Le Discours

est liée à celle exprimée par B de façon à constituer une continuité. Cette continuité permet de juger si la forme d’un énoncé se conforme à un contexte discursif donné.

Pour la notion « cohérence » :

A : Vous me rapporterez le paquet demain, hein ?

B : Je pars ce soir pour Paris.

Apparemment, il existe aucun rapport formel entre ces deux propositions. Cependant, nous pouvons quand même saisir le sens du discours en nous attachant aux actes illocutionnaires que les propositions servent à accomplir. Nous pouvons songer à une situation dans laquelle B explique à A qu’il ne pourrait pas lui rapporter le paquet demain parce qu’il part ce soir pour Paris. Ainsi pouvons-nous voyons ce qu’exprime la proposition exprimée par B en tant qu’acte illocutionnaire à l’intérieur de la situation considérée. Le lien propositionnel implicite peut être rétabli de la façon suivante :

A : Vous me rapporterez le paquet demain, hein ?

B : (Je ne pourrais pas vous le rapporter, parce que) Je pars ce soir pour Paris.

Dans le premier cas, c’est notre connaissance des liens de cohésion qui nous permet d’interpréter les liens de cohérence. Dans le second cas, c’est notre interprétation des actes illocutoires qui nous permet d’établir des liens de cohésion.

Tout discours, oral ou écrit, met en scène un seul locuteur (discours publics ou conférences), peut être défini par les relations entre les propositions et les actes illocutionnaires. Les liens cohésif et cohérent doivent être interprétés par le destinataire du message, soit l’auditeur ou le lecteur. La différence n’existe pas entre « écrit » et « oral », mais entre perspective formelle et perspective communicative : du côté de la cohésion, le langage est considéré comme un ensemble d’éléments formels relié par des instruments de cohésion, alors que du côté de la cohérence, le langage est considéré comme un ensemble d’énoncés visant à accomplir des actes communicatifs.

En outre, le discours est un processus au lieu d’un produit fini, qui s’élabore autour de deux axes, paradigmatique et syntagmatique. « La dimension syntagmatique est le lieu de l’interaction simultanée entre les différents éléments formels de la chaîne du discours les différents niveaux d’intention communicative sur lesquels il s’élabore et les différents mondes d’expérience auxquels appartiennent les interlocuteurs. »[9] Autrement dit, le discours est composé de formes linguistiques déterminées, de principes pragmatiques variables qui règlent le discours tels que types d’échange, séquence d’actes de parole, règles et inférences conversationnelles, ainsi que de règles sémantiques du discours comme notions universelles, concepts individuels ou collectifs, etc. En un mot, pour apprendre à communiquer, il faut avant tout acquérir la connaissance des conventions qui orientent le processus de la communication.

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[1] Benveniste, Problèmes de linguistique générale,1966, P.242

[2] Widdowson, Exploration in Applied Linguistics, 1979, P.93, cité dans Kramsch, P.10

[3] Jaubert, La lecture pragmatique, 1990, P.22

[4] Kerbrat-Orecchioni, Les interactions verbales, 1993, P.219

[5] Roulet, Filliettaz et Grobet, Un modèle et un instrument d’analyse de l’organisation du discours, 2001, P.12