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La Bruyère Dissertation

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s moi." ( Des ouvrages de l'esprit, 69) il n'en demeure pas moins que l'organisation de la matière et le choix du style, en font une oeuvre originale à part entière. Il y a une modernité des Caractères Comme il y a une modernité des Pensées de Pascal : " Qu'on ne dise pas que je n'ai rien inventé de nouveau : la disposition des matières est nouvelle. Quand on joue à la paume, c'est une même balle dont joue l'un et l'autre, mais l'un la place mieux." ( fragment 575, édition Sellier)

I UN BUT DIDACTIQUE ( cette question est traitée, en partie, dans les généralités sur Les Caractères)

Dans la préface La Bruyère se défend d'être un législateur, c'est-à-dire un prescripteur de "lois morales" mais en revanche dans la préface à son discours d'intronisation à l'Académie Française, il revendique un triple objectif :

la dénonciation des défauts des hommes : " [...] j'essaie dans mon livre des Mœurs, de décrier, s'il est possible, tous les vices du cœur et de l'esprit"

la correction des aveuglements et des passions des hommes : " [...] j'essaie dans mon livre des Mœurs [...] de rendre l'homme raisonnable..."

l'intention apologétique : " [...] j'essaie dans mon livre des Mœurs [...] de rendre l'homme [...] plus proche de devenir chrétien."

La bruyère est-il un moralisateur ?

On peut constater, tout au long de l'œuvre que La Bruyère ne dicte pas de règles, qu'il n'assène pas des leçons de morales, mais qu'il se contente le plus souvent de montrer les défauts, les erreurs qu'il observe chez ses contemporains.

Pour autant, La Bruyère ne se contente pas de constater que « Les grands se plaisent dans l’excès » (Des Grands, 5), il invite à la modération. En effet, si les courtisans se donnent beaucoup de mal pour satisfaire leur amour propre, s’ils réussissent parfois, l’homme de cour est le plus souvent malheureux car il est rongé par la jalousie, cette « maladie de l’âme », parce qu’il veut toujours plus et mieux. De plus, La vie du courtisan est compliquée, c’est un véritable parcours du combattant plein de tracas et désagréments aussi La Bruyère vante-t-il les mérites d’une vie simple, avec moins d’éclat mais un bonheur garanti : « Le meilleur de tous les biens […] c’est le repos, la retraite et un endroit qui soit son domaine» ( de la Cour, 98). Ce n’est pas dans la démesure que l’homme peut trouver la sérénité Il vaut mieux être modeste, avoir des ambitions à sa mesure et savoir accepter la place qui lui assignée :

« Contentons-nous de peu, et de moins s’il est possible » ( Des Grands, 51) .

La Bruyère recommande aussi la discrétion, il faut agir « simplement, naturellement […] sans faste » ; faire le bien est « un devoir dont [on] s’acquitte » ( Des Grands, 46) et plus le geste est sincère plus il est discret, contrairement à Aristarque qui fait annoncer haut et fort « que demain il fera une bonne action. » ( Des Grands,45)

La Bruyère est un moraliste pas un moralisateur.

En effet, on peut constater, tout au long de l'œuvre que La Bruyère ne dicte pas de règles, qu'il n'assène pas des leçons de morales, mais qu'il se contente le plus souvent de montrer les défauts, les erreurs qu'il observe chez ses contemporains.

La Bruyère est avant tout un écrivain qui réfléchit sur les mœurs de son époque et sur la condition de l’homme. Il veut faire éclater l’évidence à partir de ses observations et non pas asséner sur un ton péremptoire un raisonnement abstrait. Il ne cherche pas non plus à légiférer les mœurs ni à prêcher une morale sociale.

Son ouvrage est une suite de constats qui n’ont pour but que de faire réfléchir. D’ailleurs il se tient à distance de leçons de morale sentencieuses, par modestie : « Je n’ai pas assez d’autorité ni assez de génie pour faire le législateur » mais aussi parce qu’il ne prétend pas détenir la vérité et qu’il accepte que ses remarques puissent être reconsidérées : « Ceux qui font des maximes veulent être crus : je consens au contraire que je n’ai pas quelquefois bien remarqué, pourvu que l’on remarque mieux. » ( Préface)

De plus, souvent il module et atténue ses propos et loin d’afficher sa certitude, il a recours à des formules dubitatives telles que « Je ne sais », « Il me semble. » Il est un témoin plus qu’un juge et s’il dit, sans détour parfois, ce qui le choque ou ce qui l’indigne ce n’est pas pour imposer sa vision de la société mais pour faire appel au bon sens du lecteur, pour l’inviter à s’interroger. D’ailleurs quand il recommande « l’étude des textes », il explique quel usage on doit en faire : « […] songez surtout à en pénétrer le sens dans toute son étendue et dans ses circonstances ; conciliez un auteur orignal, ajustez ses principes, tirez vous-mêmes les conclusions. » ( de quelques usages, 72) Ainsi propose-t-il à chaque lecteur de s’approprier le texte et de se l’appliquer à lui-même. La lecture des Caractères nécessite de la part du lecteur une démarche active. Souvent il pose des questions et se garde d’y répondre, laissant ainsi le lecteur libre de répondre en fonction des circonstances : « Qui peut, avec les plus rares talents et le plus excellent mérite, n’être pas convaincu de son inutilité, quand il considère qu’il laisse en mourant un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer ? » ( Du mérite personnel, 1)

La Bruyère multiplie les exemples de comportements déshonorants pour l’homme moins pour dire ce qu’il ne faut pas faire pour être digne que par souci de vérité. C’est un peintre, non un théoricien et l’on peut dés lors considérer Les Caractères comme un document utile pour connaître la société du dix-septième siècle. Même si certains chapitres, tel celui Du Cœur, distillent des remarques très moralisatrices, il n’en demeure pas moins que La Bruyère est davantage un philosophe, tel qu’il le définit , à savoir celui qui « consume sa vie à observer les hommes et [qui] use ses esprits à en démêler les vices et le ridicule » (Des ouvrages de l’esprit, 34), qu’un moralisateur.

II UN BUT APOLOGETIQUE ( cette question est traitée dans les enjeux de l'œuvre et dans la structure de l'œuvre.)

III FAIRE LE PORTRAIT DES HOMMES

C'est d'abord à ses contemporains que La Bruyère pensait en écrivant Les Caractères et c'est à eux qu'il les destine : " Je rends au public ce qu'il m'a prêté ; j'ai emprunté de lui la matière de mon livre". Il a fait le portrait des hommes du dix-septième siècle, et plus particulièrement des parisiens ( La Bruyère connaissait très peu la province, et pas du tout le monde rural, ce qui explique qu'il en est peu question dans son ouvrage), et les nobles qui vivaient à Versailles. Mais La Bruyère nous met en garde contre une lecture trop restrictive de son oeuvre : " [...] ce sont les caractères ou les mœurs de ce siècle que je décris ; car bien que je les tire souvent de la cour de France et des hommes de ma nation, on ne peut néanmoins les restreindre à une seule cour, ni les renfermer dans un seul pays, sans que mon livre ne perde de son étendue, de son utilité, ne s'écarte du plan que je me suis fait d'y peindre les hommes en général..."

Pour la Bruyère, les hommes du dix-septième siècle ne sont pas des cas particuliers. Certes leurs comportements sont en relation étroite avec le contexte dans lequel ils vivent mais le fond de leurs caractères est constant et intemporel, c’est la forme qui est différente. Héritier fidèle de Montaigne qui écrivait dans ses Essais : « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition » ( Livre III, chapitre 2), La Bruyère est convaincu que les hommes « changent leurs habits, leur langage, les dehors, les bienséances, ils changent de goût quelquefois : ils gardent leurs mœurs toujours mauvaises, fermes et constants dans le mal, ou dans l’indifférence de la vertu. » ( De l’Homme, 2). Pour être le plus vrai possible, il fallait partir de l’observation de la réalité, car c’est à travers les petits détails de la vie quotidienne que les hommes se dévoilent tels qu’ils sont. Par ailleurs, l’auteur doit éviter de se livrer à une étude abstraite s’il veut atteindre un but édifiant, il faut s’appuyer sur des exemples concrets pour que le lecteur se reconnaisse. Montrer à l’homme ses erreurs à partir de situations réelles confère de la

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