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Suis Je Ce Que j'Ai Conscience d'Être

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condamne souvent à être

une méconnaissance de soi ?Pour autant, le terme de connaissance est-il approprié pour désigner

l’opération permettant de se saisir dans son identité humaine et dans son identité personnelle ?

Car le propre d’un sujet est de ne pas avoir la consistance et la permanence des objets. Si la

connaissance implique des procédures d’objectivation, n’est-elle pas par principe condamnée à

manquer l’identité d’un sujet ? Et qu’est-ce que le sujet ou le moi en-dehors de la conscience qu’il a

de lui-même ? Une fiction peut-être comme le montre Hume, auquel cas la conscience de soi

n’aurait pas d’objet et si elle en a un, elle est disqualifiée par la réflexion précédente dans toute

prétention à l’objectivité.Alors faut-il renoncer à la connaissance de soi-même ou bien faut-il

comprendre que l’identité humaine et l’identité personnelle sont plus un projet qu’une donnée ; une

décision qu’un être ; une destinée qu’un destin? Si c’est bien ainsi qu’il faut interpréter le « connaistoi toi-même » socratique, cela signifie que seule la conscience d’être un esprit ou une liberté est

une véritable connaissance de soi. Mais cette connaissance est une tâche à assumer, non le savoir

objectif d’un supposé objet.

I) La conscience de soi est une connaissance immédiate de soi-même et du monde.

La conscience est la modalité d’existence de l’être humain. Dès que la conscience s’éveille c’est

le monde qui surgit avec moi et autrui situés en lui. Impossible d’échapper au savoir de sa propre

existence, à l’intuition de ses états et de ses actes. Je fais tel geste et même si c’est sous une forme

confuse j’en ai conscience. Je m’ennuie dans ce cours et je le sais. Certes la conscience peut être

vague, engluée dans les automatismes, reste que dès qu’il y a conscience il y a connaissance. Il y a

même sentiment d’être une seule et même personne tout au long de sa vie car étant toujours présent

par la conscience à moi-même, je vis la multiplicité et la diversité de mes états comme miens.

La conscience est donc une forme immédiate de connaissance or une connaissance immédiatepeut-elle être une véritable connaissance ? Sous sa forme spontanée, la conscience n’est-elle pas

exposée au préjugé, à l’illusion, à la naïveté, aux pièges des fausses évidences ? Platon a pointé

dans l’allégorie de la caverne les risques d’un rapport au réel non médiatisé par la réflexion et

l’ascèse de notre part sensible. Le danger est toujours de confondre l’apparence des choses avec les

choses elles-mêmes.

Par exemple, pour ce qui concerne notre question, est-il possible pour un sujet d’entretenir avec lui

un rapport soucieux d’objectivité ? N’est-il pas beaucoup trop intéressé à construire une image

gratifiante de lui-même pour être le meilleur placé pour se connaître ? Ce soupçon invite à poser la

question du statut de l’introspection et à comprendre que sans la distance de l’extériorité et de

l’objectivité, il est vain de prétendre à une connaissance objective de quoi que ce soit. Or dans le cas

de la connaissance de soi, il est impossible de disjoindre le sujet et l’objet de la connaissance.

De même, peut-il entrevoir que ce moi qu’il a conscience d’être est peut-être introuvable dès lors

qu’on se mêle de le chercher sérieusement ? Chacun parle, en effet, spontanément de lui comme s’il

était un être ayant une consistance et une permanence propres. Et les illusions intimistes sont

monnaie courante. On invoque un « moi profond », qui serait à retrouver derrière les multiples

visages que chacun est pour chacun comme si la personne était quelque chose en dehors des rôles

sociaux qu’elle incarne, des actes qui la révèlent ou des métamorphoses qu’elle subit. Or la

réflexion pascalienne sur le moi nous affranchit de cette naïveté. Le moi est inassignable car tout ce

qui le caractérise dans sa singularité concrète est multiple, divers et périssable.

Alors pourquoi ne peut-on pas établir l’équivalence de la conscience de soi et de la connaissance

de soi ?

II) Une connaissance non médiatisée n’est pas une véritable connaissance. La

conscience de soi est méconnaissance de soi.

Ce développement exige d’exploiter les thèmes suivants :

Pascal et sa critique de l’intérêt ou de l’amour-propre.

Pascal souligne combien la conscience immédiate est investie par des affects, des désirs, des

intérêts sensibles. Ses représentations sont construites sur d’autres exigences que le souci de la

vérité. D’où les images de soi que chacun construit à son avantage et l’hostilité à l’égard de tous

ceux qui dérangent Narcisse dans ses aveuglements.

Cf. Pensée B82 « Notre propre intérêt est encore un merveilleux instrument pour nous crever les

yeux agréablement. Il n’est pas permis au plus équitable homme du monde d’être juge en sa propre

cause ».

Pensée B 100 : « La nature de l’amour-propre et de ce moi humain est de n’aimer que soi et de ne

considérer que soi. Mais que fera-t-il ? Il ne saurait empêcher que cet objet qu’il aime ne soit plein

de défauts et de misères : il veut être grand, et il se voit petit ; il veut être heureux, et il se voit

misérable; il veut être parfait, et il se voit plein d’imperfections ; il veut être l’objet de l’amour et de

l’estime des hommes, et il voit que ses défauts ne méritent que leur aversion et leur mépris. Cet

embarras où il se trouve produit en lui la plus injuste et la plus criminelle passion qu’il soit possible

de s’imaginer; car il conçoit une haine mortelle contre cette vérité qui le reprend, et qui le convainc

de ses défauts. Il désirerait de l’anéantir, et, ne pouvant la détruire en elle-même, il la détruit, autant

qu’il peut, dans sa connaissance et dans celle des autres; c’est-à-dire qu’il met tout son soin à

couvrir ses défauts et aux autres et à soi-même, et qu’il ne peut souffrir qu’on les lui fasse voir, ni

qu’on les voie. C’est sans doute un mal que d’être plein de défauts mais c’est encore un plus grandmal que d’en être plein et de ne les vouloir pas reconnaître, puisque c’est ajouter encore celui d’une

illusion volontaire ».

Sartre et la thématique de la mauvaise foi.

Mensonge à soi et mensonge aux autres car il est difficile d’assumer les multiples responsabilités

qui nous incombent tant dans notre facticité que dans notre transcendance. Notre liberté nous

angoisse et nous expose sans cesse à nous défausser d’une certaine vérité de nous-mêmes parce

qu’elle nous dérange. Rien n’est plus inaccessible à l’homme que la sincérité puisqu’il n’existe pas

dans l’identité de soi avec soi et l’authenticité n’est pas la vertu la mieux partagée. Il y faut un

courage qui fait la plupart du temps défaut. Ici, il est intéressant de pointer cette tendance si

courante du sujet à s’identifier à son rôle social. On pense bien sûr à l’analyse sartrienne du garçon

de café. Il joue avec un tel sérieux son rôle qu’il se prend pour un garçon de café, qu’il confond sa

personne avec son personnage. Et l’on observe que lorsque le rôle est gratifiant, la personne

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