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Lecture Analytique Séquence 6 Série L

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par la gauche, apparaît Bérenger. Jean est très soigneusement vêtu : costume marron, cravate rouge, faux col amidonné, chapeau marron. Il est un peu rougeaud de figure. Il a des souliers jaunes, bien cirés ; Bérenger n'est pas rasé, il est tête nue, les cheveux mal peignés, les vêtements chiffonnés ; tout exprime chez lui la négligence, il a l'air fatigué, somnolent ; de temps à autre, il bâille.

JEAN, venant de la droite : Vous voilà tout de même, Bérenger.

BÉRENGER, venant de la gauche : Bonjour, Jean.

JEAN : Toujours en retard, évidemment! (Il regarde sa montre-bracelet.) Nous avions rendez-vous à onze heures trente. Il est bientôt midi.

BÉRENGER: Excusez-moi. Vous m'attendez depuis longtemps ?

JEAN : Non. J'arrive, vous voyez bien.

Ils vont s'asseoir à une des tables de la terrasse du café.

BÉRENGER: Alors, je me sens moins coupable, puisque vous-même...

JEAN : Moi, c'est pas pareil, je n'aime pas attendre, je n'ai pas de temps à perdre. Comme vous ne venez jamais à l'heure, je viens exprès en retard, au moment où je suppose avoir la chance de vous trouver.

BÉRENGER: C'est juste... c'est juste, pourtant...

JEAN : Vous ne pouvez affirmer que vous venez à l'heure convenue !

BÉRENGER: Évidemment... je ne pourrais l'affirmer.

Jean et Bérenger se sont assis.

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SEQUENCE 6 : le théâtre, texte et représentation

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Lecture analytique n° 2

Eugène Ionesco, Rhinocéros (1959).

Première apparition du rhinocéros

BÉRENGER: Nous avons fêté l'anniversaire d'Auguste, notre ami Auguste...

JEAN: Notre ami Auguste? On ne m'a pas invité, moi, pour l'anniversaire de notre ami Auguste...

A ce moment, on entend le bruit très éloigné, mais se rapprochant très vite, d'un souffle de fauve et de sa course précipitée, ainsi qu'un long barrissement.

BÉRENGER: Je n'ai pas pu refuser. Cela n'aurait pas été gentil...

JEAN : Y suis-je allé, moi ?

BÉRENGER: C'est peut-être, justement, parce que vous n'avez pas été invité!...

LA SERVEUSE, sortant du café: Bonjour, Messieurs, que désirez-vous boire ?

Les bruits sont devenus très forts.

JEAN, à Bérenger et criant presque pour se faire entendre, au-dessus des bruits qu'il ne perçoit pas consciemment : Non, il est vrai, je n'étais pas invité. On ne m'a pas fait cet honneur... Toutefois, je puis vous assurer que même si j'avais été invité, je ne serais pas venu, car... (Les bruits sont devenus énormes.) Que se passe-t-il ? (Les bruits du galop d'un animal puissant et lourd sont tout proches, très accélérés ; on entend son halètement.) Mais qu'est-ce que c'est ?

LA SERVEUSE: Mais qu'est-ce que c'est?

Bérenger, toujours indolent, sans avoir l'air d'entendre quoi que ce soit, répond tranquillement à Jean au sujet de l'invitation ; il remue les lèvres ; on n'entend pas ce qu'il dit ; Jean se lève d'un bond, fait tomber sa chaise en se levant, regarde du côté de la coulisse gauche, en montrant du doigt, tandis que Bérenger, toujours un peu vaseux, reste assis.

JEAN: Oh! un rhinocéros! (Les bruits produits par l'animal s'éloigneront à la même vitesse, si bien que l'on peut déjà distinguer les paroles qui suivent; toute cette scène doit être jouée très vite, répétant:) Oh ! un rhinocéros!

LA SERVEUSE : Oh ! un rhinocéros !

L'ÉPICIÈRE, qui montre sa tête par la porte de l'épicerie : Oh ! un rhinocéros ! (À son mari, resté dans la boutique :) Viens vite voir, un rhinocéros !

Tous suivent du regard, à gauche, la course du fauve.

JEAN : Il fonce droit devant lui, frôle les étalages!

L'ÉPICIER, dans sa boutique : Où ça?

LA SERVEUSE, mettant les mains sur les hanches : Oh!

L'ÉPICIÈRE, à son mari qui est toujours dans sa boutique : Viens voir!

Juste à ce moment l'Épicier montre sa tête.

L’ÉPICIER, montrant sa tête : Oh! un rhinocéros!

LE LOGICIEN, venant vite en scène par la gauche : Un rhinocéros, à toute allure sur le trottoir d'en face !

Toutes ces répliques, à partir de : «Oh! un rhinocéros!» dit par Jean, sont presque simultanées. On entend un «ah!» poussé par une femme. Elle apparaît. Elle court jusqu'au milieu du plateau; c'est la Ménagère avec son panier au bras; une fois arrivée au milieu du plateau, elle laisse tomber son panier; ses provisions se répandent sur la scène, une bouteille se brise, mais elle ne lâche pas le chat tenu sous l'autre bras.

LA MÉNAGÈRE : Ah ! Oh !

Le Vieux Monsieur élégant venant de la gauche, à la suite de la Ménagère, se précipite dans la boutique des épiciers, les bouscule, entre, tandis que le Logicien ira se plaquer contre le mur du fond, à gauche de l'entrée de l'épicerie. Jean et la Serveuse debout, Bérenger assis, toujours apathique, forment un autre groupe. En même temps, on a pu entendre en provenance de la gauche des «oh!», des «ah!», des pas de gens qui fuient. La poussière, soulevée par le fauve, se répand sur le plateau.

LE PATRON, sortant sa tête par la fenêtre à l'étage au-dessus du café : Que se passe-t-il ?

LE VIEUX MONSIEUR, disparaissant derrière les épiciers : Pardon !

Le Vieux Monsieur élégant a des guêtres blanches, un chapeau mou, une canne à pommeau d'ivoire; le Logicien est plaqué contre le mur, il a une petite moustache grise, des lorgnons, il est coiffé d'un canotier.

L'ÉPICIÈRE, bousculée et bousculant son mari, au Vieux Monsieur : Attention, vous, avec votre canne!

L'ÉPICIER: Non, mais des fois, attention!

On verra la tête du Vieux Monsieur derrière les épiciers.

LA SERVEUSE, au Patron : Un rhinocéros !

LE PATRON, de sa fenêtre, à la Serveuse : Vous rêvez ! (Voyant le rhinocéros.) Oh ! ça alors !

LA MÉNAGÈRE : Ah ! (Les «oh» et les «ah» des coulisses sont comme un arrière-fond sonore à son «ah» à elle ; la Ménagère, qui a laissé tomber son panier à provisions et la bouteille, n'a donc pas laissé tomber son chat qu'elle tient sous l'autre bras.) Pauvre minet, il a eu peur!

LE PATRON, regardant toujours vers la gauche, suivant des yeux la course de l'animal, tandis que les bruits produits par celui-ci vont en décroissant : sabots, barrissements, etc. Bérenger, lui, écarte simplement un peu la tête, à cause de la poussière, un peu endormi, sans rien dire; il fait simplement une grimace: Ça alors !

JEAN, écartant lui aussi un peu la tête, mais avec vivacité : Ça alors !

Il éternue.

LA MÉNAGÈRE, au milieu du plateau, mais elle s'est retournée vers la gauche; les provisions sont répandues par terre autour d'elle : Ça alors !

Elle éternue.

LE VIEUX MONSIEUR, L'ÉPICIÈRE, L'ÉPICIER, au fond, réouvrant la porte vitrée de l'épicerie, que le Vieux Monsieur avait refermée derrière lui : Ça alors !

JEAN : Ça alors ! (A Bérenger.) Vous avez vu ?

Les bruits produits par le rhinocéros, son barrissement se sont bien éloignés ; les gens suivent encore du regard l'animal, debout, sauf Bérenger, toujours apathique et assis.

TOUS, sauf Bérenger : Ça alors !

BÉRENGER, à Jean : Il me semble, oui, c'était un rhinocéros ! Ça en fait de la poussière !

Il sort son mouchoir, se mouche.

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SEQUENCE 6 : le théâtre, texte et représentation

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Lecture analytique n° 3

Eugène Ionesco, Rhinocéros (1959).

La métamorphose

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