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La Violence Peut-Elle Se Justifier

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un bras pour sauver la vie d’un individu, je ne lui fait pas violence; si je lui coupe un doigt pour le faire parler, pour obtenir un renseignement, je lui fait violence. Qu’est-ce qui différentie ces deux actes ? la manière de traiter l’homme révélée par le projet : soit il est traité comme une fin, comme un être digne de respect, ayant de la valeur, soit comme une banque de données, une agence de renseignements, une chose dont je me sers. Faire de l’homme un moyen ou une chose est lui faire violence, nier son humanité. Mais en quoi consiste ou réside son humanité ? Question qui devra être posée si l’on veut traiter le sujet !

Peut-elle - a-t-elle la possibilité. ce qui sous-entend que la violence a le plus souvent tort. Existe-t-il des cas ou la violence aurait raison ? ou bien, quelque soit le cas, la situation, a-t-elle nécessairement tort ? N’a-t-elle ni tort ni raison ? Violence et raison sont-elles incommensurables, sans rapport? La raison peut-elle ou non juger la violence ? Au nom de quoi donner raison à la violence ? Au nom de quoi la condamner ?

Raison : utiliser le support du vocabulaire : perdre la raison; âge de raison; avoir raison; avoir raison de...raisonnement, rationalité...Raison comme faculté propre à élaborer des concepts; puissance de création; aptitude à former des concepts, à combiner des concepts en jugement et des jugements en raisonnements. Raison : aptitude, faculté à lier des concepts au sein de jugements eux-mêmes articulés au sein de démonstrations. NB. La raison apparaît comme la faculté des relations alors que la violence apparaît comme puissance de désagrégation; ce qui les oppose d’emblée.

Avoir raison # avoir tort : avoir une pensée ou agir conformément à la raison; raisonnable.. Avoir tort : avoir une pensée ou un comportement contraire à la raison ou à la justice : déraisonnable.

Avoir tort : n’avoir pas le droit, les lois existantes, pour soi, de son côté. CF; action blâmable par le droit. Or, il existe des violences autorisées par la loi : charge de C.R.S, guerre entre Etats, peine de mort dans certains pays... Mais ici, on ne demande pas si la violence est, de fait, en accord avec le Droit dit positif , s’il existe des violences en accord avec lui mais si elle peut avoir raison. La question posée est à prendre philosophiquement c’est-à-dire de manière non factuelle: pour y répondre il ne s’agit pas de se renseigner et de se contenter d’observer ce qui se passe, ce qui se fait ici ou là mais de réfléchir et d’interroger les principes ou fondements, de proposer des raisons.

Reformulation de la question: L’ atteinte à l’homme comme sujet, la destruction partielle ou totale de l’homme tenu comme objet peut-elle être en accord avec la raison, jugée raisonnable par elle ? Atteindre l’homme en sa qualité de sujet peut-il être considéré comme juste et justifié par la raison? Peut-on considérer comme légitime des actes commis par l’homme qui porte atteinte à l’homme dans sa dignité d’homme ? Est-il possible de trouver des raisons qui justifient le recours à la violence ?

Problème :la question fait problème car violence et raison semblent s’exclurent l’une l’autre. Il faudra donc nous prononcer sur cette exclusion : est-elle indépassable ou ne s’agit-il que d’une contradiction apparente ? L’on entend des justifications du recours à la violence : la violence serait un mal nécessaire en vue d’instaurer justement un ordre plus humain. Est-il donc légitime et/ou nécessaire, inévitable , de recourir à la violence en vue d’instaurer un ordre humain ou plus humain, conforme à la raison et à la dignité de l’homme , de lutter contre les violences existantes en recourant à la violence ? Ou bien la contradiction est-elle indépassable : violence et raison s’excluent-elles radicalement l’une l’autre ? Comment alors la combattre, si elle est proprement illégitime mais aussi sans rapport avec la raison et donc échappant aux prises de la raison ?

NB. On ne nous demande pas si la violence est juste mais si elle peut avoir raison : on n’a donc pas ici à envisager la thèse selon laquelle la violence aurait une valeur en soi et se justifierait par elle-même. Il s’agit essentiellement d’envisager la violence comme moyen en vue d’une fin qui n’est pas elle. Aucun discours d’ailleurs, aucune constitution ne fait de la violence une fin souhaitable. Il y a précisément problème parce que nous rejetons en tant que telle la violence mais que , dans le même temps, au nom de ce que nous voulons éviter, nous y avons recours. C’est dans ce cas de figure qu’il y a problème. Il ne s’agit pas de traiter de la violence tout court, de la violence en soi mais de l’articuler à la raison . “C’est pour un être qui parle, qui, en parlant, poursuit le sens, pour un être qui a déjà fait un pas dans la discussion et qui sait quelque chose de la rationaité, que la violence faitproblème, que la violence advient comme problème. Et réciproquement, la discussion, la rationalité tirent elles aussi leur unité de ceci qu’elles constituent une entreprie de réduction de la violence. la violence qui parle, c’est déjà une violence qui cherche à avoir raison; c’est une violence qui se place dans l’orbite de la raison et qui commence déjà à se nier comme raison”. Ricoeur, La violence. C’est bien pourquoi il y a problème : comment la violence peut-elle avoir raison sans se nier comme violence, sans disparaître alors même qu’elle cherche à se justifier et à justifier son existence.

I. VIOLENCE ET RAISON S’EXCLUENT L’UNE L’AUTRE : la violence ne saurait avoir raison, se justifier rationnellement :

La violence surgit, explose, est de l’ordre de l’explosion, de la crise si l’on tient compte de la réalité de son surgissement. Dans tous les cas quelquechose se défait : la violence est puissance de dissolution (cf. conceptualisation) : on porte atteinte à l’intégrité physique de l’autre, on le frappe et le destin de cette violence est la mort, destruction totale .Tandis que la raison relie, crée. La violence physique en particulier surgit lorsque les raisons sont insuffisantes à convaincre l’autre : insuffisance non pas en soi des raisons mais pour nous qui ne les écoutons pas toujours ou ne voulons pas nous y rendre : la passion l’emporte alors sur la raison et les raisons. La violence ne saurait donc être raisonnable en ce sens qu’elle surgit lorsqu’il y a échec de la raison.On ne s’en remet plus à la raison pour régler les conflits : les conditions du triomphe de la raison ne sont pas réunies; on n’a pas su dominer ses passions, ses instincts, penchants...

Mais pensons aussi aux violences verbales qui surgissent dans la colère : nous sommes là à la limite même du langage, proche du cri inarticulé. Aristote distingue bien le cri, la voix de la bête et la parole articulée de l’homme. La violence s’annonce comme une régression de l’humain vers l’inhumain : j’en perds mon latin tellement je suis énervée et je ne parviens plus à construire quoi que ce soit; dans l’insulte, je nie l’autre comme homme en le traitant de tous les noms, en lui accordant des “noms d’oiseaux” et je me nie aussi comme être de raison capable de construire des discours sensés. Dans la colère qui est une é-motion qui me met “hors de moi”, je mets l’autre hors de l’humanité elle-même en le considérant comme autre, comme indigne même de recevoir un discours sensé et d’y répondre par des raisons. La raison est ce que nous partageons et constitue un terrain d’échanges ( de raisons) : la violence nous fait quitter ce terrain : un cri voire un coup n’est pas une raison mais un acte qu’on peut et doit être jugé selon la raison, selon son autre..

Quand bien même le violent parlerait, il reconduirait l’opposition radicale, l’exclusion violence/raison : cf. texte d’Eric Weil, Logique de la philosophie.1967. L’homme violent cherche à imposer son discours tandis que l’homme raisonnable cherche à constituer avec d’autres un discours universellement valable, qui relie, rassemble au lieu de dissoudre, de séparer, un discours valable en droit pour tous.

TEXTE: Violence de l’homme qui n’accepte pas le discours de tel autre homme et qui cherche le contentement en luttant pour son propre discours qu’il veut unique non seulement pour lui , mais pour tout le monde et qu’il tente de rendre réellement unique par la suppression réelle de tous ceux qui tiennent d’autres discours. Violence de l’homme qui s’affirme dans son être tel qu’il est pour lui-même, qui ne veut que s’exprimer tel qu’il se sent, dans un langage qui lui permette de se comprendre, de s’exprimer, de se saisir, mais langage qui ne s’expose pas à la contradiction et contre lequel nulle contradiction n’est imaginable, puisqu’il ne connaît pas de principes communs.

L’homme de l’opinion illustre parfaitement cet homme violent : l’homme de l’opinion confond ce qu’il sait ou croît savoir et dit avec ce qu’il est : on ne réfute pas un homme mais slt un discours, ce qui est de l’ordre de la représentation. Ainsi, ce discours identifié à cet homme n’accepte pas la contradiction, ne lui laisse aucune place. Ainsi, il est impossible de discuter, de débattre et d’échanger des raisons qui aient quelque chance d’être entendues.

La violence et la raison semblent donc s’exclure : l’une chasse l’autre, comme le jour chasse la nuit. La violence se situe hors du jeu de la raison, hors du discours authentiquement rationnel,

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