DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Islam Et Fm

Documents Gratuits : Islam Et Fm. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 12

olent des cours de religion. Châtiments corporels étaient alors permis, et même encouragés par le système, et nous recevions de violents coups de règles ou de rameaux d’olivier, trop régulièrement. Notre terreur était par exemple de faire tomber le livre saint… nous possédions alors un « succédané » du Coran, si j’ose dire, qui siégeait sur notre table d’écolier, et servait de référence à tous nos enseignements, qu’il s’agisse d’histoire ou de littérature. Nous avions alors 6 ou 7 ans, et il était fréquent qu’à la faveur d’un mouvement, l’un de nous fasse tomber son livre. Il savait alors qu’il avait commis le pire des crimes, et qu’il devrait endurer de multiples coups, par la main même de son maître de religion… Et c’est ainsi que trop de jeunes musulmans font connaissance avec l’Islam, lui associant à jamais les coups et la peur. Vous avez croisé ces images terrifiantes d’écoles coraniques, où des centaines d’enfants apprennent servilement à réciter le texte sacré par cœur, sans exercice complémentaire de réflexion et d’analyse, et bien sûr aucune permission d’esprit critique. On a du mal à concevoir que ces enfants, devenus adultes, deviennent des êtres libres, et a fortiori des franc-maçons.

Avec ce genre de souvenirs, difficile de devenir un être libre, qui sera capable de faire ses choix en toute conscience… et c’est précisément ce qui rend la conjugaison Islam-Franc-maçonnerie singulière : un franc-maçon doit être libre, et un musulman l’est trop peu souvent. En tant que musulmane, on m’a appris que Dieu me surveillait partout, et qu’il me punirait si, par exemple, je ne faisais pas le Ramadan. Ainsi, toute ma jeunesse, et jusqu’à il y a peu, j’ai jeuné consciencieusement 30 jours par an. Sans vraiment de conviction, mais avec une vague peur de déroger à une règle sacrée, et de me mettre hors-la-loi… J’ai également renoncé à manger du porc, j’ai prié –presque – 5 fois par jour, etc. Jusqu’à ce que je me retrouve en France, en plein travail d’intégration à l’âge adulte, et obligée d’exercer un retour sur ce que je croyais vrai, pour jeter le reste. Et si je reviens sur le ramadan, les souvenirs que j’en ai sont assez cocasses, et n’ont aucun rapport avec une pratique sincère de la religion. Dans le pays de mon enfance, l’Islam est religion d’état. Cela veut tout naturellement dire que si vous êtes né marocain, et à moins d’être de confession israélite, il n’est d’autre choix que celui d’être musulman – mais également d’en appliquer les principes, et le ramadan en est un des plus importants. 30 jours par an, les Marocains du Maroc sont donc obligés de jeuner, ou du moins de faire semblant, et beaucoup d’entre nous avons excellé à jeu… Nos mères, inquiètes pour notre santé, nous faisaient manger en cachette avant de nous envoyer à l’école, où nous devions ensuite feindre d’être affamés. Et la peur des représailles policières nous rendait très bons acteurs. En ce temps-là, et encore aujourd’hui, on ne pouvait pas avouer qu’on ne croyait pas, ou qu’on pratiquait peu. C’était risquer un an de prison pour le chef de famille, dans des conditions terribles…

L’Islam historique, et sa pratique quotidienne, est ainsi un dogme de la servilité, qui n’a jamais été – à mon sens – à la hauteur du texte sacré. Je suis en effet convaincue que le Coran recèle des pistes méconnues, qui permettent d’envisager l’Islam non plus comme un instrument de contrainte, mais comme un guide grâce auquel l’être humain peut prendre conscience de ses capacités, et donc atteindre une forme de liberté.

Jocelyne Césari écrivait en 1999 : « Être musulman en Europe revient à faire sortir le lien à l’islam de son évidence première, de son statut de donnée communautaire, culturelle ou sociale, pour le faire entrer dans la sphère des choix individuels et donc du questionnement ». Le rapport à l’islam se déconstruit ainsi au fur et à mesure de l’éloignement de la société islamique d’origine et se reconstruit de façon plus individuelle au sein des sociétés européennes multiculturelles. Ainsi, je suis musulmane et franc-maçonne sans que cela me pose la moindre question en France, mais j’ai conscience que mes engagements seraient plus complexes dans un pays musulman. Et d’abord parce qu’être franc-maçon en pays musulman est un engagement parfois dangereux, comme je l’indiquais dans mon travail sur la Franc-maçonnerie au Maroc. Il n’y a qu’à lire la fatwa lancée en 1978, et renouvelée depuis, pour s’en convaincre. On y trouve tous les poncifs sur la franc-maçonnerie : « organisation secrète », qui a pour objectif de « tromper les ignorants », « prétendue fraternité dont l’objectif réel et secret est d’être contre toutes les religions », qui « agit pour les détruire en général, et l’Islam en particulier » etc. Et le Grand Maître de la Loge du Maroc, que j’ai eu la chance d’entendre avec ma Marraine il y a 18 mois, ne me contredirait pas : sa pratique de la franc-maçonnerie est réellement secrète, parce que dangereuse. En travaillant des sujets opératifs, comme l’éducation ou la libération des femmes, les loges marocaines se dressent face à un ennemi terrifiant et dangereux, les islamistes, dont on connaît les pratiques criminelles.

Il semble qu’il existe un obstacle théologique redoutable dans le texte fondateur lui-même, ou tout au moins dans sa compréhension usuelle. Saint Augustin écrivait, dans son Commentaire de la Première Epitre de Saint-Jean : « Aime et fais ce que tu veux ». Quelle différence terrible sur ce point entre l’Islam qui semble parler exclusivement de soumission, et ce christianisme que je connais si mal, mais promet le règne de l’amour. C’est bien sûr autre chose de savoir si la promesse a été finalement tenue, et les souvenirs des buchers de l’Inquisition – pour ne citer qu’eux – tendent à penser qu’il n’en fut rien !

La lecture du Coran donne le sentiment, parfois, d’une suite de normes à suivre, qui vont plus loin que le simple conseil spirituel. Lorsqu’on lit notamment la sourate intitulée La Vache (Al-Baqara), on se trouve face à une énumération d’exhortations énoncées sur un ton de menace vis-à-vis de ceux qui ne les respecteraient pas : « Un châtiment douloureux est réservé à quiconque aura outrepassé ces dispositions », prévient ainsi un des versets récurrents du Coran. Le Dieu qui parle dans le livre saint semble être trop transcendant pour être contesté, il exige et menace, il multiplie les prescriptions et interdictions, plaçant toute vie humaine sous le signe de la soumission à la loi divine.

Le Coran martèle, à intervalles réguliers, des versets qui nous rappellent notre statut de serviteurs. Ainsi, « nous sommes Ses serviteurs » (sourate II) et « Il est notre Seigneur ». Le pieux musulman est continuellement désigné comme un « serviteur croyant » et Mohammed n’est lui-même qu’un serviteur. On retrouve cette idée dans les écrits même des autorités coraniques, qui persistent à penser que la liberté humaine doit rester délimitée et conduite par les commandements de Dieu. La conférence islamique des ministres des Affaires étrangères, réunie au Caire en août 1990, a produit en ce sens une déclaration sur les droits de l’homme en Islam, qui se voudrait une alternative à la Déclaration universelle, et qui, dès son article 1, postule la servitude théologique de l’homme : « Tous les êtres humains constituent une même famille dont les membres sont unis par leur soumission à Dieu. Les hommes sont tous les sujets de Dieu ». Dès les premières lignes de cette déclaration, les musulmans sont ainsi réduits à des individus jouissant d’une liberté et d’une égalité d’esclaves.

Et ce sont ces principes, dont je vous parle depuis le début de ma planche, qui rendent la conjugaison entre Islam et République quasiment impossibles : comment produire une culture humaniste alors que nous vivons une telle distance infranchissable entre nous et notre Créateur ? Une telle transcendance nous écrase, et nous condamne à la débilité politique…

Le rôle de la Franc-maçonnerie me semble ainsi avoir encore plus de sens dans les pays musulmans, en tant qu’outil démocratique. Au Maroc, l’individu est sujet du Roi en plus d’être sujet de Dieu. Au sein de sa loge, le franc-maçon est acteur, enfin, de sa vie. Parmi ses frères et sœurs, il entreprend un chemin initiatique dont il est le responsable. Il me semble donc que la Franc-maçonnerie et ses valeurs ont encore plus de valeur dans des pays où les individus sont privés des libertés les plus fondamentales. Les tenues sont ainsi les seuls moments de la semaine pendant lesquels ils s’expriment librement, et sans crainte. Dans un pays où Etat et Religion se confondent, la parole est souvent subversive, et les conséquences dramatiques pour son auteur…

J’ai souvent entendu critiquer la royauté par mes amis occidentaux, comme symbole de l’archaïsme marocain. Comme si le principe même de roi rendait impossible tout progrès, et s’il fallait absolument que nous nous décidions à lui couper la tête pour enfin sortir de notre condition de « pays en voie de développement ». Et je me suis souvent interrogée sur cette question : pourquoi notre roi serait-il forcément un empêcheur de tourner en rond ? Le concept de royauté est-il à ce point incompatible avec la notion de progrès ? Je ne pense pas, et les exemples anglais ou

...

Télécharger au format  txt (17.2 Kb)   pdf (141.6 Kb)   docx (12.5 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com