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Texte : Voltaire, Dictionnaire Philosophique (1764), « Guerre »

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de faire tout le mal possible. Le merveilleux de cette entreprise infernale, c’est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d’aller exterminer son prochain.

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Application de la méthode : lire plusieurs fois au travers de « grilles de lecture »

1re lecture : lecture cursive

À la fin de cette lecture, procéder à un questionnement systématiquement du texte :

Quel est le thème du texte ? Peut-il être mis en relation avec l’œuvre dont le texte est extrait, avec le titre de l’œuvre, avec l’auteur, avec l’époque ?

Le thème est indiqué par le titre. Il s’agit de la guerre. Je sais que le XVIIIe siècle a connu de nombreuses guerres qui ont coûté très cher au royaume de France. Je sais aussi que Voltaire est un pacifiste et qu’il a dénoncé les visées belliqueuses des souverains dans plusieurs contes ou romans en particulier dans Candide, mais aussi dans des essais comme le Siècle de Louis XIV.

Quel est son genre littéraire (poésie, théâtre, roman…), son type (argumentatif, narratif, descriptif…) ?

Il s’agit ici d’un article de dictionnaire (voir le paratexte). Curieusement, l’article ne développe pas une notion. C’est un récit, donc il appartient au type descriptif. Mais une lecture qui ne reste pas superficielle montre que ce récit n’est pas gratuit, qu’il livre aussi une position, une thèse, il est donc aussi de type argumentatif. Cette union entre un récit et une leçon morale s’appelle un apologue.

Quelle est sa tonalité ou registre littéraire (comique, tragique, lyrique, pathétique, ironique, épique…) ?

La tonalité première pourrait être le merveilleux (comme dans le conte), d’ailleurs ce mot est repris à la fin de l’article. Très vite cependant je peux relever des indices d’exagération (par exemple au début) et d’antiphrase, signes caractéristiques de l’ironie.

Quel est son intérêt (historique, philosophique, sociologique…) ?

Son intérêt est double : cet article expose la position d’un philosophe du XVIIIe siècle à l’encontre de la guerre et des prétentions abusives de l’absolutisme royal. Plus encore, il est un exemple des moyens utilisés par ces mêmes philosophes pour faire de leur prose une littérature de combat.

Quelles résonances éveille-t-il chez le lecteur (émotion, intérêt, passion, réflexion, interrogation…) ?

Le lecteur est d’abord intrigué, puis sa réflexion est invitée à aller voir au-delà des mots — dans leurs alliances contradictoires — pour en arriver à partager l’indignation de l’auteur devant tant d’absurdités. Voltaire fait appel à la raison (pour dénoncer l’ineptie) plus qu’aux émotions (horreur, pathétique et tragique).

2e lecture : étude du niveau lexical et de la modalisation

Classer les mots suivant des familles, examiner si on peut les regrouper en champs lexicaux ou sémantiques remarquables.

Champ lexical de la généalogie (généalogiste, descend, droite ligne…), allié à celui de la noblesse (comte, prince, maison…), celui du droit, puis celui de la guerre allié à ceux de l’armée, de la violence (meurtriers mercenaires, noms propres de conquérants, se battre…) pour finir avec un vocabulaire moral et religieux (mal, infernal, Dieu…)

Étudier les formes, couleurs, mouvements, l’organisation de l’espace, les valeurs symboliques ou affectives de ces éléments.

Difficultés à définir le temps et le lieu. Nous sommes dans un monde merveilleux comme celui du récit légendaire ou du conte. Apparence de désordre, de confusion dans la suite du récit.

Étudier l’organisation de ces éléments en parallélisme, en relation, en rappel ou en opposition.

À l’argumentation juridique du début succèdent le désordre et les retournements d’alliance. À la futilité de la revendication fait suite une conflagration absurde et meurtrière.

On peut alors établir des réseaux lexicaux et ainsi discerner les thèmes (intellectuels, affectifs, symboliques) du texte.

Voltaire entend dénoncer l’absurdité de la guerre, dans ses causes et ses effets.

Étude particulière du registre du discours : lyrique, élégiaque, pathétique, ironique, comique… En fait il y a souvent un registre principal ou dominant et un ou plusieurs registres secondaires. Tout dépend de la longueur et de la densité du texte étudié.

Le registre principal est celui de l’ironie, qui joue sur la dérision et aussi sur certains aspects burlesques (ou contre-épiques). Parfois Voltaire place quelques notes pathétiques comme avec la comparaison des moissonneurs.

Étude des registres de langue (référence à une culture et une classe sociale) utilisés et des effets produits (appartenance ou opposition, surprise…). Chercher les procédés de style et tous les écarts qui distinguent le langage utilisé par l’auteur du langage courant, celui que nous aurions utilisé pour exprimer les mêmes réalités.

Quelques procédés remarquables : un oxymoron, « merveilleux de cette entreprise infernale ».

En examinant les structures grammaticales et leurs effets de sens : choix des pronoms, des déterminants du nom ; choix du type de construction : nominale, affirmative, exclamative, interrogative ; choix des épithètes : souci de caractérisation, valeur méliorative ou péjorative ; choix des modes verbaux : impératif = prière ou volonté de pression sur autrui ; subjonctif = doute, mode du sentiment ou de la pensée, temps : présent de narration, de vérité générale, imparfait de durée ou de répétition passé simple d’action soudaine qui ne se répète pas ; choix du style direct, indirect, indirect libre… Hypotaxe ou parataxe…

On peut noter tout ce qui renforce l’indétermination. « Un » répété, repris par des démonstratifs qui renvoient à cette imprécision.

Choix d’épithètes péjoratives.

Présent qui a des allures de présent d’énonciation (une action contemporaine du lecteur), mais aussi un présent de vérité générale qui marque l’intemporalité du propos.

Utilisation importante des deux points qui renforce la parataxe. Voltaire veut nous montrer dans la rencontre brutale des propositions que l’enchaînement des faits est sans raison, soumis à l’arbitraire du pouvoir princier.

3e lecture : étude des images

Étude des comparaisons explicites, des métaphores, métonymies et synecdoques, hyperboles, litotes… Quels sont les effets qu’a voulu produire l’auteur en employant telle ou telle figure de rhétorique ?

Les soldats mercenaires comparés à des moissonneurs.

4e lecture : étude des sons et des rythmes (surtout dans les poèmes mais pas exclusivement)

Étudier le rythme : le choix du mètre, les accents, la cadence, mouvement ascendant ou chute, la place de la césure, la présence d’enjambements, de rejets, de contre-rejets…. Analyser les effets produits.

Nombreux rythmes binaires qui évoquent l’affectivité, le mouvement, le déchaînement des passions.

Deux exemples de rythme ternaire :

« Cette province, […] a beau protester qu’elle ne le connaît pas, qu’elle n’a nulle envie d’être gouvernée par lui ; que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement » → Rythme évoquant l’équilibre de l’art oratoire d’ailleurs repris par « ces discours » suivi par l’opposition brutale du coup de force princier.

« Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s’unissant et s’attaquant tour à tour […] » → Rythme ternaire qui évoque un semblant d’ordre dans ce désordre général.

Rythme accumulatif à la fin du premier paragraphe qui peut évoquer l’orgueil du prince et la fébrilité des préparatifs.

Étudier les sonorités : quels sentiments sont exprimés par le retour de certaines syllabes ? Quelle atmosphère est ainsi créée ? Faire attention aux allitérations, aux assonances, aux rimes, aux hiatus…

Le bruit, la fureur et le dégoût évoqués par les allitérations de « m » et de « t » dans « meurtriers mercenaires que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet n’en traînèrent à leur suite ».

Étudier le volume des phrases (longueur, formes : interrogations, exclamations…)

Utilisation de phrases énonciatives qui se veulent apparemment neutres. Mais parfois la phrase prend de l’ampleur chaque fois que le philosophe sent monter en lui l’indignation.

Étudier le rythme des phrases (gradations, symétries, mouvements ascendants ou descendants…) Quels sont les effets produits ?

À titre d’exemple, étude de la phrase conclusive : « Le merveilleux de

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