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Sous-Traitance

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PPORTS ET LIMITES DE DIFFÉRENTS PARADIGMES DANS LE DIAGNOSTIC DE SÉCURITÉ

par Bernard CADET*, Dongo Rémi KOUABÉNAN**

SUMMARY ASSESSING AND MODELLING RISKS : CONTRIBUTIONS AND LIMITS OF SEVERAL PARADIGMS IN SECURITY DIAGNOSIS

The importance of risk evaluation, either at an individual or a collective level, was stressed by the numerous risky situations with which we are daily confronted in personal, occupational and social life. Risk evaluation becomes very difficult because of the extreme diversity of risky situations as well as because of differences of diverse orders identifiable in the evaluation of the consequences of risk. Because it is impossible to have a satisfactory definition of risk, the present article proposes that risk evaluation strategies be studied in terms of five functional characteristics of risky situations : multidimensionality, need to integrate information, uncertainty, presence of objectives and constraints, need to evaluate long term or short term consequences (or effects). A differential analysis lead the authors to identify three paradigms which generate different models according to their structures and the indexes that they consider as bearing information in each situation. Three paradigms of risk evaluation were then described, analysed and discussed in order to emphasize the different options chosen. The first one concerns the determining of expected utility or of related values, and allows, by combining several contributions, to determine what is called « acceptable risk ». The second one, known as the psychometric paradigm, is principally based on social representations and values, and shows that risk is socially determined, for the most part, from two orthogonal references showed by factorial analysis. The third paradigm is based on cognitive processes used to process information and to do an evaluation and allows to show the incidence of heuristics in decision making and the incidence of biases. The authors concluded their purpose by noting that none of these evaluation strategies is able to pretend to be the most efficient in all circumstances and in all contexts. They stressed the importance of the badly known meta-cognitive contributions, and deplore the rarity of their use in risk evaluation. Key words : Risk, Evaluation, Models, Heuristics, Bias.

** Université de Caen Basse-Normandie, PPF, Psychologie et Pôle Risques, MRSH, BP 5186, F 14032 Caen cedex 5. E-mail : cadet@psycho.unicaen.fr ** Université Pierre Mendès-France, UFR SHS, Laboratoire de Psychologie Sociale, BP 47, F 38040 Grenoble cedex 9. E-mail : Remi.Kouabenan@upmf-grenoble.fr

Le Travail Humain, tome 68, no 1/2005, 7-35

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Bernard Cadet, Dongo Rémi Kouabenan

I. INTRODUCTION La présente contribution se donne pour objet l’exposé et la discussion des apports de la psychologie à l’évaluation et à la modélisation des risques. Plus précisément, seront traitées et analysées dans cet article les démarches évaluatives, quelles qu’en soient les formes et l’importance. Le champ d’investigation ainsi ouvert est vaste, puisque tous les secteurs de notre vie sont concernés, des circonstances les plus banales, celles de la vie quotidienne (se déplacer, se nourrir, se livrer à des activités de loisirs, etc.), aux plus exceptionnelles (opérations chirurgicales, choix professionnels, investissements économiques conséquents, évaluation des risques de catastrophe, etc.). Cette diversité explique l’impossibilité de se référer à une définition commune et unique du risque susceptible d’être opérante en matière d’évaluation. Pour s’en approcher, on cherchera tout d’abord à cerner ce qu’est une situation à risque à partir de caractéristiques structurales et fonctionnelles qu’elle partage avec d’autres situations caractérisées dans les mêmes termes. Ensuite, dans une perspective résolument synthétique, bien que non exhaustive, on s’emploiera à étudier les principes qui sous-tendent l’utilisation de paradigmes d’évaluation, en affectant à cette expression le sens que lui donne Kuhn (1970), c’est-àdire celui d’école de pensée (Weltanschauung) ou encore de métathéorie. Les travaux qui seront analysés dans cet article illustrent les options prises par différents courants de la psychologie sur les problèmes de définition et d’évaluation des risques. Même si les conceptions sont différentes (comme nous le montrerons), même si les situations étudiées sont très variables (tantôt individuelles, tantôt collectives ; tantôt momentanées, tantôt durables), il n’en reste pas moins que toute opération d’évaluation du risque peut être décrite et traitée en faisant référence aux informations utilisées. Deux grands volets méritent alors d’être étudiés : celui de la sélection des informations (sur quels critères une information est-elle retenue, pourquoi l’est-elle préférentiellement à une autre ?) et celui des processus qui régissent le passage de la diversité à l’unicité, que nous désignerons comme un processus d’intégration. En effet, l’évaluation du risque suppose que, en se fondant sur des indices issus de sources différentes, le traitement effectué permette, in fine, l’obtention d’une valeur globale unique, caractéristique de la situation traitée. Restera ensuite à s’interroger sur le caractère généralisable des démarches ainsi mises en évidence. Sont-elles transposables à d’autres situations de même nature ? à d’autres risques ? Peuvent-elles être modélisées pour permettre une meilleure connaissance des opérations de traitement effectuées par l’être humain dans de tels contextes ? Il n’existe pas un mode de réponse unique à ces interrogations et les stratégies d’évaluation ne sont pas indépendantes de grandes options auxquelles les évaluateurs entendent se rattacher. En l’état actuel des connaissances, il paraît pertinent de distinguer trois paradigmes. Le premier repose sur la détermination individuelle de l’utilité espérée, positive

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Évaluer et modéliser les risques

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en cas de gains, négative en cas d’inconvénients ou de pertes. Ce paradigme permet, lorsqu’il combine plusieurs apports, de déterminer un risque considéré comme acceptable, notion qu’il conviendra d’analyser. Le second paradigme, connu sous l’appellation de « paradigme psychométrique », s’appuie principalement sur des références fortement opérantes au niveau des représentations sociales et se fonde sur des évaluations partagées plus ou moins largement par les membres d’un groupe ou d’un sous-groupe (un groupe professionnel, par exemple). Il souligne l’importance des sources qui produisent les informations et leur impact sur les évaluations. Le troisième paradigme fait référence aux processus cognitifs utilisés au niveau même du traitement des informations permettant d’aboutir à une évaluation. En conclusion de l’article, plusieurs questions d’ordre épistémologique propres à l’évaluation du risque seront discutées.

II. LE RISQUE : DÉFINIR ET CARACTÉRISER POUR ÉVALUER II . 1. LES DEUX VOLETS DE LA NOTION II . 1. LE SÉMANTIQUE ET L’ÉVALUATIF

DE RISQUE :

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L’étude et la maîtrise des risques représentent des activités qui s’exercent implicitement ou explicitement dans toute société mais qui sont devenues centrales dans les sociétés à fort développement technologique. En général, les situations réputées risquées amènent à mettre en œuvre des démarches d’évaluation implicites ou explicites qui, à leur tour, influencent les stratégies d’évaluation et de prévention (Kouabenan, 1999 ; 2000 b). Cependant, dès sa mise en œuvre, toute démarche d’évaluation pose une question fondamentale : celle de la définition de l’activité à risque (Leplat, 2003). Comment la distinguer d’autres activités ? En l’occurrence, deux voies s’offrent à nous. La première consiste à interroger un nombre conséquent de personnes, ce qui permet de caractériser la situation, c’est-à-dire d’indiquer si elle comporte ou non des risques : c’est le volet sémantique. Cependant, très rapidement, les divergences et les désaccords apparaissent dès qu’il s’agit de préciser la nature des dommages réels et/ou potentiels, présents ou à venir. Si la caractérisation (volet sémantique) est relativement consensuelle, les opinions diffèrent souvent largement sur les aspects évaluatifs. Par exemple, la production d’électricité nucléaire est généralement considérée comme une activité à risque mais les évaluations de ce même risque diffèrent très largement selon les groupes sociaux. La référence au registre sémantique n’est pourtant pas inutile

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