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ion prométhéenne de notre avenir sont compréhensibles, doivent-elles pour autant conduire à un retour en arrière et un tel retour est-il possible?

Développement

Comme le souligne Platon dans le mythe du Protagoras l’homme dans la nature est nu et totalement démuni, sans la connaissance des arts et du feu il ne peut donc survivre et son espèce est voué à l’extinction.

Cependant, comme le souligne Aristote dans Les parties des animaux, cette nudité n’est qu’apparente car l’homme “s’il est sans chaussures, s’il est nu et n’a pas d’armes pour combattre” n’en est pas moins le mieux disposé des animaux car il possède une force que tous les autres n’ont pas et qui lui permet de répondre à tous les problèmes qu’il peut rencontrer dans la nature. Cette force résulte de la conjugaison de deux bienfaits de la nature dont il est le seul à bénéficier, l’intelligence et la main, c’est d’ailleurs selon Aristote parce que la nature l’a fait intelligent qu’elle lui a donné les mains.

La conception Aristotélicienne de la technique reste donc très naturaliste dans la mesure où elle résulte conformément au finalisme d’une sorte d’intention de la nature qui aurait accordé aux hommes la possibilité de jouir de tous les moyens de défense et de tous les outils possibles.

De ce point de vue la technique rend donc l’homme plus libre que l’animal qui est limité dans ses possibilités d’action:

“Car les autres animaux n’ont chacun qu’un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre, mais ils sont forcés, pour ainsi dire, de garder leurs chaussures pour dormir et pour faire n’importe quoi d’autre, et ne doivent jamais déposer l’armure qu’ils ont autour de leur corps ni changer l’arme qu’ils ont reçue en partage. L’homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisible d’en changer et même d’avoir l’arme qu’il veut et quand il le veut.”1

Dans une telle optique nous nous situons dans une logique d’accord de l’homme avec la nature, il est une partie de la nature qui utilise les bienfaits de celle-ci pour subsister et subvenir a ses besoins.

Si une telle conception de la technique était concevable dans la civilisation grecque de cette époque, la question se pose de savoir si elle est encore envisageable dans le contexte moderne.

En effet comme le fait remarquer Jacques Ellul la Grèce antique n’accordait qu’une importance limitée aux techniques qui était considérée comme des procédés ne concernant pas les hommes libres et ne s’adressant qu’aux esclaves et aux catégories jugées inférieures de la société, c’est ce qui explique que la science grecque pourtant très avancée n’a donné lieu à aucun progrès technique notable:

“Dans la civilisation hellénistique, ce sont les techniques orientales qui arrivent les premières, non dérivées de la science grecque.”2

En revanche la civilisation moderne est plutôt entrée dans une logique de maîtrise de la nature conformément à l’injonction cartésienne qui critiquant la conception spéculative de la philosophie d’Aristote nous conseille de développer une philosophie pratique qui nous rendrait :

“comme maître et possesseur de la nature.”

Cette approche reste certes à nuancer car Descartes ne prétend pas ici nous faire entrer dans une logique d’affrontement avec la nature, il s’agit plutôt par la technique éclairée par la science de seconder la nature pour remédier à ses dysfonctionnements, mais cette démarche conduit cependant à une libération de l’homme.

C’est le philosophe allemand Hegel qui, au début du XIX° siècle, ira le plus loin dans cette idée que la technique et l’activité par laquelle elle est mise en œuvre, c’est-à-dire le travail, s’inscrive dans un rapport d’opposition de l’homme et de la nature grâce auquel l’esprit se réalise et s’accomplit en se dégageant des contraintes de la nature.

Cependant une telle approche est-elle encore possible aujourd’hui?

Les désillusions du XX° siècle ne nous obligent-elles pas à reconsidérer nos jugements et à adopter une vision moins optimiste de l’évolution des sciences et des techniques et donc à relativiser notre confiance jusque là aveugle envers le progrès.

En effet la technique ne concerne rien d’autres que les moyens dont nous disposons pour agir sur le monde et cette action le siècle dernier nous en donne témoignage fut tout autant génératrice de grands bienfaits pour l’humanité principalement dans le domaine de la médecine comme dans celui de l’amélioration de la vie quotidienne de certains hommes, mais aussi ce progrès peut être regardé sous une face beaucoup plus négative, voire plus tragique, celle de l’horreur et de la barbarie.

Comme le fait remarque Descartes dans le Discours de la méthode,

“les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices comme des plus grandes vertus”,

et les hommes lorsqu’ils disposent de moyens techniques de plus en plus complexes, puissant et sophistiqués sont capables d’en faire le meilleur comme le pire des usages.

Un philosophe comme Marx a bien vu que si le progrès technique était la condition même de la libération des hommes face aux aspects les plus pénibles du travail humain, il pouvait devenir, aux mains de ceux qui possèdent les moyens de production qui en sont issus, un outil d’exploitation et de domination sans pareil. Le machinisme qui peut être utilisé pour dispenser les hommes des tâches les plus pénibles peut aussi être à l’origine de la pire des aliénations dans le taylorisme dont Charlie Chaplin fait une critique à peine caricaturale dans le filme Les temps modernes.

Ainsi les moyens en armement mis en œuvre dans massacres de la première guerre mondiale comme la logique industrielle d’extermination des juifs dans les camps de la mort, tout cela n’aurait pas pu avoir lieu dans une civilisation autre que la nôtre, avant l’ère industrielle.

Dans un autre sens aujourd’hui les progrès des biotechnologies peuvent nous faire craindre le pire en matière de manipulation de l’être vivant et principalement de l’homme qui risque d’être considéré par certains hommes non plus comme un sujet libre et autonome, mais comme un objet sur lequel on pourrait agir sans retenu en modifiant son patrimoine génétique ou en agissant sur son mode de reproduction.

Nous nous trouvons donc face à une situation totalement opposée à celle que décrivions préalablement, le progrès technique porteur de nombreux espoirs de l’humanité se trouve maintenant être devenu l’objet des craintes les plus folles mais aussi d’une inquiétude légitime face aux risques que pourrait entraîner un usage sans règles de nos moyens d’action sur la nature.

Il semblerait que certains hommes nourrissent le projet de dépasser le projet cartésien de devenir “comme maître et possesseur de la nature” pour le devenir réellement, confondant le rapport d’analogie (comme) avec celui d’identité.

Le problème c’est qu’agir ainsi, c’est oublier qu’en contraignant la nature de la sorte on risque également de contribuer à l’accroissement de l’aliénation humaine, en effet si l’on considère que certains hommes enivrés par leur volonté de puissance, en arrivent à prendre l’homme comme un moyen et non comme une fin (pour reprendre la formulation kantienne de l’impératif catégorique), la technique risque de devenir encore plus qu’elle ne l’a été jusqu’à présent l’outil par lequel certains hommes en dominent d’autres.

En effet le risque n’est pas comme le laisserait entendre certains mythes modernes du type Matrix de voir les machines remplacer les hommes et les diriger, le risque le plus probables et le plus réel, parce qu’il n’est pas sans précédent, c’est de voir certains hommes utiliser les techniques les plus pointues pour mieux dominer ceux qui n’y ont pas accès.

C’est pourquoi nous considérerons que le risque n’est pas tant que la technique réduise la liberté de l’homme (en elle-même la technique, dans une certaine mesure, est neutre, elle ne peut ni accroître ni diminuer la capacité d’autonomie des êtres humains), le risque véritable est de voir ceux qui maîtrisent la technique utiliser cette puissance dont ils disposent pour dominer d’autres hommes et pour satisfaire leur volonté de puissance et leurs fantasmes les plus barbares.

Faut-il alors ralentir le progrès, voire arrêter certaines recherches?

Une telle éventualité serait des plus naïves et des plus dangereuses.

Naïve, car si les meilleures volontés du monde s’interdisent de développer les recherches dans les domaines les plus sensibles, il est clair que ceux dont les intentions sont les moins louables ne s’en priveront pas et qu’ils seront d’autant plus puissants qu’ils seront seuls à maîtriser les moyens de leurs méfaits.

Dangereuse, car si seuls les moins bien intentionnés des hommes maîtrisent les techniques pouvant être les plus dangereuses personne

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