La Femme Fatale

plus, la sensualité de la femme contribue grandement à son pouvoir de séduction. C’était la première fois qu’il «la voyai[t] ainsi, dans la tenue splendide et indiscrète d’une femme en toilette de bal [...] au lieu de répondre à son regard paisible, [ses] yeux s’arrêtaient maladroitement sur un noeud de diamants qui flamboyait à son corsage» (Une jeunne mariée, l.16 à 19), il se haussa «tout palpitant pour voir le corsage et fut complètement fasciné par une gorge chastement couverte d’une gaze» (Le premier baiser, l.18-19). La femme sait comment se rendre attrayante et comment séduire l’homme. Elle porte des vêtements ornés de fins tissus qui la mettent en valeur. Sans compter les accessoires qui attirent le regard de l’homme. Ce jeu de séduction n’aboutira pas à ce que nous aurions pu imaginer.

En deuxième lieu, nous constatons que l’homme se rapproche de la femme tandis que celle-ci s’en éloigne. Tout d’abord, la femme prétend être une victime lorsque l’homme finit par évoquer des sentiments envers elle. Après avoir été embrassée sur les épaules le «pourpre de la pudeur offensée étincela sur son visage, que désarmait déjà le pardon de la femme qui comprend une frénésie quand elle en est le principe» (Le premier baiser, l.32-33). La femme agit comme une victime dans une situation qu’elle a elle-même créée. Elle séduit l’homme qui s’exalte et exprime fébrilement sa passion. La femme semble offensée et le repousse soudainement et «s’en [aller] par un mouvement de reine» (Le premier baiser, l.34-35). Elle laisse l’homme pantois et s’en va hautaine comme une reine qui triomphe de son jeu. Par ailleurs, nous remarquons que les sentiments que chacun a envers l’autre sont différents. L’homme découvre que «le mouvement du bal agit sur elle et sur [lui] en sens contraire : elle devient parfaitement libre et presque joyeuse ; quand à [lui], [il] devin[t] plus sombre à mesure qu’[il] la voyait plus gaie, et plus troublé à mesure qu’[il] trouvai[t] en elle des attraits extérieurs qui d’une créature presque angélique faisaient tout simplement une femme accomplie» (Une jeune mariée, l.31 à 34). Dans cet extrait, la femme adopte une attitude détachée, elle semble bien dans sa peau et elle se montre indépendante tandis que l’homme éprouve de l’admiration et tomberait aisément en amour avec cette femme. Il la perçoit comme une femme parfaite qui a tout pour plaire et avec qui il aimerait être. Il est amèrement déçu lorsqu’il constate qu’elle ne partage pas ses nobles sentiments et que leur histoire d’amour semble impossible.

Dans les extraits «Le premier baiser» et «Une jeune mariée», nous pouvons affirmer que la femme fatale est un sujet de prédilection. En nous basant sur les relations entre les personnages masculins et féminins, nous pouvons bien distinguer cette femme qui se sert de ses attraits physiques afin de piéger un homme malchanceux. C’est en séduisant à l’aide de sa sensualité et de ses gestes que le personnage féminin joue son jeu et s’en échappe en prétendant être une victime ou avoir des sentiments différents. Fromentin et Balzac décrivent bien le rôle et les caractéristiques de la femme fatale dans ces deux oeuvres grâce à leurs multiples observations et analyses de la réalité. Leur roman respectif a un caractère autobiographique qui teinte leur

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