L'estime comme Objet de Contemplation

Je suis consterné par ma propre bêtise, sachez-le. J'en suis atterré et rien en ce monde ne puit me consoler, pas même les accomplissements d'un temps jadis qui ont autrefois fait de moi un homme fier, un homme considéré parmi ses paires. Mais dois-je vraiment me morfondre ainsi et m'embourber dans ce misérabilisme duquel jamais plus on ne ressort une fois qu'on s'y complet. Faites moi un fleur et contemplez ce misérabiliste libidineux, d'un mauvais goût sans nom et sans égal. Libidineux, car maladif et noyé dans un excès inassouvissable. Une démesure pantagruélique pour le malheur et ces penchants en tout genre et en tout nom. Le misérabilisme est insidieux même, car rien de plus aisé que s'acharner, s'entêter à ne voir que le mal. Mal sans fond, c'est-à-dire sans queue ni tête. Un serpent se mordant la queue serait une image plus juste quant à moi. Serpent car n'étant que vices et d'une sournoiserie sans pareil. Serpent car rampant, ne pouvant s'élever de cette terre empreinte d'un ressentiment, de cette morale culpabilisante et de cette médiocrité nauséabonde. Serpent car s'attaquant ainsi aux plus démunis des colombins. Ces jobards pour qui l'estime n'est que pur objet de contemplation et par le fait même, peut être tripoté du regard par le plus crapuleux des Hommes. Un Homme, qui comme tout les siens, n'a que trop aimé ou n'a que trop détesté pour qu'on accorde à ses méditations un intérêt marquée. Cette estime qui n'est qu'image, qui n'est qu'un faux-semblant est symptomatique d'une époque qui est mienne. Trop occupé à s'abandonner au Spectacle d'une génération aliénée par le paraître, je m'aliène à mon tour. Obnubilé par le Jeu de la notoriété, nous nous fourvoyons . À chercher à tout prix et à tout-va l'approbation d'une authenticité qui serait supposément nôtre dans le regard de l'Autre, on finit sempiternellement par se perdre soi-même. Faites place je vous prie au culte de l'Individu.

L'originalité n'a ni nom, ni maître, sachez-le. Elle n'est qu'essence sans toutefois être inintelligible, inconcevable. Elle est éphémère, un passager du temps. Douce effluve qu'on ne puit humer qu'à l'occasion. Rien ne sert de vouloir l’étiqueter, l'embouteiller ainsi. Poser un mot sur l'indicible est une lubie mais peut-être est-ce simplement votre manière d'appréhender votre crainte du néant soit de l'immatériel, qu'en sais-je. C'est ainsi que le dogmatisme religieux, esseulé, laissa place au monde de la Mode. L'originalité est à présent matériel.