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L'Hypersexualisation Est-Elle Un Cadre Favorable Au Passage à l'Acte Délinquant

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me acceptables par la société à un moment donné. Considérer la sexualité comme une construction sociale explique que les limites du sexuel évoluent et se modifient avec les contextes culturels, historiques et sociaux.[1]

Si, pendant plusieurs siècles, l’Eglise a exercé un contrôle moral sur les pratiques sexuelles faisant de la femme idéale celle qui ne couchait qu’avec son mari et de préférence uniquement dans le but de procréer, la révolution sexuelle engendrée par le mouvement hippie dans les années 1960 s’est chargée de libérer la sexualité de toute moralité. La sexualité a alors basculé de la sphère ultra-privée à la sphère publique, se libérant des normes strictes et répressives qui lui collaient à la peau pour devenir un élément à part entière du bien-être et de l’épanouissement personnel des Hommes.[2]

Mais, aujourd’hui, il semble que cette libéralisation sexuelle ne connaisse plus ses limites. La sexualité et la pornographie ont envahi toutes les sphères de la société et plus particulièrement celle des médias. Que ce soit à la télévision, dans la presse écrite ou sur Internet les allusions au sexe et à la pornographie sont omniprésentes au point que nombreux sont ceux qui parlent d’hypersexualisation de la société.

Ce travail d’approfondissement est donc une réflexion qui porte sur le phénomène d’hypersexualisation et ses dangers. Né outre-atlantique, ce concept présent dans toutes les sociétés de consommation vise particulièrement les adolescents. Nous nous focaliserons par conséquent sur les effets de l’hypersexualisation sur ce groupe de la population. Cela ne signifie pas que l’hypersexualisation épargne les adultes, au contraire. Mais en pleine quête identitaire, les adolescents sont à la recherche de modèles identificatoires et sont donc plus sensibles aux influences médiatiques.

Soulignons également qu’il nous était impossible d’analyser tous les domaines de la société touchés par l’hypersexualisation. La sphère médiatique étant en pleine expansion et considérée comme la principale source de socialisation sexuelle auprès des jeunes[3], nous avons décidé de ne retenir qu’elle et de la placer au centre de notre étude. De plus ne dit-on pas que les médias sont le reflet de la société ?

Dans un premier temps, nous définirons l’hypersexualisation. Pour mieux comprendre son influence sur les jeunes, nous aborderons brièvement les particularités de cette période charnière qu’est l’adolescence. Nous mettrons ensuite en avant les liens qui unissent l’hypersexualisation sociale au stéréotypisme d’une part et à la pornographie d’autre part. Enfin nous donnerons quelques exemples d’hypersexualisation tirés directement de la sphère médiatique.

Mais au-delà de la simple analyse de l’hypersexualisation, l’objectif de ce travail est de mieux comprendre quelles sont les conséquences réelles de ce phénomène sur les adolescents et dans quelle mesure ces conséquences peuvent aboutir à des actes de délinquance sexuelle. En effet, si en apparence l’hypersexualisation sociale et la délinquance sexuelle ne semblent rien avoir en commun, Pierrette Bouchard fait remarquer, très justement, dans une de ses interventions à la télévision québécoise que les deux phénomènes ont un dénominateur commun qui est l’expansion de la culture pornographique dans les sociétés occidentales.[4]

Dans la deuxième partie de cette analyse, nous nous attacherons dès lors à exposer les conséquences éventuelles de l’hypersexualisation et de ses composantes sur le développement psychique des jeunes d’une part et sur leur développement sexuel d’autre part. Nous constaterons rapidement que si hypersexualisation, stéréotypisme et pornographie ont des effets néfastes irréfutables sur les adolescents, ces effets doivent cependant être nuancés.

Enfin, on terminera par évoquer sommairement les solutions qui pourraient éventuellement atténuer les effets de l’hypersexualisation.

II. L’hypersexualisation de notre société

Depuis plusieurs années, le phénomène d’hypersexualisation prend de plus en plus de place dans notre société. Étudiée surtout au Canada, et plus particulièrement au Québec, l’hypersexualisation a été le sujet de divers ouvrages, études, conférences et colloques. Néanmoins, les chercheurs ont encore du mal à se mettre d’accord sur une définition unique du phénomène.

a. De quoi s’agit-il ?

L’hypersexualisation de la société qui porte aussi le nom de sexualisation de l’espace public est définie par Desharnais comme étant « une tendance lourde à réduire l’identité des individus à leur seule dimension sexuelle[5]». Le Bureau international Jeunesse de Bruxelles considère l’hypersexualisation comme « l’érotisation extrême du corps de la petite fille ou du petit garçon, des jeunes filles et jeunes gens, à des fins commerciales et médiatiques[6]». Enfin, le Conseil du Statut de la Femme voit l’hypersexualisation comme étant « l’omniprésence de la sexualité dans l’espace collectif qui est l’espace public[7]». La sexualité ne relève donc plus désormais de la sphère privée, mais devient un élément à part entière de la vie publique et donc des médias. Pour ce même Conseil, l’hypersexualisation se caractérise notamment par une obsession du corps, une sexualisation de la mode proposée aux adolescentes et une instrumentalisation sexuelle des jeunes filles.[8] Elle consiste à apporter un caractère sexualisé à un comportement ou un produit qui à la base n’appartient pas à la sphère sexuelle.

Cette dernière définition étant la plus complète et représentative de la réalité telle que nous la concevons, c’est elle qui sera retenue dans le cadre de ce travail.

Ajoutons également que l’hypersexualisation, si elle vise autant les filles que les garçons, se caractérise principalement par une utilisation du corps féminin auquel on associe des stéréotypes, souvent sexistes inspirés de la pornographie[9]. Cette préférence pour le corps des femmes trouve son explication dans la tradition occidentale. Depuis toujours, nos sociétés se sont basées sur un système patriarcal et ont établi à travers leurs coutumes, leurs lois, leurs mœurs des rapports inégaux entre les sexes. Et bien que depuis quelques dizaines d’années, les femmes sont considérées au même titre que les hommes sur le plan de la loi et de l’éducation, les nombreuses avancées en matière d’égalité des sexes n’ont pas réussi à abolir les différences hommes - femmes encrées dans les esprits.[10]

b. L’agir sexuel à l’adolescence

Le processus de socialisation permet aux individus d’intérioriser les normes de la société et de s’y inscrire en tant que personne à part entière. La sexualité étant une construction sociale, la socialisation sexuée est, quant à elle, « la socialisation identitaire en tant que garçon ou fille».[11] Le concept de soi, élément central de cette socialisation sexuée, est en perpétuelle évolution depuis la naissance. Il se confirme entre neuf et douze ans, continue de se développer au cours de l’adolescence et se stabilise à l’âge adulte.[12]

L’adolescence est donc une période cruciale dans le processus de socialisation sexuée. C’est à ce stade que les rapports sociaux de sexe prennent forme et que l’agir sexuel se développe. Mais l’adolescence est aussi un moment difficile au cours duquel s’entremêlent crise biologique, crise psychologique et crise sociale. Aux changements corporels sexués viennent s’ajouter le développement de la pensée logique et du raisonnement, la recherche identitaire, le renforcement des amitiés, le besoin d’appartenance et la nécessité de reconnaissance.[13]

Plus que tout autre moment dans la vie des hommes et des femmes, l’adolescence est une phase de questionnement identitaire. Cette quête d’identité amène les jeunes à rechercher des modèles identificatoires auxquels ils vont tenter à tout prix de ressembler. Ces repères, les adolescents les prendront essentiellement auprès de leurs pairs, de leurs idoles et dans les médias. Influençables et sans réelles capacités critiques, les adolescents adopteront sans résistance les comportements sexuels ou autres que la société, à travers les médias, fait passer pour valoriser et valorisant. Ces comportements, affirmations identitaires et revendications d’appartenance sociale, détermineront les adultes sexués qu’ils deviendront. Dans un tel contexte, de mauvaises sources identificatoires peuvent expliquer le développement de comportements déviants.[14]

c. Le stéréotypisme

L’hypersexualisation de la société se caractérise principalement par la propagation de stéréotypes à connotation sexuelle et en cela est directement liée au stéréotypisme.

En 1979, l’ONU adopte une convention portant sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. L’art.5 de cette convention stipule que les états membres sont tenus de prendre les mesures adéquates pour parvenir à « l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée d’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe ou d’un rôle stéréotypé des hommes et des femmes ».[15]

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