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Histoire De La Consommation

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-ils réellement le choix, qui plus est dans le contexte actuel de la crise ? La consommation est-elle un acte économique, social ? Les deux ?

L'idée de ce cours n'est pas de répondre à ces questions, à entrer dans ce débat. Cependant, vous devez, à partir des faits que nous développerons, vous forger une idée sur ces questions qui sont centrales pour votre futur métier : savoir, connaître une direction que prend aujourd'hui le monde, ou présager de certaines tendances actuelles qui seront les grandes modes de demain par exemple.

Aspects historiques

Les premiers travaux statistiques et empiriques sur la consommation ont été réalisés à la fin du 19ème en Angleterre : D'abord un pasteur anglais : David Davies, qui recueille le budget de 127 ménages, sans en faire cependant d'étude statistique. Simplement, il suggère la mise en œuvre d'un salaire minimum. Deux ans plus tard, un autre anglais : Frederick Eden; publie un ouvrage retentissant : Histoire de la pauvreté et des lois sur les pauvres. Il y détaille le budget et les dépenses de 60 familles d'agriculteur et 36 familles de non agriculteurs. Le poste nourriture était sensiblement le même pour les deux groupes : 75-74 % du budget y était consacré.

Le 19ème en Allemagne est marqué par les travaux d'Engel. En 1857, il publie « les conditions de la production et de la consommation du Royaume de Saxe ». L'idée de départ d'Engel est de critiquer la thèse de Malthus relative à la loi de la population. Selon ce dernier, la population ne doit pas dépasser un certain niveau du fait du caractère fini des ressources, alimentaires, disponibles dans l'éco. Engel défend l'idée suivante : pour maximiser la quantité de produits sur un territoire donné, il faut que la répartition de la population active entre les différents secteurs économiques ne soit pas laissée au hasard mais s'inspire de la répartition du budget de la population. Si 70 % du budget des ménages sont consacrés à la consommation, alors il faut que 70 % de la population active travaille dans les secteurs de production, de transport et de distribution de l'alimentation.

Revenons à la structure de la consommation. Dans son ouvrage, pour chaque famille, Engel va ventiler les dépenses en 9 familles :

1. la nourriture : celle prise à la maison et à l'extérieur,

2. L'habillement, qui comprend aussi le linge et le nettoyage de l'habillement et du linge

3. l'habitation, qui comprend le loyer du logement, le mobilier, les ustensiles de ménage et la prime d'assurance habitation

4. le chauffage et l'éclairage

5. l'outillage et les instruments de travail nécessaires aux membres actifs du foyer

6. l'éducation, le culte et les loisirs culturels

7. les impôts

8. la santé : médecine, cures, assurances sur la vie,

9. les services des domestiques.

Cette nomenclature est relativement proche de celles qui sont aujourd'hui utilisées dans l'étude des budgets familiaux.

Outre ce travail, Engel va chercher à établir une loi qui permet de relier le revenu des ménages et leur consommation, notamment dans le poste nourriture qui est de loin le plus important à son époque. Son idée est simple, c'est ce qu'il va démontrer sous ce que l'on appelle la loi d'Engel : plus une famille est pauvre, plus grande est la part de ses dépenses totales qu'elle est amenée à utiliser pour se procurer de la nourriture. Inversement, la proportion des dépenses de nourriture diminue quand le revenu augmente.

Cette loi va avoir un succès retentissant : très tôt, elle est reprise et vérifiée sur d'autres bases de données : En 1885, Carroll Wright constate qu'aux Etats-Unis, que sur une population homogène de familles ouvrières, classées selon des tranches de revenu, la part de l'alimentation passe de 64 % du budget pour les plus pauvres (revenu de 300 à 450 dollars) à 51 % pour les plus riches (dont le revenu est au moins égal à 1200 dollars). Ce Wright va aller encore plus loin et observer le comportement de consommation pour d'autres postes. Il en tirera trois autres lois dont il laissera également la paternité à Engel :

- la deuxième loi établit que la part des dépenses consacrées aux vêtements est approximativement la même quelque soit le niveau de revenu,

- la troisième loi établit que le pourcentage des dépenses relatives à l'habitation au chauffage, l'éclairage est invariable, quelque soit le revenu;

- la quatrième loi établit que lorsque le revenu augmente, le pourcentage des dépenses diverses augmente lui aussi.

Il y a eu quelques contestations et débats concernant ces lois d'Engel, notamment relatives à la taille du ménage. Sans entrer dans les détails, on peut simplement dire qu'Engel a pris en compte ces critiques et a proposé en 1891 de travailler en raisonnant en unités de consommation, de manière à éviter que la taille de la famille puisse intervenir sur la structure de consommation du ménage.

Aujourd'hui, les études économiques sur les dépenses quotidiennes des consommateurs forme un véritable domaine de recherche, avec ces experts, ses débats, ses lois, ses auteurs : Historiques du 19ème et 20ème : Engel, Laspeyres, Schwabe en Allemagne, Wright et Ogburn aux Etat-Unis, Halbwachs en France. Le 20ème marque également les débuts de l'économétrie de la consommation avec les travaux d'Allen et Bowley (1935), de Houtakker (1970) et de Deaton (1974).

Venons en à faire un petit détour en direction d'une forme de consommation particulière : les coopératives de consommation. L'idée n'est pas de refaire votre cours de distribution de Licence, mais de mettre l'accent sur l'originalité de ce concept, né d'un environnement spécifique : l'industrialisation des pays tels que la Grande Bretagne.

La première coopérative de consommation est fondée en Écosse au tout début du XIXème siècle par le gallois Robert Owen, socialiste utopique, dans la filature de coton de New Lanark qu'il dirigeait. Bien qu'ayant un grand retentissement à ses débuts le principe tomba peu à peu en désuétude avant de connaître un regain en 1843 avec les pionniers de Rochdale.

Cette question du pouvoir d'achat est également présente en France, mais prendra une autre tournure. Ainsi, Félix Potin ouvre son premier magasin en 1844 à Paris. Il invente aussi la marque commerciale et la livraison à domicile en 24 heures. Il ouvrira par la suite d'autres établissements sous la même enseigne vendant à prix fixés et affichés, ce sera le début du succursalisme. Les marchandises sont préemballés dans ses usines au lieu d'être reçues dans les boutiques et emballées sur place par les épiciers. Ce principe sera repris avec succès aux États-Unis, par Franklin Winfield Woolworth et son frère, en 1879 année d'ouverture de leur second magasin et donnera naissance à la chaîne de magasin Woolworth's développant au passage le concept de magasin populaire (cf. infra).

La création des Grands Magasins est initiée pour sa part par Aristide Boucicaut qui instaure les bases du commerce de masse. Il fonde en 1852 le Bon Marché et son exemple est largement suivi à Paris. Ce même magasin sera d'ailleurs la source d'inspiration principale pour Émile Zola dans le cadre de son roman Au Bonheur des Dames. Suivront ensuite la création des Grands Magasins du Louvre par Alfred Chauchard en 1855, de À la Belle Jardinière (1856), des Grands magasins du Printemps par Jules Jaluzot (1865) et de la Samaritaine par Ernest Cognacq et Louise Jay (1869). Un grand magasin est un magasin disposant d'une grande surface de vente (2500 à 92000 m2), généralement disposée sur plusieurs étages, implanté en centre ville, et proposant à la vente un vaste assortiment de marchandises exposées dans des rayons spécialisés. Ce sont des points de vente multispécialistes, dont l'assortiment est ample, large et profond.

Revenons-en à nos coopératives de consommation. Elles jouent un rôle considérable dans l'organisation alimentaire de la France durant la Première Guerre mondiale. Pourtant elles ne réussissent pas à "conquérir" les grandes villes. Les coopératives de consommation sont des organisations autogérées nées pour la plupart dans la seconde moitié du XIXe s. dans la foulée du mouvement coopératif . Des ouvriers, puis des employés, des fonctionnaires, des paysans s'associèrent en tant que consommateurs pour défendre leurs intérêts en organisant la distribution de biens d'usage courant. Il existait des coopératives qui proposaient un vaste assortiment de produits alimentaires et d'articles ménagers, d'autres qui se spécialisaient dans la distribution de lait, de pain, de viande, de charbon, etc. Certaines étaient ouvertes à tous. D'autres réservaient leur accès à certaines catégories socio-professionnelles par exemple.

Les

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