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ibliothèque nationale de France pour nous avoir donné l’autorisation de reproduire les clichés, qui sont publiées dans cet article. 1. Le privilège est au verso de la page de titre (p. 2). 2. Les exemplaires connus sont conservés à la Bibliothèque nationale de France (Rotschild II.3.59), à la Bibliothèque de l’Arsenal (8° BL 10495 Rés.), à la Bibliothèque municipale de Versailles (Goujet 8° 99), Auxerre (BX 671), Rouen (Leber 1705 Fonds Cas), Grenoble (F4252 Rés. CGA), à la Médiathèque d’Orléans (D1792 Fonds Ancien 1) et Le Mans (Fonds Maine 8° 7052), et à la British Library (C57a3.2). 3. Etienne Jodelle, Les Œuvres et Meslanges Poetiques (1868-1870), éd. Charles-Joseph Marty-Laveaux, t. ii (Genève : Slatkine Reprints, 1965) p. 327-333.

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Fig. 1.

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flamboyant, l’argentin, le vermeil ») d’Etienne Jodelle, une ode (« Celuy qui fait de ses doigs ») et un sonnet (« Ce double trait, dont l’un industrieux ») de Remy Belleau 4, et enfin un sonnet de Marc-Antoine de Muret (« Divins esprits, vrais ornemens du monde »). Ces cinq poésies célèbrent sans ambages la muse chrétienne de Nicolas Denisot appelée à réorienter l’inspiration érotique et profane des poètes de la Pléiade 5, et elles rejoignent en même temps l’orientation spirituelle de la dédicataire. Le recueil comprend quatorze cantiques, tous avec un schéma métrique différent. Ces cantiques sont précédés d’un argument, et cinq (no i, iv, v, vii et viii) sont suivis de surcroît d’un « chant » qui commente de nouveau le sujet du cantique 6. La variété formelle est confirmée dans les cinq chants, qui ont tous des structures métriques différentes. L’originalité de cet in-octavo consiste dans la présence, entre l’argument et le cantique, d’une mélodie notée en musique, ce qui permet de fredonner les strophes du texte poétique (voir Fig. 2) 7. L’auteur des intonations, toutes à une voix, n’est pas nommé, mais on peut supposer qu’elles ont été composées par Nicolas Denisot, dont l’activité musicale était connue par ses contemporains 8. L’examen du matériel typographique prouve que les caractères musicaux employés sont ceux de Michel Fezandat (voir Fig. 3a-b) 9. Rien ne laisse croire que la veuve de Maurice de La Porte, qui ne s’est jamais occupée d’éditions musicales, ait acheté ce matériel typographique à Michel Fezandat. Par ailleurs, il faut considérer que les de La Porte ne sont que des libraires, et que, de ce fait, ils sont obligés à collaborer avec des imprimeurs pour la production des livres de leur catalogue 10. On peut supposer que le travail de composition des Cantiques a été confié à deux personnes différentes. Le premier prote, sans doute de l’atelier de Michel Fezandat,

4. Remy Belleau, Œuvres poétiques, t. i, éd. Guy Demerson (Paris : Champion, 1995), pp. 45-47. 5. Les études consacrées à ce recueil sont rares, voir pourtant Clément Jugé, Nicolas Denisot du Mans (1515-1559). Essai sur sa vie et ses œuvres (Paris : Le Mans, 1907) ; reprint : (Genève : Slatkine Reprints, 1969), p. 79-86 ; Jerry C. Nash, « The Devotional Aesthetics of a Humanist : Nicolas Denisot’s Cantiques », in Essay in Early French Literature presented to Barbara M. Craig, ed. Norris J. Lacy et Jerry C. Nash (York : French Literature Publications Company, 1982), p. 135-136 ; François Rouget, « Nicolas Denisot peintre de la nuit dans les Cantiques du premier advenement de Jesu-Christ (1553) », dans Penser la nuit (XVe-XVIIe siècle), éd. Dominique Bertrand (Paris : Champion, 2003), p. 199-219 ; Roland Jousselin, Nicolas Denisot poète de la Pléiade (Paris : Editions Christian, 2006), p. 90-96 ; Eléonore Langelier, « Les poètes parisiens et la question de la ‘lyre chrestienne’ aux alentours de 1553 : entre réaction et rénovation », dans Paris 1553 : audaces et innovations poétiques (actes du colloque : Paris, 3-4 avril 2008), éd. Jean Vignes et Olivier Halévy (à paraître). 6. Voir l’annexe pour un descriptif détaillé du contenu du recueil. 7. Malgré la présence de notations musicales, aucun répertoire musical ne mentionne cet ouvrage. 8. Voir par exemple Ronsard, Œuvres complètes, t. iii, éd. Paul Laumonier (Paris : S.T.F.M., 1968), p. 177-183. 9. Caractère type no 10 d’après Jean-Michel Noailly, Claude Goudimel, Adrien Le Roy et les cent-cinquante psaumes, Paris, 1562-1567, thèse de doctorat soutenue à l’Université de SaintEtienne, vol. ii. D’après J.-M. Noailly, c’est le seul caractère attribuable à Michel Fezandat. La rédaction de la Revue de Musicologie nous signale qu’Audrey Boucaut-Graille est arrivée à la même conclusion dans Les éditeurs de musique parisiens et leur public : 1528-1598, thèse de doctorat, université de Tours, soutenue en décembre 2007. 10. Voir Philippe Renouard, Répertoire des imprimeurs parisiens, libraires, fondeurs de caractères et correcteurs d’imprimerie depuis l’introduction de l’Imprimerie à Paris (1470) jusqu’à la fin du seizième siècle, avertissement, table des enseignes et adresses chronologique par J. Veyrin-Forrer et B. Moreau (Paris : Lettres Modernes, 1965).

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Fig. 2.

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Fig. 3a.

Fig. 3b.

a été chargé de la composition des notations musicales ; il assemble les caractères dans un composteur avant de déposer sa ligne dans la galée 11. Le second, occupé avec la composition du texte des cantiques, dépose sa ligne sur celle composée par son collègue. Une fois la galée remplie, la page composée est d’abord munie de la

11. La galée est une « sorte de plateau de bois en équerre ayant la contenance d’une page », voir J. Veyrin-Forrer, « Fabriquer un livre au xvie siècle », dans Histoire de l’édition française. Le livre conquérant : du Moyen Âge au milieu du XVIIe siècle, t. i (Paris : Promodis, 1982), p. 284.

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pagination, de son titre courant et du bandeau, après elle est déposée près du banc d’imposition avant de pouvoir être placée définitivement, avec d’autres pages composées, dans la forme respective en vue de son impression. Cette modalité de travail pourrait être corroborée par la fausse séquence des cantiques dans le dernier cahier, « G » : on passe du cantique xi au cantique xiiii pour revenir ensuite aux cantiques xii et xiii. 12 Si la pagination et la foliotation du volume restent exactes, la numérotation des cantiques n’est pas pour autant incorrecte car l’ouvrage aurait dû se clore idéalement avec le cantique xiiii sur le portrait du Christ et avec le sonnet rattaché de Belleau sur le même sujet 13. Il se peut que chaque cantique a été composé comme une unité autonome, d’autant plus qu’il commence toujours sur une nouvelle page, 14 et que le prote qui s’est occupé d’ajouter la pagination et les titres courants aux pages composées et disposées dans la galée a été inattentif à la séquence des cantiques numérotés, ceux-ci étant pour lui interchangeables. Il n’est pas à exclure que Michel Fezandat soit le seul imprimeur à avoir été chargé de la réalisation du volume. Il n’édite pas exclusivement de livres musicaux. L’année précédente, il avait déjà collaboré avec Nicolas Denisot pour la publication d’un recueil poétique, le Tombeau de Marguerite de Valois 15. Sa collaboration avec l’atelier de Maurice de La Porte est attestée dès 1548, lors de la parution des Scholii de Johannes Roboamus aux Elegantiarum libri de Lorenzo Valla 16 : dans ce cas, son nom figurait néanmoins à côté de celui de de La Porte. Leur coopération pour les Cantiques constitue un précédent important qui anticipe de quelques mois la réalisation d’un autre volume ‘mixte’, poétique et musical à la fois, à savoir la deuxième édition du supplément musical aux Amours de Ronsard, imprimée par les soins de Michel Fezandat pour la veuve de Maurice de La Porte à la fin de novembre 1553 17. Luigi Collarile & Daniel Maira

12. Les deux exemplaires que nous avons consultés (Bibliothèque de l’Arsenal, Bibliothèque municipale de Versailles) présentent la même séquence fautive des cantiques. 13. Le cantique xiiii est le seul à être suivi d’un sonnet, celui de Remy Bellau (« Gentille main, qu’un Apelle pour sienne »), voir R. Belleau, Œuvres poétiques op. cit., t. i, p. 47. 14. Les cinq chants figurant après les cantiques no i, iv, v, vii et viii ont probablement été ajoutés pour remplir la page de gauche qui autrement serait restée blanche. 15. Le Tombeau de Marguerite de Valois, royne de Navarre, faict premièrement en disticques latins par les trois sœurs [Anne, Marguerite et Jeanne Seymour] princesses en Angleterre, depuis traduictz en grec, italien, et françois par plusieurs des excellentz poètes de la France. Avecques plusieurs odes, hymnes, cantiques, épitaphes sur le mesme subject (Paris : M. Fezandat, M. Granjon, V. Sertenas, 1551). 16. Laurentii Vallae Elegantiarum libri carmine nuper perstricti, cum breuissimis, iisdemque doctissimis scholii. Ioanne Roboamo

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