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Commentaire De Texte : A Tous Les Enfants, Boris Vian.

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t d’un euphémisme. Enfin, l’image de la tache de sang qui constitue la fin de « la première partie » est une référence directe au Dormeur du Val de Rimbaud.

La conjonction de coordination « mais », au vers 21, marque le tournant du poème. Après avoir rendu un hommage touchant aux soldats, Boris Vian évoque les hauts-placés, qui ont organisé la guerre par intérêt, comme les industriels de l’armement ou les marchands d’armes. Au registre pathétique succède une gigantesque colère. On peut remarquer la présence d’un champ lexical dépréciatif pour qualifier ceux qui profitent de la guerre : « gras », « cocus », « faux-plis », « bajoues » et même un néologisme avec le verbe « ventripoter » (v.24). Ces termes dévalorisants caractérisent majoritairement leur physique, qui est ainsi caricaturé à leur désavantage. Boris Vian souligne leur intérêt pour le profit qu’ils tireront de la guerre au moyen des sonorités : on note au vers 25 une allitération en [k] : « Et comptent et comptent leurs écus ». A partir du vers 27, Boris Vian devient plus violent : par ses mots, il veut infliger une humiliation personnelle à tous ces gens sans scrupule, vengeant ainsi les petits soldats héroïques. L’énumération des moyens de cette vengeance insiste sur la violence de ses intentions. Le dernier vers, « Des larmes de honte et de boue », marque le résultat de cette humiliation et le renversement de l’ordre des choses : ceux qui dominaient la situation en période de guerre sont dominés par le poète.

Ce texte montre donc tour à tour deux états d’âme successifs. D’abord ému par le sort des enfants soldats, le poète est ensuite violent à l’égard des responsables de la guerre. Ce changement d’attitude est également perceptible à travers la musicalité du texte.

Il ne faut pas oublier que les paroles de ce poème étaient destinées à être chantées : Boris Vian a soigné les effets de rythme dans l’écriture des paroles, qu’il rend ainsi plus expressives. Le rythme des phrases est remarquable. Les anaphores frappent d’emblée le lecteur : la formule dédicatoire : « A tous les enfants » se détache du reste des vers (v.1 et 4). De même, la solennité du début est accentuée par la répétition du vers 3 au vers 7 : « Je voudrais faire un monument ». Les vers 10 et 11 reprennent la formule en écho, à travers une anaphore : « Un monument de ... ». On remarque que le rythme est dans l’ensemble plutôt binaire, car les répétitions sont associées par deux : « Pas de pierre, pas de béton », « Plein de rires, plein d’oiseaux bleus » « A tous les gras tous les cocus » « Et comptent et comptent leurs écus ». Mais la violence de sa colère semble produire une accélération finale, comme en témoigne l’énumération des vers 28 à 30. Le mot « avec » est répété cinq fois en trois vers. Le poète exprime alors une grande violence physique.

On peut noter que Boris Vian a voulu faire un parallèle entre les deux parties de la chanson : les enfants-soldats partent sac au dos à la guerre comme à l’école, tandis que les puissants malfaisants ressemblent tous à d’obèses bureaucrates. Les deux mondes s’opposent comme s’ils se répondaient : à la fraîcheur du départ brumeux des petits soldats (v.2) correspondent la chaleur du bureau qui abrite les pieds des méchants instigateurs de la guerre. Il y a là une vision très manichéenne du monde : les soldats sont tournés vers l’extérieur, tandis que les « gras » sont installés tranquillement derrière leurs bureaux. De même, comme nous l’avons vu précédemment les deux parties du poème se concluent chacune par un effet de pointe finale : à la tache de sang des innocent répondent « les larmes de honte et de boue ». Ces parallélismes et ces oppositions rendent le poème très percutant : en effet, une chanson est faite pour frapper l’esprit de ses auditeurs en quelques minutes. Ici, l’auteur utilise des clichés qui se répondent et s’opposent, donnant ainsi des repères à celui qui entend la chanson. En revanche, la deuxième partie doit certainement

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