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Économie

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ms d'économie. Et c'est bien ce qu'on constate dans plusieurs universités à travers le monde: les historiens de la pensée y sont considérés comme une secte un peu étrange, composée pour la plus grande partie d'économistes qui ne maîtrisent pas suffisamment les techniques mathématiques de pointe pour faire de la vraie économie. L'évolution des idées économiques est au contraire une histoire pleine de bruits et de fureur, pour paraphraser Shakespeare. Il s'agit de rapports d'argent et de pouvoir. Sa dynamique est étroitement liée à celle des idées politiques. La discipline a d'ailleurs longtemps porté le nom d'économie politique. Elle est tout aussi étroitement liée aux évolutions et aux transformations dans tous les autres domaines de l'activité humaine, de l'art à la technologie en passant par la religion. Les idées économiques sont assujetties aux transformations historiques, dont elles sont plus la conséquence que le moteur. Cela a donné lieu, à travers le temps, à un foisonnement de réflexions économiques, bien loin de se limiter à une seule approche. 1. Les diverses origines de l'économie politique La date de naissance de l'économie politique est, elle-même, l'objet de désaccords. Pour plusieurs, Adam Smith est le fondateur de la discipline. Pour d'autres, ce sont les physiocrates. Pour Marx, c'est William Petty. C'est en réalité une fausse question. L'économie comme discipline universitaire séparée n'apparaît pas avant le XIXe siècle. Mais les idées des penseurs grecs, des pères de l'Eglise et des philosophes arabes, parmi d'autres, sur les échanges, les prix et l'argent sont du plus haut intérêt. Celles d'Aristote sont particulièrement saisissantes. L'analyse qu'il fait de la "chrématistique", la poursuite de la richesse pour elle-même qu'il oppose à l'économie naturelle, et sa condamnation du prêt à intérêt annoncent les positions de Thomas d'Aquin et de l'Eglise catholique. Mais aussi certaines thèses de Marx et de Keynes, qui ont l'un et l'autre fait les plus grands éloges du philosophe grec. Thorstein Veblen semble aussi être un de ses disciples lorsqu'il condamne l'instinct prédateur des financiers et des spéculateurs. Bref, Aristote apparaît comme un lointain précurseur de trois courants non conformistes, tout en ayant inspiré l'orthodoxie, puisqu'Adam Smith lui a emprunté son analyse de l'échange et de la naissance de la monnaie. Le mercantilisme est souvent présenté comme la première école de pensée en économie. Mais il est abusif de qualifier d'école un ensemble hétéroclite d'auteurs qui, pour la plupart, n'étaient pas des intellectuels mais des hommes d'action et dont les oeuvres s'étendent sur une très longue période, entre le XVe et le XVIIIe siècles. C'est Smith qui a baptisé ce courant de pensée de "système mercantile", en 1776. A l'encontre d'Aristote et des penseurs chrétiens, ils font l'éloge du marchand et de son enrichissement. La richesse des marchands allant de pair avec la puissance de l'Etat, les auteurs mercantilistes prônent le protectionnisme et une intervention active de l'Etat dans les affaires économiques. Au XIXe siècle et ensuite, des auteurs continueront à prôner l'étatisme et le protectionnisme au moment où l'orthodoxie se sera ralliée au laisser-faire et au libre-échange. Le mercantilisme, qui était l'orthodoxie de son temps, deviendra une hétérodoxie. Au grand scandale de ses collègues orthodoxes, Keynes le réhabilitera - en même temps que les pères de l'Eglise - dans l'avant-dernier chapitre de sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la

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29/09/2008

Une histoire mouvementée par Gilles Dostaler - issu de L'histoire de la pensée écono... Page 2 sur 5

monnaie (1936). Des mercantilistes, il écrit que ce sont peut-être des auteurs moins subtils que les classiques, mais qu'ils sont dotés de plus de bon sens, qu'ils avaient compris en particulier que l'abondance de monnaie est nécessaire pour lutter contre le chômage. 2. Des débuts controversés L'économie politique émerge comme discipline autonome avec l'affirmation de l'existence, dans le domaine économique, de lois analogues à celles qui régissent le monde physique. Dès le départ, la physique est le miroir dans lequel elle se mire. Au XVIIe siècle, William Petty, fondateur de l'arithmétique politique, ancêtre de l'économétrie, affirme déjà l'existence de lois universelles dans les affaires humaines, des lois qu'on peut mettre en lumière par les mêmes méthodes d'observation que dans les sciences naturelles. Francis Bacon, John Locke - ami de Newton -, Charles Davenant, Dudley et Roger North, Richard Cantillon, Josiah Tucker, Joseph Massie, Boisguillebert et plusieurs autres font des professions de foi analogues et en déduisent l'idée qu'il faut laisser, dans l'économie, la nature suivre son cours. Des années 1750 à 1770, les physiocrates et leur chef de file, le médecin François Quesnay, donneront à cette conviction sa forme la plus achevée et la plus dogmatique. Ils forment la première véritable école dans l'histoire de la pensée économique et se font les apôtres du laisser-faire et du libre-échange tout en défendant la monarchie absolue. Loin d'être une aberration, cette cohabitation entre autoritarisme politique et libéralisme économique a survécu jusqu'à nos jours chez plusieurs penseurs et dans plusieurs pays, du Chili de Pinochet à la Chine actuelle. Et Friedrich Hayek a déclaré préférer une économie libre associée à un Etat autoritaire à une économie dirigée associée à un Etat démocratique. Du fonctionnement de l'économie, Quesnay offre, dans son fameux tableau économique, une description chiffrée qui annonce à la fois le modèle d'équilibre général de Walras, les schémas de reproduction de Marx, la macroéconomie de Keynes, l'analyse interindustrielle de Leontief et le modèle de prix de production de Sraffa. Cela montre bien la complexité des influences dans ce champ de la réflexion économique. Critiqués par Smith, qui leur reproche de ne considérer que l'activité agricole comme productive d'un surplus, les physiocrates n'en ont pas moins influencé fortement sa théorie du capital et du profit et, par là, celles de l'économie classique. Mais ils ont aussi suscité une très virulente opposition, qui constitue le premier volet d'un débat entre une conception naturaliste et universaliste de l'économie et une conception historique et relativiste. Cet assaut, peu souvent exploré dans les histoires de la pensée, a été mené entre autres par Ferdinando Galiani, Melchior Grimm, Condorcet et son frère l'abbé Mably, Jacques Necker, David Hume et James Steuart: ils critiquent parfois violemment le dogmatisme de ceux qui sont les premiers à se nommer "économistes". Tous rejettent l'idée selon laquelle il existerait des lois économiques universelles, applicables en tout temps et en tout lieu. Ils insistent sur la nécessité de tenir compte des circonstances particulières de temps, de lieux, des institutions, des coutumes, des climats. A partir de là, ils remettent en question le laisser-faire dont les physiocrates se sont faits les champions. 3. Le XIXe siècle et le foisonnement des approches Plusieurs des apôtres actuels du néolibéralisme considèrent Adam Smith comme leur héros et leur maître à penser. Manifestement, ils ne l'ont pas lu. Leurs vrais ancêtres sont plutôt les physiocrates. Considéré par certains comme le père de l'économie, Smith se définissait plutôt comme un philosophe moral. Du fonctionnement de l'économie, il avait une vision plus subtile que celle qu'on lui prête le plus souvent. Sur le plan de la méthode, il utilisait tour à tour une approche théorique et historique, inductive et déductive. Sa parabole de la main invisible n'est pas une apologie du laisser-faire et il a consacré une grande partie de la Richesse des nations à examiner les fonctions que l'Etat doit assumer dans les économies. Il estimait que, dans les conflits de travail, les patrons avaient un avantage indu sur les travailleurs. C'est avec Say, Malthus, Ricardo et Mill que se constitue ce que Marx, puis Keynes désigneront plus tard comme l'"économie politique classique". On considère généralement que cette école de pensée aurait dominé la réflexion économique, principalement en Angleterre, pendant environ un siècle, avant d'être supplantée, à la suite de la "révolution marginaliste", par l'économie néoclassique. Comme toujours, les choses ne sont pas aussi simples. Les économistes classiques ne forment pas un ensemble homogène et ils sont en butte aux assauts de plusieurs auteurs. Si l'on cherche à identifier ce qu'on pourrait appeler un "modèle classique" relativement rigoureux de l'économie, il faut se limiter à Ricardo et à ses disciples immédiats, John Ramsay MacCulloch, James Mill, Nassau Senior et Thomas de Quincey. Ricardo est l'un des premiers à utiliser dans son analyse la méthode hypothético-déductive, qui s'imposera au XXe siècle: elle consiste à poser des hypothèses

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