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Liberté

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user) est en lui-même sans limite, selon Descartes, c'est-à-dire qu'il est absolu ; d’où l’affirmation du caractère absolu de la volonté, qui n’est pas plus absolu en Dieu qu’en l’homme : “Il n’y a que la volonté, ou liberté de décision, que j’expérimente si grande en moi que je n’ai idée d’aucune autre plus grande; si bien que c’est elle principalement qui me fait reconnaître que je porte une sorte d’image et de ressemblance de Dieu“ Nous ne sommes pas pour autant aussi libres que Dieu. A quoi cela tient-il ? Au fait que notre entendement, c’est-à-dire notre pouvoir de connaître est tout à fait limité, et, aussi, au fait que notre puissance est limitée : je ne peux vouloir ce que je ne peux pas faire, comme voler tel un oiseau ou ne pas mourir. Ma liberté consiste donc déjà à savoir ce que je peux réellement vouloir, d’une part (inutile de vouloir l’impossible), et à savoir ce que je dois vouloir, d’autre part. Mon entendement me fait savoir ce qu’il faut que j’affirme ou nie, que je fasse ou ne fasse pas. La liberté ne réside donc pas dans le fait de simplement vouloir, mais dans le bon usage de sa volonté, dans un usage éclairé de sa volonté : plus je sais ce que je dois vouloir, plus je suis libre. “Si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire: et ainsi je serais entièrement libre, sans jamais être indifférent“. Si en revanche je choisis ceci plutôt que cela, mais que le choix m’est indifférent, parce que rien ne me dit en quoi ceci est meilleur que cela, c’est comme si j’employais ma faculté de vouloir aveuglément, ou comme à vide. Et en ce sens, l’indifférence est le plus bas degré de la liberté. Notre liberté comporte ainsi des degrés : nous sommes d’autant plus libres que nous nous déterminons en connaissance de cause.

Citation n°2 : « Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d’avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent. » Spinoza Descartes affirme que l’expérience de la volonté me fait découvrir ce qu’était la liberté. Or Spinoza fait remarquer, précisément, qu’on fait aussi l’expérience de notre absence de volonté, et en ce sens de notre absence de liberté. Souvent les hommes “ voient le meilleur et font le pire; ils se croient libres cependant ” - dit Spinoza. A quoi tient alors cette défaillance de notre volonté ? A l’ignorance de ce qui nous amène à faire le pire, quand on voit le meilleur. Descartes disait qu’on était d’autant plus libre qu’on savait ce qu’on devait vouloir. Mais ne peut-on pas vouloir le mal, tout en voyant ce qui est bien ? Si on distingue, comme le fait Descartes, la volonté (la faculté de choisir) de l’entendement (de la faculté de connaître ce qui est vrai ou faux, bon ou mal), alors on peut très bien concevoir, dans l’absolu, qu’on puisse savoir ce qui est vrai ou bon, tout en choisissant d’affirmer ce qui est faux ou de faire ce qui est mal “ Il nous est toujours permis de nous empêcher de poursuivre un bien qui nous est clairement connu, ou d’admettre une vérité évidente, pourvu seulement que nous pensions que c’est un bien de témoigner par là notre libre arbitre ”. (Lettre au Père Mesland, de février 1645) Spinoza nie que la volonté puisse être libre, puisse ne pas être déterminée par une cause (autre que l’affirmation d’elle-même). Mais nous ne connaissons pas nécessairement ce qui nous détermine à vouloir ceci plutôt que cela. Si je fais le pire, tout en voyant le meilleur, c’est que je ne parviens pas à maîtriser mes désirs, pour des raisons que j’ignore. Pensons au joueur ou au drogué qui sait qu’il ne doit pas se remettre à jouer ou à boire, mais qui ne peut aller contre son désir... La passion consiste précisément à subir des désirs comme on subit une maladie. Tout comme on guérit une maladie en en connaissant les causes, on guérit une passion en en connaissant les causes. “ Une passion cesse d’être une passion, sitôt que nous en formons une idée claire et distincte ” dit Spinoza. (Ethique IV, prop. 3). L’ignorance accompagne et nourrit la passion, par exemple une haine (songeons à l’antisémitisme ou au racisme). Plus on s’élève à une connaissance rationnelle de toute chose, de notre conduite comme de celle d’autrui, plus alors on est en accord avec la raison d’autrui, et plus on est enclin à agir de concert avec lui, et moins on subit sa violence et sa haine (comme on subit ses propres passions haineuses) : plus on est libre. La liberté ne réside pas dans un pouvoir illusoire de la volonté, mais dans le pouvoir que donne la connaissance.

Citation n°3 : « La liberté est obéissance à la loi qu’on s’est prescrite ». Rousseau On oppose communément la liberté à la loi. Se soumettre à la loi, ce serait ne pas ou ne plus être libre. Mais n’obéir à aucune loi, serait-ce être libre ? Mais il faut s’entendre sur le terme liberté et sur le terme loi. Il y a un premier sens du mot libre qui est négatif : être libre c’est ne pas être empêché de faire ce qu’on a envie de faire. On emploie le terme libre dans ce sens à propos des choses comme à propos des hommes : retirer d’un chemin les arbres qui font obstruction, c’est libérer le passage, ne pas retenir un oiseau dans sa cage, c’est le laisser libre de s’envoler, ne pas empêcher quelqu’un de s’étendre sur le gazon d’un jardin public, c’est le laisser libre de le faire. Toute loi comporte des interdictions. Dès lors toute loi réfrène la liberté, prise en ce sens négatif. C’est le seul sens que Hobbes donne au mot liberté. Selon Hobbes, dans l’état de nature, chacun est empêché à tout moment, dans ses mouvements et ses entreprises, par autrui qui est virtuellement son ennemi. Mais les lois d’un Etat - institué en vue justement de mettre fin à cet état de guerre qu’est l’état de nature - empêchent les individus de se nuire les uns aux autres. L’autre sens du mot liberté n’est réservé qu’à l’homme, et caractérise ce que Kant appelle l’autonomie : obéir, à la loi dont on est, en tant qu’être raisonnable, l’auteur, ou encore, obéir à sa propre raison. Obéir à sa raison, c’est être pleinement responsable de sa conduite. Etre libre, c’est s’obliger soi-même à une conduite raisonnable, s’interdire certains débordements, en un mot c’est obéir à la loi qu’on s’est prescrite. La loi peut s’entendre ici dans un sens moral, comme dans un sens politique. Autrement dit, les obligations auxquelles on se soumet volontairement et librement (alors qu’on subit bon gré malgré une contrainte) sont morales, ou bien civiques. C’est dans ce sens-ci d’obligation civique que Rousseau l’entend d’abord. Rousseau dans le Contrat Social jette les bases d’un Etat dont les lois constituent des obligations et non des contraintes : car c’est le peuple souverain, plus exactement la volonté générale (selon la règle de la majorité) qui décide des lois. Ainsi chacun d’entre nous, en tant que citoyen, est libre parce qu’il se soumet aux lois dont il est l’auteur, en tant que membre de la volonté générale.

Citation n°4 : « Les Lumières c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité à se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. » Kant Kant a contribué au premier chef au mouvement de l’Aufklärung - des Lumières - qui caractérise le XVIIIe siècle. Dans un petit opuscule célèbre “Qu’est-ce que les Lumières ?“, Kant définit ainsi l’Aufklärung : la sortie de l’homme de l’état de minorité à l’état de majorité. Etre mineur, c’est rester sous tutelle, laisser autrui penser pour soi-même, laisser des individus disposant d’une autorité dans la société pour déterminer ce que je dois penser : “Aie le courage de te servir de ton propre entendement“ - dit encore Kant. Le plus grand ennemi de la liberté, c’est en réalité soi-même, dans la mesure où on est enclin à la passivité, à l’inertie, à la croyance que d’autres êtres, plus savants, plus réputés, sont en mesure de dicter ce qu’on doit penser. Etre libre, c’est donc penser par soi-même. Une pensée libre est une pensée autonome. Etre autonome signifie étymologiquement se dicter à soi-même sa loi (auto vient d’un mot grec qui signifie “soi-même“, et de nomie qui vient d’un mot grec - nomos - qui signifie “loi“). On doit rattacher ce que dit Kant à propos de l’autonomie de la pensée de ce qu’il dit à propos du jugement moral. Il est évident que si un enfant émet des jugements qui sont encore simplement conformes à ceux de ses parents, à ceux du prêtre, du pasteur, du rabbin, de tel tuteur ou de tel maître, alors cet enfant n’est pas encore autonome. Mais attention, un jugement autonome, cela ne signifie pas simplement un jugement individuel, subjectif, relatif à ma sensibilité du moment, incapable de s’accorder durablement avec le jugement d’autrui. Etre autonome, c'est suivre sa raison. Deux choses favorisent l’acquisition de l’autonomie, selon Kant : l’éducation et les libertés publiques. On devient autonome grâce à une éducation et une culture qui favorisent l’exercice du jugement, de l’esprit critique, l’usage de la raison. Il faut donc des tuteurs qui apprennent à leurs élèves à devenir un jour libres à leur égard. D’autre part il ne saurait y avoir un usage privé de la raison : l’exercice

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