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Ravage

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Parvenu à ses fins, devenu un vieillard chenu et vénérable, il établit une société patriarcale régie par des lois strictes. Refusant toute évolution qu'il voit comme une déstabilisation de cette société médiévale, il entre en conflit avec l'inventeur d'une machine à vapeur qui le tuera dans un moment de folie.

Blanche Rouget : La Légèreté FéminineL'amie d'enfance de François, elle est très belle et pourvue de nombreux autres atouts féminins, elle est sélectionnée sur concours pour devenir la chanteuse vedette de Radio-300, grande compagnie radiophonique. Elle a l'insouciance de la jeunesse et préfère à ses sentiments balbutiants pour François les fiançailles du directeur de la radio qui lui apportent la fortune et le bien-être. Elle se résout à supporter les contraintes conjugales que cela impose, ayant désormais en horreur la condition modeste de son premier prétendant. Lorsque la situation bascule et que la tournure des évènements fait de son fiancé un être impuissant à les affronter, elle rejoint avec satisfaction la sécurité dans le giron de François, auquel elle retrouve des vertus devenues primordiales : la force et le caractère.

Jérôme Seita : La Puissance FragileLe tout-puissant directeur de Radio-300 a la mainmise sur l'argent et la politique et celle-ci lui fait croire qu'il est le maître du monde. Il manque de lucidité et d'objectivité et ne se montre attaché qu'aux seules valeurs qu'il connaît. Il s'approprie tout ce qu'il désire, employant pour cela des moyens subversifs si nécessaire. Il n'incarne pas le mal ni le mépris, en particulier il cherche, sans en être capable, à secourir Blanche lorsqu'elle défaillit, et apporte son aide à François. Il ne fait rien par lui-même mais se montre très actif par le jeu de ses subordonnés. Lorsque ceux-ci viendront à lui faire défaut, il se montrera incapable d'accomplir par lui-même la moindre action et sera immédiatement victime d'un monde d’où viendra des individus pour qui sa parole ne sera pas un ordre, ni son argent une persuasion.

Analyse de l’ouvrage :

La Ville RadieuseDans une longue première partie, Barjavel fait la description d'un Paris futuriste qui sera bientôt le théâtre de la fin du monde. Avant que ne surviennent les troubles de l'électricité qui seront le support narratif de la catastrophe, le roman est une étude sociologique d'anticipation. Le monde de demain tel que l’auteur l'entrevoit est alors fortement baigné dans la technologie. Bien que l'usage excessif des machines qui en rend ses utilisateurs dépendants provoquera les effets de la catastrophe qui vont suivre, la technologie en elle-même n'est pas malfaisante. Bien souvent au contraire elle contribue à une amélioration positive et redonne à nos villes des airs de paradis perdu.

L'emblème de la réalisation technique aboutie est l'urbanisme. Barjavel dépeint une cité bien structurée, propre, moderne et agréable, qui vient en remplacement de vieux quartiers miséreux et sales, rasés pour faire place aux nouveaux bâtiments. Les problèmes sont les conséquences des travers de ses habitants, comme la concentration dans des villes congestionnées qui ne sont plus aptent à accueillir correctement leur population. Le véritable problème n'est donc pas la technologie mais plutôt l'usage que l'homme fait de cette technologie. Remplacé par les machines plus efficaces, l'homme qui demeure cependant toujours le but et qui ne peut être retiré du cycle, se retrouve inutile, presque indésirable.

Cette société futuriste maîtresse dans l'usage de la technique montre des signes inquiétants de reniement de la personne humaine. Cela se révèle à plusieurs autres occasions, comme la dénomination de « Siècle 1er de l'Ere de Raison » d'une période toute récente, balayant donc comme déraisonnable l'héritage culturel et social mais évidemment technologiquement primitif des générations antérieures. Ce sera le rôle de la catastrophe que de revisiter ces préjugés d'une civilisation à l'égard de son prochain et de ses aînés.

Les prévisions de Barjavel s’avèrent tantôt vraies tantôt complètement dépassées. L'usage du synthétique et notamment de la nourriture artificielle a fait quelque chemin dans la réalité. Il n'entrevoit pas le formidable essor de l'informatique, conserve quelques antiquités tels que le pneu, exagère ou sous-estime d'autres points, mais offre dans l'ensemble, une description des moyens technologiques de la société avancée tout à fait respectables et convenant parfaitement à l'histoire qu'il entend développer. Par contre on peut regretter quelques manquements un peu plus dommageables sur l'évolution de la société. Politiquement, il a bien compris l'enjeu des technologies. Il comprend que les mutations techniques provoquent l'essor social. Il baptise l'un de ces tournants qu'il étale sur trois jours du nom des « trois glorieuses », que l'on rapprochera évidemment de l'appellation similaire choisie ultérieurement par Fourastié des « trente glorieuses ». Cependant l'auteur manque à prédire l'émancipation de la classe ouvrière par le biais de la robotisation et de l'automatisation. L'ouvrier spécialisé occupe une place identique à celle qu'il occupe dans le milieu du 20ème siècle. Son éducation est limitée, son travail difficile, ennuyeux et avilissant. Il y a certes pour eux une amélioration du quotidien redevable à la technique, mais leur infériorité sociale reste un point d'ancrage. Barjavel ne peut imaginer un progrès autre que celui qui conserverait les différences sociales, où les ouvriers restent à l'ornière de l'esclavage, sacrifiés à la tâche. C'est la vision futuriste du roman qui sera la plus en défaut .L'auteur est trop résolument attaché à l'avancement d'un progrès qui se fait sans amélioration du sort du peuple et se voit contredit par les faits et affaibli dans la poursuite de sa thèse : le progrès technologique sans le progrès social est néfaste. Toute l'argumentation de l'auteur retrouve sa pleine puissance avec cette légère modification qu'un progrès technologique trop rapide par rapport au progrès social est néfaste.

La prise de l’époque sur l'auteur se répercute sur la fin du texte où le retour à la terre et la société patriarcale résonne avec certaines valeurs de l'époque du travail, famille, patrie. Ne le voit-on pas, par exemple, imaginer des institutions d'état pour former des mères de famille d'élite ? Loin s'en faut pour autant d'attribuer à Barjavel un quelconque crédit du régime d'occupation et de la politique du gouvernement de Vichy.

La Catastrophe et la FuiteLa société telle qu'elle est présentée en première partie du roman trahit certains dysfonctionnements dont les conséquences ne se révèlent finalement pas. Les personnages ont tous quelques défauts. Ainsi François se montre un amant possessif et Blanche une femme pour qui l'amour est plus affaire de confort que de sentiments épanouis. D'autres personnages secondaires nous apparaissent comme aux prises d'une société indifférente où ils ne font qu'acte de présence. Les activités sont déconnectées de toute réalité sensible. Les pêcheurs par exemple auraient en horreur de consommer le fruit d'un loisir devenu totalement inutile. C'est la catastrophe qui va braquer les lumières sur ces maux bénins qui, en apparence, sont sans importance. Barjavel veut montrer que sur des bases aussi peu solides, le moindre dérapage peut tuer une société malade. La catastrophe qu'il choisit est la disparition de l'électricité. Bien sûr quand on sait le nombre d'outils et machines mus par l'énergie électrique, on comprend que l'idée de l'auteur lui permettra de paralyser d'un coup la société toute entière.

Une catastrophe donc : l'électricité a cessé, en un instant et dans le monde entier, de se manifester sous ses formes habituelles. Ainsi tous les moteurs, y compris les moteurs atomiques et les moteurs nucléaires à cellules photo-électriques, s'arrêtent au même instant dans le monde entier. D'un seul coup, tous les véhicules stoppent, tous les avions tombent, toutes les usines cessent de tourner. Plus de transports, plus de courant, plus d'eau, plus de vivres dans les immenses villes qui ont drainé toute la population du XXIème siècle. C'est un écroulement effroyable et subit, à cause de ce simple phénomène : une des forces naturelles auxquelles l'homme s'est habitué a tout à coup changé d'aspect.

Privée de la technologie autour de laquelle toute la société s'est construite, l'humanité sans autres repères se retrouve propulsée vers un nouvel âge de pierre, dans un monde sans pitié où la loi est dictée par la violence et la force. Celui qui n'a d'autre expérience de lui-même que par les machines est handicapé, incapable sans outils de voir son entourage immédiat alors qu'il contemplait hier encore le monde entier au travers de ses instruments. Chacun allait se retrouver dans un univers à la mesure de ses sens naturels, de la longueur de ses membres, de la force de ses muscles.

Pour redevenir des êtres humains dignes il faudra aux survivants expier leurs erreurs et parcourir un chemin de croix qui les

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