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Hold Up

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rs, en introduisant des variations arbitraires dans le seul but de ne pas permettre aux produits qu’ils développent de fonctionner correctement ? Comment a-t-il usé de l’intimidation auprès des distributeurs et de l’intoxication auprès des médias pour se présenter comme le chevalier blanc de la démocratisation du savoir alors qu’il organisait méthodiquement la servitude de tous ?

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Le Hold-up planétaire

Au moment où la France s’apprête, comme nombre de pays voisins (Microsoft a déjà acquis le contrôle total de l’informatique dans l’éducation suisse), à céder au chant des sirènes de Microsoft, alors que l’Amérique elle-même combat par tous les moyens légaux la boulimie de son ogre national, un tel cri d’alarme tombe à point nommé. Il existe des alternatives technologiques viables à l’hégémonie de Microsoft : les défenseurs du logiciel libre, issus pour la plupart de la communauté scientifique, se regroupent en association pour plaider la cause de cette voie, qui permettrait à la fois de diminuer la dépendance européenne et de rapatrier en Europe les emplois que notre complaisance à l’égard de Microsoft financent aujourd’hui de l’autre côté de l’Atlantique. La France est en retard, plaident les esprits chagrins ? Justement, expliquent les auteurs, le retard français est notre meilleur atout : nous avons certes raté un train, mais c’est celui qui est en train de dérailler !

À propos de l’auteur

Dominique Nora, diplômée de l’Institut supérieur agronomique de Paris et de l’ENSA de Montpellier été journaliste au service économique de Libération de 1984 à 1988. Puis, correspondante du Nouvel Observateur aux États-Unis de 1989 à 1990. Elle est, depuis 1991, grand reporter au service économique du Nouvel Observateur, spécialisée dans les hautes technologies. Elle est l’auteur de Les Possédés de Wall Street (1987, Denoël/ Folio), Prix du Meilleur Livre Financier 1988 ; de L’Étreinte du Samouraï : le défi japonais, (1991, Calmann-Lévy/Essai), Prix Albert Costa de Beauregard-Économie 1992 ; et de Les Conquérants du cybermonde (1995, Calmann-Lévy). Roberto Di Cosmo est diplômé de la Scuola Normale Superiore de Pise et a soutenu sa thèse de doctorat à l'université de Pise avant de devenir maître de conférences en informatique à l’École normale supérieure de Paris. Il milite depuis plusieurs années pour le logiciel libre.

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À Delia, qui m’accompagne et me soutient dans cette nouvelle aventure. Et à tous ceux qui partagent avec nous le rêve d’un monde meilleur. Roberto DI COSMO

Avant-propos

Un matin du mois de mai 1998, j’avais rendez-vous au Département de mathématiques et d’informatique de l’École normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm avec Roberto Di Cosmo. Je ne connaissais pas ce chercheur en informatique, mais il m’avait adressé une copie papier d’un long texte sur Microsoft publié sur Internet, « Piège dans le cyberespace 1 », et je préparais un dossier sur ce sujet pour Le Nouvel Observateur. Je suis arrivée à son bureau vers 10 heures ; j’en suis repartie à… 15 heures, abasourdie ! Le temps d’écouter Roberto Di Cosmo décortiquer avec brio les enjeux de la mainmise de Microsoft sur la microinformatique, et ses possibles implications sur nos vies. Âgé de trente-cinq ans, italien, Roberto Di Cosmo est diplômé de la Scuola normale superiore de Pise et a soutenu sa thèse de doctorat à l’Université de Pise, avant de devenir maître de conférences à l’ENS. Ses recherches se situent à la croisée des chemins entre la programmation fonctionnelle, la logique, la théorie des catégories, la théorie des jeux et la programmation parallèle et distribuée. Il est responsable de projets universitaires internationaux et membre des comités de programme de plusieurs conférences internationales d’informatique théorique. Mais le plus remarquable est sans doute que ce curriculum vitae difficilement intelligible au commun des mortels n’empêche pas Roberto Di Cosmo de faire preuve d’un grand talent de pédagogue et d’un sens aigu de l’analogie. Surtout, il m’est apparu qu’il avait développé, depuis dix ans, une analyse assez inédite des produits et des pratiques du leader mondial du logiciel.

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Le Hold-up planétaire

Microsoft est en effet peu critiquée dans les médias français. Et, quand cette entreprise l’est, c’est en général par antiaméricanisme, par technophobie ou par fascination/répulsion pour son fondateur, Bill Gates. Rien de tout cela chez cet informaticien de haut niveau, qui juge l’entreprise sur ses produits, mais aussi à l’aune d’un idéal : l’espoir que la technologie soit utilisée pour bâtir un monde meilleur. L’informatique doit être mise au service du plus grand nombre, et non accaparée pour les plus grands profits du plus petit nombre. C’est au nom de cette conviction — largement partagée — que Roberto Di Cosmo défend, aux côtés de nombreux universitaires, la solution alternative d’une informatique ouverte, fondée sur le « logiciel libre ». J’ai compris, ce matin-là, à quel point nous, les journalistes, étions mal armés pour décoder la propagande des industriels de l’informatique. Et j’ai mieux mesuré le décalage entre les deux rives de l’Atlantique : au moment où le gouvernement américain mène contre Microsoft la plus grosse action antitrust depuis celle qui a abouti au démantèlement d’AT & T, au moment où l’opinion publique américaine elle-même commence à ouvrir les yeux sur le phénomène Microsoft, la France, au nom de la modernité, se livre pieds et poings liés au monopoliste du logiciel. C’est d’ailleurs un reportage télévisé au journal de 20 heures, un peu avant Noël 1997, qui a poussé Roberto Di Cosmo à sortir de son silence. On y voyait des consommateurs français arpenter les allées des rayons informatiques des grandes surfaces, et le commentaire identifiait purement et simplement la « modernité », l’informatique, Internet et le multimédia… aux PC équipés de produits Microsoft. Di Cosmo et ses pairs avaient l’habitude de gloser, entre eux, sur la mauvaise qualité des programmes de Microsoft, et de dénoncer la façon dont l’entreprise grignotait la sphère Internet. Mais ces propos ne sortaient pas des cercles académiques. À l’heure où les technologies de l’information transforment à

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Avant-propos

jamais la manière dont nous vivons, à l’heure où Internet s’impose comme le système nerveux de la planète, il fallait que ces opinions soient exprimées à haute et intelligible voix. D’où l’idée de ce livre d’entretiens, démontant les mécanismes, et surtout les tenants et aboutissants d’un « hold-up » planétaire. Afin que les utilisateurs de PC comprennent pourquoi leur machine « plante » si souvent. Afin que les Français puissent décrypter les enjeux du procès opposant l’État américain à Microsoft et ses conséquences possibles sur le marché de l’emploi en Europe. Afin que les citoyens épris de culture, de liberté et de transparence mesurent à quel point les options « technologiques » déterminent en réalité des choix de société qui affectent autant — sinon davantage — les béotiens que les spécialistes. Afin, surtout, que les responsables d’administrations comme d’entreprises connaissent au moins l’existence de solutions alternatives. Dominique NORA

1 Big brother ?

Dominique NORA : Microsoft est en position de quasi-monopole sur certains secteurs des technologies de l’information, comme les systèmes d’exploitation et les logiciels bureautiques, mais ses ventes représentent moins de 2 % du chiffre d’affaires de l’informatique mondiale. Pourquoi, alors, faudrait-il s’alarmer de sa domination, comme vous y invitez vos lecteurs tout au long de cet ouvrage ? Roberto DI COSMO : Ce 2 % n’est pas le bon critère à prendre en considération. Il donne la fausse impression que l’éditeur de logiciels Microsoft n’est qu’une entreprise tout à fait marginale, parce qu’elle se retrouve noyée dans un ensemble d’activités disparates en rien comparables aux siennes, qui vont de l’assemblage d’ordinateurs à la fabrication des guichets automatiques des banques (hardware, software, services et semiconducteurs). D’autres statistiques donnent une appréciation plus juste de la puissance de Microsoft : le géant de Seattle réalise à lui tout seul 41 % des bénéfices des dix premiers mondiaux du logiciel, et les systèmes d’exploitation de Microsoft équipent plus de 85 % des micro-ordinateurs de la planète. En tout état de cause, les chiffres ne donnent pas la bonne mesure du phénomène que je dénonce : le contrôle d’une industrie aussi vaste que celle de l’informatique ne passe pas forcément par la conquête de 90 % de son chiffre d’affaires. Cela se voit très bien dans les révolutions : pour renverser le pouvoir en place, les rebelles

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Le Hold-up planétaire

cherchent-ils à prendre par les armes tout le territoire du pays ? Non, il leur suffit de conquérir ces 0,1 % d’actifs nationaux considérés comme stratégiques : la station de radio,

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