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Un Rêve d' Aloysius Bertrand - Commentaire

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ière.

- Paragraphe 3 : trois personnages présentés selon la structure : substantif + relative "un moine qui...", "une jeune-fille qui...", "et moi que...". Trois suppliciés. La phrase "et moi que" surprend car jusqu'ici la structure très ordonnée du poème et très descriptive (pas de sentiments exprimés) donnait une impression de détachement de la part du narrateur, l'expression "et moi que" rend ce poème soudainement plus personnel et surprend ainsi le lecteur.

Ce paragraphe montre une musicalité recherchée. Utilisation du mètre impair et élaboration de système complexe d’alternances :

un moine qui expirait / couché dans la cendre des agonisants

7 pieds 11 pieds

une jeune fille qui se débattait / pendue aux branches d’un chêne

11 pieds 7 pieds

et moi que le bourreau liait (synérèse sur "liait" = 1) / échevelé sur les rayons de la roue

7 pieds 11 pieds

L'ordonnance n'est plus la même dans les 2 paragraphes suivants :

Le quatrième paragraphe permet d'identifier les deux premiers suppliciés : Dom Augustin et Marguerite (Certainement celle de Faust (Goethe)), leur sort est évoqué au futur.

Le cinquième et dernier paragraphe se rapporte au narrateur, au rêveur. La conjonction "Mais" marque la rupture : son sort est différent.

Donc des actions qui se poursuivent d'un couplet à un autre selon un ordre qui relève plus de la construction intellectuelle que du rêve car un rêve a en général un aspect désordonné, sans structure.

Ainsi, la construction du texte d’Aloysius Bertrand évoque la poésie par plusieurs points :

- 5 paragraphes qui jouent le rôle de strophes

- Constructions de ces strophes

- emploi de tournures répétées qui rappelle la chanson médiévale.

- sonorités et musicalité du texte

Le poème est une œuvre d'art travaillée et non le compte rendu fidèle d'un rêve comme le refrain semble vouloir l'affirmer.

II. Un rêve

1. Un univers cauchemardesque

Pourtant Aloysius Bertrand exploite toutes les ressources du monde onirique.

Si les séquences se succèdent selon un ordre invariable, le narrateur passe de l'une à l'autre sans explication, rappelant ainsi le fonctionnement d'un rêve dans lequel on peut passer instantanément d'un endroit à un autre.

C'est l'évocation d'un monde inquiétant : la première phrase, avec sa tournure archaïque plonge le lecteur dans un espace sombre, celui du Moyen-âge (dans le reste du poème : abbaye, capes, les pénitents noirs (Inquisition), le supplice de la roue).

La présence de la lune semble maléfique : le passif ("lézardées par la lune") suggère que l'astre a une puissance maléfique permettant de créer des lézardes.

La forêt est également maléfique : les termes "percée" et "tortueux" sont descriptifs et symboliques : ils évoquent la souffrance ("tortueux" vient de "tordre"), évocation soutenue par les allitérations de dentales [t] ("sentiers tortueux").

Quant à la place, le participe présent "grouillant" offre l'image d'une foule impénétrable, sans visages puisque les hommes sont présentés par l'intermédiaire de la métonymie ("de capes et de chapeaux"). Le terme grouillant renvoie au monde animal plutôt qu'humain et évoque le dégoût.

Le deuxième paragraphe est placé sous le signe de la mort "glas funèbre", "pénitents noirs", de la douleur "sanglots", "cris", "supplice" et du sadisme "rires féroces". Les allitérations en [f] et [r] ("des rires féroces dont frissonnait chaque fleur") concourent à communiquer l'angoisse, d'autant que la deuxième scène évoque avec réalisme les soubresauts de la victime attachée ("frissonnait chaque feuille le long d’une ramée"). Les fleurs, d'ordinaire symboles de la beauté et de la femme chez les poètes, sont ici des témoins apeurés (elles frissonnent).

Les prières "bourdonnantes" sont plus sourdes, elles rappellent la confusion suggérée au paragraphe précédent par "grouillant".

C'est un monde où la barbarie se mêle à la mysticité : crémation et souffrance de l'agonie par pénitence, pendaison et crucifixion.

Les troisième paragraphe reflète également une atmosphère cauchemardesque, dans lequel le narrateur est condamné au supplice.

2. Le dénouement

Le quatrième paragraphe marque déjà un assouplissement du cauchemar.

Le narrateur semble alors ne plus subir : comme souvent dans les rêves, les épisodes n'arrivent pas à terme. Au moment décisif, le rêveur passe de la conscience passive à un état plus proche de l'état de veille, cependant il reste pris dans son rêve et invente un dénouement, introduisant dans ce monde sombre

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