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Moliere Biographie

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), les Fâcheux (1661),une comédie-ballet, et une tentative malheureuse vers le genre plus sérieux de la comédie héroïque avec Dom Garcie de Navarre (1661), qui trahit sans aucun doute sa volonté d'échapper à la réputation de " farceur " que ses premiers ennemis lui font. Il réussit son coup de maître, quelques mois après son mariage avec Armande Béjart, en écrivant l'école des femmes (1662), la première des comédies de la maturité en cinq actes et en vers : sur fond d'intrigue rebattue (la précaution inutile), il réussit la peinture d'un Arnolphe, barbon profond et tourmenté par la peur d'être trompé, un obsédé en somme - le premier d'une lignée à venir qui fait le malheur de ses proches, de sorte que la pièce oscille entre le comique et le pathétique. Avec une telle matrice dramatique, qu'il réutilisera souvent, Molière a trouvé là sa voie propre. Infatigable, Molière est à la fois le directeur, l'auteur, le metteur en scène, et l'un des tout premiers acteurs de la troupe à laquelle le roi accorde protection et pension, ce qui n'est pas sans susciter des jalousies. Molière y répond au moyen de deux courtes pièces, la Critique de l'école des femmes (1 663) et l'impromptu de Versailles (1663), dans lesquelles il se défend et surtout entreprend la réhabilitation du genre comique, peu goûté des doctes en regard de la tragédie, et qui ne s'ennoblit que dans les années 1650. En 1664, au moment des somptueuses réjouissances organisées à Versailles, " les Plaisirs de l'Ile enchantée ", Molière, sur qui repose l'organisation de la fête, jouit du plus grand crédit : pour satisfaire le goût du monarque pour la danse, il conçoit le genre nouveau de la comédie-ballet ; Louis XIV, de son côté, accepte d'être le parrain de son premier enfant et lui suggère amicalement de rajouter à sa galerie d'importuns des Fâcheux le portrait du chasseur. A cette occasion, il donne entre autres une première version en trois actes du Tartuffe, dont la représentation publique ne sera autorisée par le souverain que cinq ans plus tard, en raison de la hardiesse du sujet traité : non seulement la mise en garde contre l'hypocrisie religieuse risque de discréditer les vrais chrétiens, mais le héros, déplaisant bien que lucide et intelligent, n'est rien moins qu'ambigu.

En butte à toutes sortes d'ennuis et de tourments, mais fort de la bienveillance royale - en 1665, la troupe devient la Troupe du roi -, Molière va plus loin encore avec Dom Juan ou le Festin de pierre, thème à la mode, dont il achève rapidement la rédaction et qu'il fait jouer en 1665, pour remplacer à l'affiche le Tartuffe que la cabale des dévots à réussi à faire interdire. Il crée un protagoniste révolté qui défie toute forme d'autorité ; aucun personnage de notre théâtre n'exerce autant de fascination sur les foules que ce héros complexe et mythique, qui se prête à des interprétations dramatiques sans cesse renouvelées.

Hélas ! l'amitié du roi manque de constance et le conflit avec Lully jette Molière dans une sorte d'oubli, sinon de semi-disgrâce, qui l'afflige. Il innove encore avec le Misanthrope (1666), œuvre profonde dans laquelle on rit peu, malgré la satire de certains usages mondains, car le personnage d'Alceste n'a que les défauts de sa qualité, l'exigence morale. Après cet échec, qui nous étonne aujourd'hui, Molière écrit beaucoup : une farce, le Médecin malgré lui (1666), une comédie mythologique, Amphitryon (1668), une comédie d'inspiration bien sombre, George Dandin (1668), et enfin une franche comédie, l'avare (1668).

Les dernières années de sa vie voient se succéder quelques chefs-d'œuvre : le Bourgeois gentilhomme (1670), une comédie-ballet dont Lully compose la musique et qui fustige le snobisme d'un maladroit imitateur des usages de la noblesse, les Fourberies de Scapin (1671), une comédie d'intrigue dont le mouvement et les effets témoignent d'une exceptionnelle maîtrise scénique, les Femmes savantes (1 672), une sévère condamnation des " femmes-docteurs " et du pédantisme, et enfin le Malade imaginaire (1673), œuvre comique mais hantée par la présence obsédante de la mort. Au cours de la quatrième représentation de cette dernière comédie, où il raille non plus seulement les médecins mais la médecine même, il est pris de convulsions et s'éteint quelques heures plus tard. Grâce à l'intervention de Louis XIV, dont il n'avait pourtant plus la faveur, il échappe à la fosse commune où finissent les comédiens qui n'ont pu abjurer, et il est enterré de nuit, sans aucune pompe.

La puissance du théâtre moliéresque tient non seulement à la qualité de sa visée - satire des manies éphémères et des hantises profondes de l'homme , mais à la nature proprement dramatique de son écriture, car Molière est avant tout homme de théâtre.

Dans l'élaboration progressive de sa dramaturgie, son génie éclectique recueille le meilleur de la tradition antérieure : certains types de la comédie latine, perpétuée par les auteurs du XVI siècle, quelques imbroglios de la comédie italienne, caractérisée par l'ingéniosité de ses intrigues, l'invention thématique de la comedia espagnole dont l'abondante production inspire nos créateurs tout au long du siècle, et surtout la conception du jeu théâtral de la commedia dell'arte, théâtre semi-improvisé, qui laisse une grande part au jeu gestuel de l'acteur, Molière intègre parfaitement ces divers éléments dans une perspective neuve. L'originalité majeure de son théâtre tient au fait qu'il repose essentiellement sur un élément de nature psychologique : le travers d'un héros, isolé dans son idée fixe (maladie imaginaire, avarice, dévotion, snobisme), qui devient la cause d'une perturbation et, convention oblige, l'obstacle au mariage des amoureux. Ces personnages, prisonniers de leur obsession, et grossis par nécessite, sont cependant soigneusement individualisés : ils possèdent à la fois un vice majeur et un trait secondaire. Tartuffe est, certes, hypocrite, mais également gourmand et sensuel ; Alceste, héros du Misanthrope, est excessivement rigoureux, mais amoureux d'une coquette. De sorte qu'ils jouissent tous d'une certaine ambiguïté psychologique et aussi d'une remarquable plasticité dramatique.

Enfin, Molière conçoit la peinture de types moraux dans une société donnée, qui possède elle-même ses propres travers, de sorte que la peinture psychologique se complète d'une satire sociale : il fustige tantôt l'attitude intéressée d'une noblesse ruinée, tantôt le pédantisme des beaux esprits, tantôt encore le matérialisme borné de certains bourgeois. Il va sans dire que, dans cette perspective, le comique qui en résulte est pour le moins sujet à caution et que le ton des pièces - pensons au Misanthrope, au Tartuffe ou à George Dandin - frise souvent le pathétique ou même le tragique. La virtuosité de l'auteur consiste d'ailleurs à faire alterner ces tons, en ramenant toujours la pièce sur le terrain comique lorsqu'elle risque de tourner au drame, et seule la loi du genre réussit à faire admettre les fins de convention sans lesquelles Tartuffe et Dom Juan seraient victorieux.

Une telle équivoque explique, entre autres, que l'on ait tant débattu sur la morale de Molière. La nature même du genre comique, qui se fonde toujours sur un consensus social, astreint le dramaturge à adopter la morale moyenne de la société, qui condamne les affectations et consacre l'ordre établi, comme on le voit dans George Dandin ou le Bourgeois gentilhomme. Après tout, un dramaturge n'a pas à faire bannière, par la bouche d'un " raisonneur ", de tel credo moral, mais à éclairer un problème de manière contradictoire, à exprimer les tensions qu'il suscite ; c'est à ce prix qu'une œuvre résiste au vieillissement. Ainsi, aux côtés d'Alceste, Molière

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