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La ruee vers le grand nord: arctique

Étude de cas : La ruee vers le grand nord: arctique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  3 Février 2018  •  Étude de cas  •  2 613 Mots (11 Pages)  •  824 Vues

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Arctique : la ruée vers le grand Nord, Quels enjeux géopolitiques et géoéconomiques ?

Depuis le début de la fonte de la calotte glacière, l’arctique fait l’objet de débats stratégiques. Contrairement à l’antarctique le pôle nord n’est pas protégé par le droit international, il se retrouve donc au centre d’une concurrence féroce entre ses pays frontaliers : Parmi eux la Russie (ayant achevé la construction d’un champ de gaz financé à 20% par le français Total) ; les USA qui autorisent depuis peu l’exploitation des gisements d’hydrocarbure au large de l’Alaska ; la chine qui a annoncé qu’elle veut faire de l’arctique une route polaire de la soie. Ainsi, une bataille pour l’arctique est engagée et des jeux de pouvoir se dessinent.

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 À la suite de la fonte de la banquise de nouvelles routes maritimes s’ouvrent : la voie Nord-Est longeant la frontière sibérienne avec l’Arctique, et la voie Nord-Ouest longeant les côtes de l’Alaska et du Canada en contact avec le Pôle Nord. Ces routes constituent un trajet plus court que celles existant pour relier l’Europe, l’Asie, le Pacifique et l’Amérique du Nord. Plus précisément la route Nord-Est permettrait de réduire la distance à parcourir pour les navires qui la traverserait de 37% par rapport au chemin classique qui passe par le canal de Suez. Le passage du Nord-Ouest lui aussi réduirait la distance, par exemple entre Rotterdam et Seattle de 2000mn, c’est-à-dire de 25% par rapport au chemin passant par le canal de Panama. Par exemple aujourd’hui la distance du trajet entre Hambourg et le Japon a été réduite d’un tiers, et sur cette route le volume de cargaisons a augmenté de 25% en 2017 ; mais ce sont les ressources naturelles qui sont les plus convoitées. En effet le pôle Nord abriterait 22% des réserves mondiales de gaz et de pétrole (13% des ressources en pétrole et 30% des ressources en gaz non découvertes s’y trouvent), aussi d’importantes ressources minières et halieutiques, qui se libèrent progressivement dû au réchauffement climatique qui entraîne la disparition progressive du pergélisol. Il y va de même pour les ressources liées à la pêche car de la fonte de la banquise s’en suit la migration d’espèces dans la mer Arctique naissante, créant ainsi de nouveaux espaces propices à la pêche.

 Les hydrocarbures, les ressources minières et halieutiques mettent en exergue l’opportunité de ce territoire à être conquis : d’où la mise en place de stratégies par les États dans l’optique de s’approprier ce territoire. Allons-nous vers une possible guerre des pays riverains pour s’approprier ces richesses ?

C’est dans cet élan que s’inscrivent les États limitrophes membres du Conseil de l’Arctique à savoir le Canada, le Danemark, les États Unis, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Russie et la Suède quand ils souhaitent contrôler les ressources de l’Arctique ; au même titre que la Chine et le Japon qui ne restent pas en marge.

La question qui se pose est de comprendre les réels enjeux de cette ruée vers le Grand Nord, à savoir le contrôle de cette zone par les grandes puissances mondiales : est-elle synonyme d’une course militaro-économique ?

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Les trois plus grandes puissances dans cette compétition sont la Russie, la Chine et les Etats-Unis. Mais comment faire valoir sa souveraineté sur un territoire presque désert et qui, surtout, n’appartient officiellement à personne ?

  • La Russie a un très grand intérêt pour toutes ces richesses se trouvant sur plus de 40% du territoire en Arctique et souhaite pouvoir en assurer le contrôle.

 Pour cela, elle a d’ailleurs clamé en 2001 qu’elle serait en réalité propriétaire de 1,2 millions de kilomètres carrés au Pôle Nord car ce territoire se trouverait sur son plateau continental, or il est estimé que cette zone renfermerait 4,9 milliards de tonnes d’hydrocarbures, soit le double des réserves de l’Arabie Saoudite. De plus Moscou a lancé une campagne de militarisation de sa frontière sibérienne avec l’Arctique, en y ayant stationné notamment environ 60% de sa force navale et y effectue des patrouilles aériennes armées régulières. Parallèlement la Russie est en train de réactiver les anciennes bases militaires soviétiques de la région. Grâce à cette force militaire la Russie peut davantage asseoir une position dominante sur l’Arctique et plus particulièrement sur la Route Nord-Est, et ce en interdisant le passage aux navires de pays qu’elle ne souhaiterait pas voir circuler sur cette voie. Cela, en plus de l’exploitation de ressources naturelles, lui permettrait de réaffirmer sa place sur l’échiquier politique mondial. Enfin pour ce qui serait de l’exploitation de cette route elle a un avantage significatif par rapport à la route Nord-Ouest du fait qu’elle est mieux préparée en termes d’équipement mais aussi d’expérience. Par exemple la Russie dispose déjà de plus de 40 navires brise-glaces, dont 6 nucléaires, et va-t’en construire 10 de plus, d’un autre côté les Etats-Unis n’ont qu’un seul navire brise-glace pouvant circuler en Arctique toute l’année. La Russie a donc mis en place une véritable stratégie de conquête de grande envergure, régulièrement réactualisée, avec une volonté de « transformer la zone Arctique en la première base stratégique des ressources russes d’ici 2020 ».

Néanmoins, pour pouvoir exploiter ces ressources naturelles (notamment le gaz et les hydrocarbures) et explorer ce territoire plus en profondeur, la Russie a besoin de mettre en place des partenariats et des collaborations avec d’autres pays et leurs entreprises, notamment pour bénéficier de leur expertise et de leur technologie. Entente entre la Norvège et la Russie pour attirer les investisseurs plutôt que de se faire la guerre ils ont atteint un compromis. En effet, l’arrangement, méconnu, est exceptionnel. « Les Russes ont accepté de faire un compromis, ce qui est remarquable de la part d’une grande puissance », se félicite Trond Dahlberg, ingénieur de projet chez Tschudi Group. Une bonne volonté qui s’explique par une nécessité : celle de la stabilité. Si les deux pays souhaitent exploiter le potentiel économique de la région, ils doivent intéresser les investisseurs. Et s’ils souhaitent intéresser les investisseurs, ils doivent éliminer les sources potentielles de tensions. Chacun, de plus, a besoin de l’autre. De plus, dans le cas du complexe gazier Yamal LNG qui est le fruit d’une coopération entre Gazprom et Total, ou comme en mer de Kara où la compagnie pétrolière russe d’Etat Rosnef collabore avec l’italien Eni, le britannique BP et l’américain Exxon mobil, qui a même déplacé une de ses stations pétrolières vers cette mer et ce alors que la Russie était sous le coup de sanctions à cause de son intervention en Ukraine. D’ailleurs ces sanctions internationales représentent un autre des challenges auxquels la Russie doit faire face dans son projet pour l’Arctique.

Pour ce qui est de la Chine elle aussi souhaite bénéficier des richesses de l’Arctique qu’elle juge de « patrimoine commun de l’humanité ».

En effet elle, comme beaucoup de pays d’Asie, a un grand besoin énergétique et en différentes ressources minérales dont l’Arctique regorge (or, fer, cuivre, uranium etc.), d’ailleurs certaines régions comme le Groenland contiennent des quantités phénoménales de terres rares, alors que la Chine est le leader mondial dans ce domaine. Pour pouvoir assurer son approvisionnement en énergies et minerais, ainsi qu’en autres types de ressources, la Chine est en train d’investir de manière massive en Afrique tout comme au Pôle Nord comme dans le cadre de la construction de son hub touristique et industriel en Atlantique Nord qui serait lié à la route Nord-Est, mais aussi de multiplier les accords scientifiques et commerciaux. De plus en 2015 elle a obtenu l’autorisation du Groenland pour exploiter son sous-sol, et en 2014 la compagnie chinoise CNOOC a conclu un partenariat avec celle islandaise Eykon pour exploiter la zone pétrolifère de Dreki au nord-est de l’Islande. Mais la consécration de ce rapprochement sino-islandais a eu lieu en 2010 quand la Chine a aidé l’Islande à sortir de sa crise financière. D’ailleurs cela montre la stratégie de la Chine envers les pays limitrophes au Pôle Nord qui consiste à leur venir en aide de manière financière ou au travers de la création d’infrastructures, mais surtout elle tisse des liens diplomatiques, des partenariats et des coopérations avec eux et ceux dans le but de pouvoir exploiter les différentes ressources qui s’y trouvent, ayant trouvé “le bon discours aux membres du Conseil de l’Arctique et aux populations autochtones en affirmant son respect de la souveraineté des Etats” selon la professeure de droit Rachael Lorna Johnstone. Dans cet objectif la Chine a aussi mise en place un accord de coopération avec la Russie pour les mêmes buts pour pouvoir sécuriser son accès à la route Nord-Est, d’ailleurs elle loue régulièrement des navires brise-glaces à la Russie. Néanmoins elle souhaite pouvoir s’émanciper de celle-ci en ce qui concerne l’accès et la navigation, par exemple elle a commencé à construire ses propres brises glaces ce qui lui permettra à terme de ne plus dépendre sur ce point des russes pour sa navigation en Arctique, mais la Russie ne voit pas cela d’un très bon œil.

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