DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Histoire

Dissertation : Histoire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 15

est-elle le simple récit …?

Problème : Est-il possible de laisser les faits du passé à eux-mêmes (de relater des faits bruts), ou bien quelque chose d'autre intervient-il nécessairement dans le travail de l'historien :

· une théorie,

· la subjectivité de l'historien,

· une perspective due à nos intérêts présents qui modifient le sens des événements?

Enjeux:

· l'histoire peut-elle être considérée comme une science?

· quel intérêt pouvons-nous prendre à la connaissance historique?

· distinguer l'histoire des récits imaginaires, des aventures racontées par les écrivains.

Question : Que serait une histoire qui se contenterait d'exposer ou de relater des faits bruts? Qu'est-ce que suppose une telle thèse?

I. L'Histoire, relation de faits bruts?

1) Ceci correspond au sens étymologique du mot histoire.

histoire vient de istoria (grec) : recherche, information.

Chez Aristote, ce mot désigne un simple amas de documents, par opposition à un travail d'explication ou de systématisation. C'est ainsi qu'il peut y avoir une Histoire des animaux, simple description sans explication. De même chez Bacon, l'histoire est la connaissance de l'individuel et s'oppose à la Philosophie, ou science, qui a pour objet le général.

Conformément à l'étymologie, la connaissance historique relaterait les événements singuliers, marquants, originaux, etc., qui ont eu lieu dans le passé : la petite histoire, accumulation de tout ce qui est arrivé et qu'on a pu collecter : grandes batailles, nombre de maîtresses du monarque, traités internationaux, heures des repas…

Bien entendu, un tel catalogue non seulement ne saurait être exhaustif, mais n'aurait aucun sens.

2) L'histoire : un récit.

Hegel( Hegel, La raison dans l'histoire, plon, coll 10/18) distingue trois façons d'écrire l'histoire. Il appelle la première « histoire originale » :

« L'historien compose en un tout ce qui appartient au passé, ce qui est éparpillé dans le souvenir subjectif et contingent et ne se maintient que dans la fluidité de la mémoire; il le dépose dans le temple de Mnémosyne( Mnémosyne : déesse grecque de la mémoire, et mère des Muses, les 9 déesses grecques des arts libéraux : Clio (l'histoire), Euterpè (la musique), Thalie (la comédie), Melpomène (la tragédie), Terpsichore (la danse), Erato (l'élégie), Polymnie (la poésie lyrique), Uranie (l'astronomie), Calliope (l'éloquence).) et lui confère une durée immortelle.» (p. 24)

L'historien « compose un tout » : il unifie le divers des faits bruts en un récit. Par là, « il transforme les événements, les actes et les situations de l'actualité en une œuvre de représentation ». Il transforme ce qui est ou a été en quelque chose de spirituel. Comme l'écrit encore Hegel : « C'est de la même manière que procède le poète qui donne à la matière de ses impressions la forme de la représentation sensible ».

Exemples de tels historiens : Hérodote, Histoires ; Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse.

Ces historiens non seulement restituent les faits « "bruts »", mais donnent un exposé « "complet »" de l'événement et de ses raisons :

· les "maximes" du peuple (façons de penser, d'agir, "l'esprit du peuple" qui oriente ses actions),

· la personnalité des acteurs,

· les buts poursuivis,

· les motivations,

· l'examen de la situation politique,

· l'éthique des dirigeants,

· leur culture intellectuelle.

Pour pouvoir faire cela, pour rendre compte de façon vivante de l'époque, l'historien doit lui appartenir et être suffisamment proche des milieux,dirigeants.

Mais de là viennent les handicaps de cette façon d'écrire l'histoire : la particularité et l'actualité.

· Particularité : époques peu étendues, figures individuelles d'acteurs de l'événement, faits singuliers.

· Actualité : il est limité à son expérience vécue.

Ces historiens ne peuvent transcender le donné qu'ils relatent, prendre du recul pour évaluer les effets à plus long terme.

3) L'histoire « réfléchissante »

Cette deuxième façon d'écrire l'histoire selon Hegel « transcende l'actualité dans laquelle vit l'historien et traite le passé le plus reculé comme actuel en esprit ».

a- Elle offre :

ü une vue d'ensemble de toute l'histoire d'un peuple, d'un pays, ou du monde. Elle restitue le passé dans sa globalité, décrit de grands ensembles (longues périodes, ou vastes ensembles géographiques) tels qu'ils étaient.

ü ou bien elle tente de montrer l'intérêt actuel de l'événement ou de l'époque passés en montrant ce qui, en eux, est universel. L'historien s'attache plus à montrer les conditions générales, les structures permanentes qui régissent souterrainement les faits particuliers (par ex. la lutte des classes comprise comme le moteur de l'histoire à différentes époques). Ainsi, on pensera étudier les conditions de toute révolution en faisant l'histoire de la Révolution française. On pose alors le problème non pas de la répétition éventuelle d'événements singuliers, mais de l'universalité de structures générales de la société( exemples de sujets : L'étude de l'histoire nous instruit-elle seulement du passé? Peut-on dire que l'histoire se répète? La connaissance du passé nous permet-elle de mieux comprendre le présent?).

ü ou encore, elle se présente sous forme d'histoire "spéciale" : histoire de l'art, des religions, du droit…

b –

Une telle histoire requiert l'élaboration des matériaux (du « contenu »). Elle ne peut utiliser comme matériaux le témoignage direct de l'historien, et dépend donc de documents. Se pose alors le problème de leur fiabilité, et celui du choix des principes dans la méthode d'interprétation et d'exposition.

Mais le principal danger est de lire le passé avec les yeux du présent : danger d'une vision (interprétation — choix des faits et des documents — importance donnée à certains au détriment des autres) subjective.

« Au même titre que nous, l'historien appartient à son époque, à ses besoins et à ses intérêts. » (Hegel, op. cit., p.31)

Alors apparaît le risque d'une utilisation idéologique de l'histoire, risque identique à celui de l'ethnocentrisme pour Lévi-Strauss : interpréter et évaluer une société avec les valeurs, les intérêts, les enjeux du présent.

Une telle histoire dépasse donc non seulement le simple catalogage de faits bruts, mais aussi la particularité d'un simple récit. Le prix à payer en est l'objectivité du travail de l'historien. L'histoire peut-elle, sans n'être qu'un simple récit, prétendre à quelque objectivité? C'est la prétention du positivisme historique : établir les faits objectivement sans rien faire intervenir qui leur soit extérieur.

4) Le positivisme historique

a- La critique historique

La première tâche de l'historien est d'établir les faits grâce à des documents. Comme l'écrit le sociologue François simiand (1873-1935) : L'histoire est « une connaissance par traces ».

Types de documents:

· monuments,

· ustensiles,

· armes,

· œuvres d'art,

· monnaies,

· médailles,

· documents écrits (comptabilités, archives, papiers de famille, mémoires, journaux, correspondances, œuvres d'historiens antérieurs…)

Le travail de critique historique consiste à s'assurer de la valeur de ces documents. On peut distinguer :

ü La critique externe qui porte sur la forme du document : sur son intégrité (critique de la restitution destinée rétablir le document, qui a pu être plus ou moins altéré, dans sa forme originelle); sur son authenticité (critique de la provenance destinée à s'assurer que le document est bien de la source (auteur, époque) à laquelle il est

...

Télécharger au format  txt (25.8 Kb)   pdf (192.7 Kb)   docx (16.7 Kb)  
Voir 14 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com