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La jeunesse n'est qu'un mot, Pierre Bourdieu

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Par   •  27 Mars 2024  •  Dissertation  •  1 210 Mots (5 Pages)  •  39 Vues

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Pierre BOURDIEU, «La jeunesse» n’est qu’un mot, Questions de sociologie, Paris, éditions de Minuit, 1984, pp. 143-154.

« La jeunesse» n’est qu’un mot est un article paru en 1978 à la suite d’un entretien donné par Pierre Bourdieu pour la revue « Les jeunes et le premier emploi ». L’emploi des guillemets souligne que « jeunesse » n’est bien qu’un mot au sens propre  mais que son emploi sans la sphère sociale lui confère un statut scientifique, ce que réfute l’auteur. Si l’auteur remet question la variable de l’âge pour définir « la jeunesse », il ne renonce pas pour autant à en définir des contours sociologiques. Nous verrons dans une première partie que pour Pierre Bourdieu, le mot « jeunesse » véhiculée par les médias est une construction sociale sans fondements scientifiques et qui produit une unité sociale apparente. Nous verrons dans une seconde partie que « la jeunesse » existe en temps que groupe structuré et organisé autour des conflits intergénérationels et des enjeux de lutte de pouvoirs.

I. « LA JEUNESSE » : UNE CONSTRUCTION SOCIALE

En sociologie, la classification selon l’âge impose des limites. Pierre Bourdieu montre que « la jeunesse » n’est pas une donnée immuable qui peut faire l’objet d’un statut.

A. Une donnée sans fondement scientifique

Pierre Bourdieu définit « la jeunesse » comme un état variable dans le temps utilisé à tort comme une donnée sociologique.

- Un état intermédiaire :  selon Pierre Bourdieu, la jeunesse est un état « mi-enfant », «mis-adulte » ou « ni enfant », « ni adulte » qui place l’individu en dehors du jeu social. Cette donnée est très variable dans le temps. Au 19ème siècle (fils de paysans et d’artisans  placés en CES à l’âge où leurs parents travaillaient) et illustre le  paradoxe de Pareto : on ne sait pas à quel âge commence la vieillesse.

- L’irresponsabilité provisoire est une caractéristique retenue pour définir cet état intermédiaire. Il y a une confusion entre deux situations sociales : les jeunes qui sont au travail (conditions, revenus) et les étudiants : irresponsabilité provisoire (ils sont à la fois enfants pour cetraines choses et adultes pour d’autres).

- Une trajectoire sociale : les jeunes qui sont dans des écoles prestigieuses ont plus d’attributs adultes que jeunes. Ils sont plus proche de la sagesse donc du pouvoir que les jeunes décrits par des stéréotypes (jeans, cheveux longs). Pierre Bourdieu met en avant qu’il n’y a pas une culture commune aux jeunes mais des « sous-cultures ». Pierre Bourdieu voit davatage « la jeunesse » comme une position sociale qui est plus liée à la condition qu’à la biologie.

B. Une unité sociale apparente

Pierre Bourdieu écrit qu’il serait plus pertinent d’analyser les différences entre les deux jeunesses qui appartiennent à des univers sociaux qui ont peu de choses en commun pour dépasser le brouillage des limites.

-  Deux jeunesses qui ne forme pas un groupe structuré : d’un côté, les héritiers et de l’autre, la jeunesse sans avenir. Pierre Bourdieu souligne que les écarts se retrouvent sans une même classe d’âge d’étudiants. La manipulation des aspirations  menée par l’école entraîne une stigmatisation sociale nouvelle et une reproduction sociale.

- Un artefact qui fait la promotion d’un principe d’égalité (accès aux études pour tous) contre une inégalité de fait (l’école n’a pas tenu ses promesses d’ascenceur social). Il y a confusion entre deux situations sociales regroupées abusivement dans une unité sociale.

- Un brouillage de la diversité des jeunesses due à la massification scolaire : les jeunes ont accès à des études supérieures quelque soient leurs conditions sociales. Les limites sont brouillées pour les enfants d’artisans, de mineurs qui n’avaient pas d’autres choix que d’exercer le même travail que leurs parents et sont brouillées pour les jeunes des classes supérieures carles diplômes deviennent accessibles à des gens « sans valeur ».

II. LA JEUNESSE : UNE CONSTRUCTION GÉNÉRATIONNELLE

Au-delà des différences de classe, Pierre Bourdieu montre que la jeunesse existe en temps que groupe structuré sur des intérêts collectifs qui se construisent en opposition à la génération précédente.

A. Un conflit intergénérationel

- Une rupture avec les parents : en plaçant les jeunes en dehors du champ social, l’école, crée une rupture entre le jeune et sa famille qui se retrouve dans un champ social différent (particulièrement marqué pour la classe ouvrière). Dans la classe bourgeoise, le conflit naît de l’allongement de la succession patrimoniale. « La jeunesse » se retrouve pour défendre sa condition d’étudiants contre les parents qui ont soit intérêt à écourter leur statut d’étudiant (ouvriers) ou à l’allonger (bourgeois).

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