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Est-Il Possible De Se Passer De L'Art ?

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e utilité pragmatique de l'art, ou celui-ci serait-il au contraire un luxe ? Comment l'art est-il utile à la société ? Est-il un support de connaissance fiable, un pur reflet de la réalité ? L'art n'est-il pas source de nombreux plaisirs, n'est-il pas un échappatoire à la sphère du besoin, à la monotonie quotidienne, ou encore l'occasion de renouer avec Autrui ? Nous tenterons de répondre à ces questions tout au long des trois parties du devoir.

L'art s'apparente alors à la technique, au savoir-faire : l'art de fabriquer les chaussures (ex : Platon, dans la cité du besoin apparaît un quatrième corps de métier, les fabricants de chaussures). C'est donc le besoin physique qui détermine la satisfaction du désir de chaussure, dans cette situation c'est la douleur aux pieds. On ne peut s'en passer mais celui qui produit est conscient des règles et des moyens qu'il doit mettre en place : l'artisan produit grâce à une méthode, alors que l'artiste laisse libre cours à sa fantaisie, sa liberté créatrice. Et si l'art n'a pas besoin de suivre des règles déterminées et réfléchies, c'est parce qu'en aucune manière l'art ne vise la rentabilité au l'efficacité. Kant oppose l'art comme activité gratuite, libérale, à l'artisanat “mercenaire”. (Critique de la faculté de juger) On considère le premier comme s'il ne pouvait avoir une issue conforme à sa fin, que comme jeu, c'est-à-dire comme une activité agréable par elle-même, et le second seulement comme travail, c'est-à-dire comme une occupation en elle-même désagréable (pénible) qui ne peut avoir d'attrait que par ses effets (source d'argent).

La première fonction de l'art est évidemment de produire de la beauté, puisque c'est sa définition. Et la beauté, étant une finalité sans fin, n'a pas d'autre but qu'elle-même. Elle est pure gratuité et infinie liberté. On pourrait remarquer ici que par sa gratuité et son désintéressement l'art est une preuve du pouvoir de liberté de l'homme. C'est bien parce qu'il est libre que l'homme est capable de créer un monde esthétique. On peut même dire que l'art est la conscience toute entière en tant qu'elle réalise sa liberté. Pour le créateur comme pour le spectateur, il constitue un niveau de conscience original. Comme l'acte moral, la création artistique de ce qui ne sert à rien est l'acte gratuit révélateur de la liberté. Elle ne doit rien à personne et ne demande rien d'autre qu'elle-même. Elle se suffit à elle-même, sans finalité utilitaire immédiate, que ce soit un tableau, un morceau de musique, un livre. Mais l'art, même s'il est manifestation de la liberté de l'homme, comme production inconsciente de l'artiste, appartiendrait alors au domaine du luxe. Il ne concerne que le domaine de l'esthétique et ne fait intervenir chez le spectateur qu'un jugement de goût, duquel on peut se passer. Pourtant, l'art, comme nous l'avons remarqué dans l'introduction, a tout au long de l'histoire accompagné l'émergence de nouveaux courants de pensée. L'art semble donc ancré dans l'existence de l'être humain et participe de sa vie : Zola, au XIXè siècle, décrit la misère du petit-peuple, sur fond de montée du communisme en Europe et de prise de conscience du milieu ouvrier. L'art cependant, à travers cet exemple, ne semble pas tout à fait dénué d'utilité, et nous amène au thème de l'engagement de l'artiste à travers l'art.

De nombreux artistes, ont en effet pris parti et se sont engagés pour servir une cause. C'est par exemple le cas de l'écrivain résistant Paul Eluard et de son poème « Liberté », parachuté dans les maquis en 1942, pour soutenir l'espérance de la victoire. Dans le domaine de la peinture, Pablo Picasso a entrepris de dénoncer les bombardements franquistes sur les civils espagnols en réalisant notamment Guernica. Ces artistes ont traversé tous les temps, les cultures, et les types d'art. Aujourd'hui, nous pourrions parler de Banksy, artiste britannique de « street art », qui a par exemple réalisé un pochoir représentant un paysage exotique sur le mur de séparation israélienne, ou a dénoncé les abus de la société de consommation occidentale et de l'armée américaine. L'art, lorsqu'il est engagé, devient utile : il témoigne d'un contexte historique, social, intellectuel, mais pose la question de l'œuvre d'art. En d'autres termes, à quel moment se distingue t-il de la propagande ? Est-ce réellement sa vocation, si l'art est conçu comme production inconsciente de l'homme ?

On pourrait considérer à cet égard que l'artiste entretient un lien vital avec son œuvre. Celle-ci devient alors un moyen d'expression, lorsque la parole ne parvient pas à exprimer le corps, notamment au niveau du vécu intérieur. Depuis Freud, on sait que l'homme est habité par des forces inconscientes, des pulsions, qui sont parfois refoulées, censurées, et qui empêchent l'individu de s'exprimer comme il le voudrait par la parole. L'œuvre d'art devient le moyen de s'exprimer, l'artiste ne peut pas s'en passer, c'est un besoin vital, un échappatoire à la névrose. L'œuvre d'art devient ainsi la clé de la connaissance de soi. Celle-ci devient même rassurante sur la condition de l'artiste et même à l'échelle humaine en général avec Malraux, car elle révèle à l'humain sa grandeur et sa dignité : « On peut aimer que le sens du mot art soit : tenter de donner conscience à des hommes de la grandeur qu'ils ignorent entre eux. » ; "Le plus grand mystère n'est pas que nous soyons jetés au hasard entre la profusion de la matière et celle des astres, c'est que dans cette prison nous tirions de nous-mêmes des images assez puissantes pour nier notre néant". L'art ne semble donc pas si inutile que ça, pour l'artiste et la société. L'art ne peut se limiter qu'à cela, il témoigne de la réalité et nous apporte une image différente de celle-ci, celle-ci est-elle pour autant fiable ?

L'art peut constituer un précieux témoignage, d'un point de vue historique, d'une civilisation et de sa culture ; ainsi, José-Maria de Hérédia prétendait : « L'art est l'ensemble des images que la création humaine a opposé au temps ». Les historiens s'appuient notamment sur les représentations artistiques pour dater certains faits, connaître les coutumes... (art gréco-romain, pré-colombien...). Des villes comme Pompéi, Rome ou Athènes sont des objets d'étude privilégiés pour étudier les civilisations gréco-romaines. L'art témoigne, à un moment donné, d'une culture, d'un mode de vie, d'un milieu social. On peut penser par exemple aux scènes de vie dans les tableaux du XIXè siècle qui montrent la petite bourgeoisie, ou encore aux écrits réalistes de Balzac dans le domaine de la littérature. Dans le domaine du cinéma également, le mouvement cinématographique italien « neorealismo » (néoréalisme), qui avait pour vocation de présenter le quotidien du peuple pendant la Seconde Guerre mondiale, constitue un support historique intéressant sur cette période, mais du point de vue de « l'arrière » (Et non pas du front de la guerre, des combats).

Si l'art est un support de connaissance, pur reflet de la réalité, alors on ne peut pas s'en passer. Cette recherche de la réalité singulière est en tout cas un but suprême pour beaucoup d'artistes, et selon Bergson, ce sont bien eux les plus aptes à atteindre cette singularité du réel. Contrairement aux autres hommes qui saisissent la réalité à l'aide de concepts préexistants, constituant une méditation « voilante » entre la nature et la conscience, ils la saisissent dans un intuition : « l'émotion esthétique ». Et l'œuvre traduisant cette vision provoque cette même émotion chez le public qui la contemple, selon Bergson. Cependant, si Sénèque, en considérant que « tout art est imitation de la nature » avait raison, la perception de la réalité qu'ont les artistes serait vraie, authentique, fidèle à cette dernière. Cependant, selon Paul Klee, « l'artiste ne reproduit pas le visible, il rend visible. ». L'artiste, en voulant atteindre l'objet dans son essence, dans son éternité, propose une réalité transcendée, sublimée, par le biais de métaphores ou de sonorités pour exprimer l'indicible (ce que Baudelaire appelle « la sorcellerie évocatoire », ou Verlaine : « la musique avant toute chose »). La retranscription de la perception de l'artiste n'est donc pas fiable, car elle est dénaturée par son regard, ses émotions. Sa propre perception d'un objet change à chaque instant, et l'objet lui-même change à chaque instant. L'art n'est donc pas un support fiable de connaissance, pur reflet de la réalité. Cependant, il modifie notre appréhension de la réalité, il étend notre perception, en nous montrant ce que nous ne voyions pas, mais également en nous ouvrant le monde de son créateur.

Même s'il ne nous donne pas accès à la pure réalité, l'art nous donne accès au monde de l'artiste. L'artiste, ayant sa propre sensibilité, sa propre personnalité, retranscrit son regard, son appréciation de la réalité dans son œuvre, et nous donne la possibilité

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