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Sujet d'Invention , Francais

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vu la rage dans ses yeux. Il m'a dit que lui et les autres avaient prévu de se révolter pendant la promenade du soir et qu'il fallait selon lui s'armer. Qu'a t il voulu dire? Je suis ici depuis 2 ans et jamais une telle chose s'était produite avant aujourd'hui.

Mon choix a été vite fait. Je ne vais pas me soumettre à me battre contre les matons, et semer la terreur. J'ai donc décidé que pendant la promenade, j'irais m'isoler dans une salle de lecture de la prison.

26/07/82

Résultat de la révolte : 4 morts, 12 blessés et 18 tolars au mitard. Heureusement, j'ai échappé à ça et je n'ai pas envie de m'étendre sur ce sujet ...

Hier soir dans la salle de lecture, c'est ici que j'ai trouvé ce qui pourrait donner un sens à ma vie ici en prison. De l'étagère, j'ai vu un livre dépassé légèrement. Je l'ai alors pris et vu que c'était un livre de poèmes en tout genre. Je ne m'y suis jamais vraiment intéressé jusqu'à ce que je tombe par hasard sur un poème de Rimbaud «enfance». Je me suis particulièrement attardé à la troisième section dans laquelle je me suis reconnu étant plus jeune. En lisant ces vers, le sentiment d'angoisse et de vide que je ressentait étant enfant ont refait surface. Je me revois à mes 10ans, exclu du monde à me retrouver perdu dans le monde inexistant de mon imagination. «Il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse»; cela me rappel étrangement mes parents qui ne souciaient pas une seconde de moi, de ce que je ressentait, de mes besoins vitaux. Je m'allongeais sur mon lit, fermant les yeux, libérant mon esprit affin de m'évader dans mon monde ou je me sentais protéger où comme Rimbaud je n'entendait pas l'horloge sonner, le temps ne s'écoulait pas... Mais je me réveillais toujours par le bruit assourdissant de mon estomac criant famine. Ca me fait du bien de me replonger dans mes souvenirs, d'habitude je préfère ne pas me souvenir plutôt que d'oublier et j'ai l'impression qu'une partie de moi s'est évadé, que je ne suis plus totalement emprisonné...

15/08/82

Je n'en peu plus!! Cela fait 20 longs jours que je ne suis pas retournée dans la salle de lecture

Vais-je pouvoir y retourner? Retrouverais-je le même livre de poèmes...

30/10/82

Enfin! Enfin j'y suis retournée, et quel bonheur de retrouver Rimbaud avec son poème «sensation».

Lorsque je suis retourné dans ma cellule tout à l'heure je me suis mis à rêver. Je n'avais pas rêvé depuis mon arrivé ici; mais depuis que j'ai découvert le monde de la poésie, rêver me parait tellement simple et tellement naturel. Comme dans «sensation» j'ai fait le rêve d'un adolescent fugueur, je me suis laissé le droit d'avoir une âme d'adolescent à la rechercher du bonheur, de ressentir le désir d'évasion, de me libérer des contraintes, et d'éveiller une certaine sensualité dans la quête de sensations auprès non pas d'une femme mais de la nature. «Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue.» Cette atmosphère à la fois douce et musicale de la nature me donne une sensation de bien être. «...mais l'amour infini me montera dans l'âme; et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, par la nature, heureux comme avec une femme» ; Apres avoir lu ces vers, comment ne pas être emporté par le bonheur amoureux, le bonheur de la rencontre, de l'harmonie avec la nature qui remplace une femme...

06/11/82

J'ai réussi à avoir l'autorisation d'aller chaque soir dans la salle de lecture à la place de la promenade.

Je suis retourné dans ce beau monde qui me procure d’immenses plaisirs. Je commence à m’habituer lentement à cet endroit obscure et sinistre. Je crois que j’ai peut être enfin trouvé la seule chose qui pourrais m’aider à oublier cette vie de tolar, et à rendre mes jours plus agréables. La poésie. Les poésies d’amour qui me permette de me sentir plus proche de mon seul amour.

Je lis ces poèmes le soir avant de m’endormir et je m’imagine au près d’elle, la serrant fort contre moi et lui déclarer mon amour à la manière d’Eluard comme dans «derniers poèmes d'amour» Un ouvrage très beau qui me rappel la douceur de son visage, son sourire et son regard ...

«Je m’entends et tu m’entends

Hurler comme un chien perdu

Contre notre solitude

Notre amour a plus besoin

D’amour que de l’herbe de pluie

Il faut qu’il soit un miroir.»

Lire des poèmes d'amour comme celui ci me déchirent le coeur de savoir que je n'aurais pas le bonheur de pouvoir la retrouvé à ma sortie, qu'elle ne m'aura pas attendu. Mais en même temps, quelle joie de pouvoir me souvenir de sa beauté, de son parfum, de la chaleur de sa peau rien qu'avec quelques vers...

13/10/82

…En lisant le poème « à la santé » de Guillaume Apollinaire j’ai eu l’impression de lire ma vie depuis mon entrée ici en prison. Dans la première section, il parle de son incarcération, et des ces adieux au monde extérieur, à sa liberté «Adieu adieu». « Non je ne me sens plus là » comme l’auteur, lorsque je suis entré en prison j’ai ressenti une perte d’identité, je ne savais plus réellement qui j’étais, je me cherchais au travers des autres prisonniers. Ensuite après cette perte, je me suis senti comme un animal en cage privé de sa liberté incapable d’exprimer mes souhaits « comme un ours ». Par la suite je me suis senti seul au point d’implorer Dieu de prendre pitié de moi. Je me suis ensuite projeté dans l’avenir, j’ai essayé d’avoir un raisonnement plausible sur le but de mon existence, j’ai essayé de m’ouvrir au monde. Au début, j’ai eu des difficultés à vivre mon incarcération, je me suis laissé emporter par la douleur, la solitude, l'anéantissement de ma personnalité… Et aujourd’hui, je fais de mon mieux pour retourner à une certaine forme de vie par l’écoute du monde et tout cela grâce à la poésie essentiellement…

23/11/82

Poème du jour : «L'isolement» d'Alphonse de Lamartine

«Je puis déjà d'avance me compter parmi les morts»

Il y a quelques années, j'ai lu cette citation. Elle m'avait vraiment touché bien que ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait dire. Aujourd'hui grâce à ce poème j'ai enfin compris.

Je me suis laissé transporter par cette histoire d'amour au dénouement tragique, je n'ai pas pu empêcher les larmes de couler. Après avoir perdu l'amour de sa vie, un homme ne pense qu'à une chose, le bonheur qu'il a perdu et se retrouve plus que dans la solitude. Son chagrin est tel qu'il plonge dans la douleur infinie. Il ne croit plus en rien et le dis lui même «Nulle part le bonheur m'attend» «je ne demande rien à l'immense univers». Dès lors, j'ai tout de suite ressenti un sentiment de pitié, de compassion à l'égard de cet homme.

Après être revenu de la salle de lecture à 20h, je me suis allongé sur mon lit, et je me suis laissé emporter... Je me suis mis à la place de cet homme, je me suis approprié son histoire, sa perte, ses sentiments. D'une part, j'ai voulu vivre une nouvelle expérience; celle de me

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