il est appliqué à la fois à des iles ultramarines et des iles côtières, et ne semble valable que dans une logique purement géographique. L’ile d’Ouessant par exemple, en Bretagne, n’est située qu’à une vingtaine de kilomètres des cotes du Finistère et est desservi par deux liaisons maritimes assuré par les compagnies Penn Ar Bed et Finist’mer, par une liaison aérienne permise par Finist’air et une liaison au moyens de « taxis zodiac ». Son isolement est subjectif et réside avant tout dans un certain imaginaire de l’ile, entretenu par les acteurs locaux, et notamment dans une logique touristique. En outre, la finitude et l’exigüité de l’ile en font pour les continentaux un territoire délimité, que l’on peut aisément cerner ; on peut ici penser à la tendance qu’ont les touristes à vouloir faire le tour d’une ile qu’ils visitent. Pour les vacanciers, cette « totalité » de l’ile s’offre en contrepoint à une vie « continentale » qu’ils perçoivent comme effrénée, difficile à contrôler. Le tourisme se nourrit et est permis par ses représentations particulières ; il nait en misant sur la vision de l’ile comme paradis perdu, lieu à la fois différent, isolé et situé dans un « hors temps » propice à la tranquillité. On peut le voir avec les nombreux slogans publicitaires qui orientent et alimentent une représentation de l’ile comme lieu mythique, par exemple celui pour une ile de Nouvelle Calédonie ; « Ouvéa, une ile proche du paradis. » Le tourisme nait par le biais d’une exploitation de l’imaginaire continental quelque peu paradoxal, dans la mesure ou il n’est pas objectivement fondé et l’est encore moins au fur et à mesure que l’ile s’ouvre au tourisme et se dote d’un équipement touristique inévitablement doublé d’une urbanisation qui se détache de la vision de l’ile comme lieu préservé. De plus, le tourisme se met plus difficilement en place dans des espaces totalement vierges et isolés ; on peut le voir avec l’exemple de Wallis et Futuna qui peine à développer son secteur touristique en raison d’un faible équipement portuaire et hôtelier de base.

2) Territorialiser l’ile et dépasser ses contraintes apparentes.

Paradoxalement, si le tourisme est facilité par une certaine vision de l’ile, il reflète avant tout la volonté de dépasser voire de transformer des contraintes insulaires, perçues par les acteurs locaux comme un frein à la territorialisation et au développement économique de l’ile. L’ile comme espace exigu et limité, dispose de faibles ressources naturelles insuffisantes aux besoins locaux et peine à prospérer de façon autonome, sans dépendre des aides extérieures. Le tourisme apparait souvent comme une solution pour accéder à l’auto subsistance. On peut penser aux iles des Petites Antilles, qui par leur petitesse ne bénéficient que de ressources naturelles pauvres notamment en matière d’agriculture avec une monoculture de la banane et la canne à sucre. Leur nombre élevé accroit en outre une concurrence exacerbée sur le marché mondiale des exportations de ces produits. Par le tourisme, une ressource nouvelle est exploitée ; le paysage, la situation particulière de l’ile, qu’elle soit tropicale, ensoleillée, ou au contraire exposée au déchainement des éléments naturels. Il permet à l’ile de se territorialiser, en aménageant l’espace afin qu’il soit apte à recevoir des touristes ; on observe donc une multiplication des infrastructures de service, hospitalière, une meilleure desserte de l’ile en terme de transports. La mise en tourisme comporte de ce point de vue là des effets positifs, mais on voit à nouveau qu’elle éloigne l’ile d’un modèle préétabli et suggéré aux vacanciers. Elle permet aux populations locales d’échapper à une situation parfois précaire, notamment dans le cas d’une exigüité très prononcée en s’investissant de manière directe ou indirecte dans l’activité touristique. Et peut avoir ainsi un impact sur le déclin démographique. A Chypre par exemple, le tourisme représente dans les années 1990 plus de 25% du PNB et 30 000 emplois directs ou indirects., sans compter l’économie sous terraine et informelle. Néanmoins, il est nécessaire de faire remarquer que le tourisme est avant tout une inscription dans la mondialisation et que par ce biais, il ne profite pas seulement aux acteurs locaux , mais à tout un réseau d’acteurs.

II. La spécialisation touristique facteur de déséquilibres multiples et reflet de la complexité insulaire

1) La mondialisation ; échapper à l’isolement au risque de la dépendance.

La volonté première de territorialiser l’espace insulaire se confronte à la mise en réseau comme facteur de déséquilibres multiples, accentués par une amplification des phénomènes sociaux et économiques propres à l’ile. La mise en tourisme résulte rarement d’une intervention purement locale ;meme si elle est promue par la suite par les gouvernements locaux dans une recherche de durabilité, elle tient pour origine l’intervention d’acteurs étrangers –chaines hotelières, aériennes- qui enclenchent une dépendance à l’extérieur à laquelle souhaitait échapper les populations locales en premier lieu. Cette dépendance est double ; d’une part, le tourisme repose sur la demande des populations étrangères et est donc sensible au moindre changement en termes de représentation, et de « désir d’ile », d’autre part, il introduit des firmes multinationales qui rendent l’économie locale plus sensible à la conjoncture internationale. La dépendance est renforcée par le caractère cyclique de l’économie touristique, lui-même accentué en milieu insulaire, par un phénomène d’amplification du aux spécificités insulaires que sont la vulnérabilité et le manque de résilience. Le tourisme reflète et alimente par la dépendance ce phénomène d’amplification. On peut songer à l’archipel des Canaries, exemplaire en matière de cycles économique, chacune des iles ayant successivement bénéficié d’un rayonnement agricole, industriel et touristique, les unes aux dépens des autres. Les iles deviennent dépendantes des flux touristiques à la fois humains et financiers, notamment dans le cas d’une activité mono-touristique comme les Baléares. On peut établir une distinction entre ces iles mono-touristiques, fortement soumises à la demande extérieure en raison d’une spécialisation discrimante, et d’autres espaces insulaires qui tentent de promouvoir le tourisme à une échelle locale, et sans réduire au néant les autres secteurs de l’économie. Prenons le cas de l’ile Maurice qui a acquis dans la dernière décennie un niveau relativement élevé de développement sous la houlette d’acteurs mauriciens. On peut citer la création en 1967 de la compagnie aérienne nationale Air Mauritius qui a permis une plus grande diversification de la clientèle reposant auparavant exclusivement sur les populations britanniques et francaises ,ainsi que par l’interdiction des vols charters dans l’aéroport local. Outre une prestation touristique de haute qualité, permises en grande partie par des acteurs mauriciens –28 hotels appartenant à des groupes mauriciens en 2002 contre 17 appartenant à des groupes étrangers-, Maurice n’a pas pour mis de coté ses autres activités tertiaires et industrielles contrairement à des iles comme Majorque qui ont vu le déclin de secteurs traditionnels comme l’agriculture. Le tourisme a permis à l’ile Maurice d’acquérir une certaine centralité dont ne bénéficient pas toujours des iles dépendantes de l’extérieur qui s’inscrivent fortement dans une logique de centre-périphérie, renforcées par le tourisme. C’est le cas par exemple de la Réunion dont la dépendance à la métropole est illustré par le transport aérien ; en 2010, 54% des passagers (arrivées et départs) de l’aéroport Roland Garros venaient ou allaient en France. On voit ici que le tourisme cristallise la difficulté de donner une définition claire de l’ile, face à la diversité et la complexité des situations insulaires, et qu’il peut éventuellement atténuer l’insularité par la centralité des territoires.

2) La spécialisation et la concurrence; frein ou levier de l’intégration régionale ?

Cette complexité s’accentue si l’on prend en compte l’impact ambivalent du tourisme sur l’intégration régionale des espaces insulaires. La diversité des situations insulaires est sur ce point particulièrement frappante. La spécialisation touristique, en particulier dans le cas d’une mono-activité, induit souvent une concurrence accrue, notamment dans des espaces qui concentrent un nombre important d’iles. Dans les Petites Antilles, le manque de ressource naturelles a conduit une majorité des iles à se tourner vers le tourisme, créant une situation de concurrence accrue et défavorable à une coopération et une intégration régionale, qui s’ajoute à une diversité géopolitique prée-existante. Par un renforcement, à l’échelle mondiale, de la logique centre-périphérie, le tourisme peut freiner l’intégration régionale qui permettrait pourtant de mieux règlementer

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