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La Notion Utopique Du Bonheur

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=état de plénitude = durée.

Plaisir

Expérience agréable liée à des sensations, donc à un éprouvé corporel ou psychique = émotion, affect (manger une glace, regarder un film; boire; fumer; jouer etc.)

-accompagne un acte

-s'oppose à la douleur

-vient de l'extérieur

-de l'ordre de l'avoir

Satisfaction qui a lieu dans l'instant (= éphémère) et qui est partielle car peut coexister avec la douleur (peut la suivre, la précéder)

Pour que le bonheur consiste dans le plaisir, il faut donc que le plaisir puisse durer, ou qu'il existe un type de plaisir durable ; et que tous les plaisirs ne s'opposent pas au bonheur, état stable et permanent.

C'est ce plaisir qu'il va nous falloir chercher. Si nous ne le trouvons pas, alors, nous répondrons non à la question qui nous est posée.

Pour répondre à ce problème, nous allons nous attacher à un texte essentiel pour le traitement de cette question : il s’agit du Gorgias de Platon. Plus précisément, du passage 491 sq., qui pose la question de savoir à quoi mène une vie toute entière dévouée à se procurer et à satisfaire tous les plaisirs

Cela mène-t-il au bonheur ? Est-ce un idéal de vie possible voire même l’idéal de vie en soi ?

I- CONTEXTE : GORGIAS 466 C : FAIRE CE QUI NOUS PLAÎT ET FAIRE LE BIEN

466 c : Socrate : Dis-moi, à ton avis, les hommes souhaitent-ils faire chaque action qu'ils font? Ou bien, ce qu'ils veulent, n'est-ce pas plutôt le but qu'ils poursuivent en faisant telle ou telle chose? Par exemple, quand on avale la potion prescrite par un médecin, à ton avis, désire-t-on juste ce qu'on fait, à savoir boire cette potion et en être tout indisposé? Ne veut-on pas plutôt recouvrir la santé? N'est-ce pas pour cela qu'on boit la potion?

Polos : Oui, ce qu'on veut, c'est la santé, évidemment.

468 c-d : Socrate : Personne ne veut donc massacrer, bannir, confisquer des richesses, pour le simple plaisir d'agir ainsi; au contraire, si de tels actes sont bénéfiques, nous voulons les accomplir, s'ils sont nuisibles, nous ne le voulons pas. Car nous voulons, comme tu dis, les bonnes choses, mais, nous ne voulons pas ce qui est neutre, et encore moins ce qui est mauvais, n'est-ce pas?

(…) Donc, nous sommes bien d'accord là-dessus : si on fait mourir un homme, si on l'exile de la cité, si on s'empare de ses richesses -quand on agit ainsi, qu'on soit un homme ou un tyran, c'est dans l'idée que de pareilles actions sont avantageuses pour celui qui les commet, mais si, en fait, elles sont nuisibles, leur auteur, malgré tout, aura fait ce qui lui plaît. N'est-ce pas?

Polos : Oui.

Socrate : Tout de même, fait-il vraiment ce qu'il veut, s'il s'avère que les actes qu'il a accomplis lui-même sont mauvais pour lui? Tu ne réponds pas.

Polos : Eh bien, non, il ne me paraît pas qu'il fasse ce qu'il veut.

Socrate : Alors, comment un tel homme peut-il être tout-puissant dans sa propre cité?

L'interlocuteur de Socrate est en train de dire que l'orateur et le tyran sont tout puissants et heureux parce qu'ils peuvent tout ce qu'ils veulent, ils ont tous les pouvoirs. Cf. mentir, tuer, etc.

Réponse de Socrate : faire tout ce qui nous plaît, et ce qui nous procure du plaisir, ne revient pas toujours à faire ce qui est bien, même si cela nous paraît bien (cf. exemple : "pouvoir faire tout ce qu'on a envie de faire sans avoir toute sa tête, tu es d'accord pour dire que c'est un mal?"). Faire ce qui nous plaît, c'est certes faire ce qui nousparaît le meilleur, mais pas nécessairement ce qui est bien.

Ce que présuppose l’intervention de Socrate, c’est la thèse selon laquelle c'est toujours par ignorance qu'on agit mal ; on nomme cette thèse l’intellectualisme moral (car elle stipule que si l’on connaissait le mal, on ne le ferait jamais ; elle assimile donc, on le voit, la mauvaise action à un manque de connaissance, et à un défaut de reconnaissance, quand il s’agit de prendre à tort un mal pour un bien). Mais pourquoi une telle thèse ? Socrate s’appuie sur le fait que nul ne peut vouloir le mal, encore moins son propre mal; ce qui explique donc que certains peuvent faire des actes nuisibles, soit aux autres, soit à eux-mêmes, ce ne peut être que le fait qu'ils ne connaissent pas le bien. Si en effet ils savaient que ce qu'il font est nuisible, ils ne le feraient pas puisque leur volonté ne peut sans contradiction se donner le mal pour objet. Nul n'est méchant volontairement : le méchant est à plaindre. (Bref : pas de méchant heureux!)

D'où toute une théorie de la punition : celui qui a fait quelque chose de mal doit être puni, pour son bien. Le criminel ayant souillé son âme, laisser le crime impuni, c'est la pire des choses qui puisse arriver à quelqu'un. La punition est là pour lui faire connaître ce qu'il ne connaissait pas, pour l'améliorer.

II- GORGIAS 491 D : L'ARRIVÉE DE CALLICLÈS

C'est donc dans ce contexte (celui de la distinction socratique entre " faire le bien " et " faire ce qui me plaît ") qu'arrive Calliclès. Au début du texte suivant, Socrate discute ou plutôt se dispute avec lui pour savoir comment il faut vivre, ie, quelle vie mérite d'être choisie pour elle-même.

491 d sq. : Calliclès : Mais que veux-tu dire avec ton "se commander soi-même"?

Socrate : Oh, rien de compliqué, tu sais, la même chose que tout le monde : cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même.

Calliclès : Ah! Tu es vraiment charmant! Ceux que tu appelles hommes raisonnables, ce sont des abrutis!

Socrate : Qu'est-ce qui te prends? N'importe qui saurait que je ne parle pas des abrutis!

Calliclès : Mais si, Socrate, c'est d'eux que tu parles, absolument! Car comment un homme pourrait-il être heureux s'il est esclave de quelqu'un d'autre? Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste de nature? hé bien, je vais te le dire franchement! Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer. Seulement, tout le monde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela. C'est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire. La masse déclare donc bien haut que le dérèglement -j'en ai déjà parlé- est une vilaine chose. C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes dotés d'une plus forte nature que celle des hommes de la masse; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause du manque de courage de leur âme. (…) (les hommes qui exercent le pouvoir ) sont des hommes qui peuvent jouir de leurs biens, sans que personne y fasse obstacle, et ils se mettraient eux-mêmes un maître sur le dos, en supportant les lois, les formules et les blâmes de la masse des hommes! Comment pourraient-ils éviter, grâce à ce beau dont tu dis qu'il est fait de justice et de tempérance, d'être réduits au malheur, s'ils ne peuvent pas, lors d'un partage, donner à leurs amis une plus grosse part qu'à leurs ennemis, et cela, dans leurs propres cités, où eux-mêmes exercent le pouvoir! Ecoute, Socrate, tu prétends que tu poursuis la vérité, eh bien, voici la vérité : si la facilité de la vie, le dérèglement, la liberté de faire ce qu'on veut, demeurent dans l'impunité, ils font la vertu et le bonheur! Tout le reste, ce ne sont que des conventions, faites par les hommes, à l'encontre de la nature. Rien que des paroles en l'air, qui ne valent rien!

Socrate : (…) Alors, explique-moi : tu dis que, si l'on veut vivre tel qu'on est, il ne faut pas réprimer ses passions, aussi grandes soient-elles, mais se tenir prêt à les assouvir par tous les moyens. Est-ce bien en cela que la vertu consiste?

Calliclès : Oui, je l'affirme, c'est cela la vertu!

Socrate : Il est donc inexact de dire que ceux qui n'ont besoin de rien sont heureux.

Calliclès : Oui, parce que, si c'était le cas, les pierres et même les cadavres seraient tout à fait heureux!

Socrate : Mais, tout de même, la vie dont tu parles, c'est une vie terrible! (…) En effet, chez les hommes qui ne

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