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Representation de la france dans le salut

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que les deux jeunes gens n’échangent leur premier baiser : atmosphère mouillée. Pour Toinette (chp. XVII), pas de fleuve ni de pluie, c’est l’idée de la végétation et de la lisière (« se retrouvèrent dans les buissons à la limite du bois ») qui est mise en valeur, mais l’humidité est présente dans la description avec la sueur de Toinette : « Sa robe laissait voir le haut des seins qui luisaient de sueur. Elle avait les yeux qui brillaient ». Dans le film, mélange de sensualité et de cruauté de Toinette est symbolisé par le poisson vivant qu’elle vient de pêcher, qu’elle apporte en criant de joie et qu’elle laisse tomber aux pieds de MM.

C. Eau et intempéries : difficulté pour accéder à SC

Début du chp II rappelle que « La route qui menait chez les SC était boueuse dès que les froids venaient », « route boueuse » dans laquelle sont arrêtés les carrosses au début du chp. IV : route non pavée est rendue difficilement praticable dès lors que s’y mêle de l’eau.

Humidité et intempéries liées à l’eau vont régulièrement constituer des obstacles à affronter pour MM se rendant à la cabane : orage quand il est surpris sous la cabane au chp. XIV (on nous rappelle au chp. XXVI que ce jour-là, il avait été « trempé jusqu’aux os »). Ou encore : « Le ciel était rempli de nuages de pluie et il faisait sombre. L’air était plein d’humidité et laissait pressentir une averse prochaine », et MM est enveloppé « dans son grand manteau de pluie » quand il écoute SS au chp. XXI ; MM se rend tous les jours à la cabane pendant trois ans, même s’il pleut : « Qu’il plût, qu’il neigeât, il se rendait nuitamment à la Bièvre. […] puis suivait le chemin humide, contournait le mur sur la rive, se glissait sous la cabane humide ». Insistance sur l’adj « humide » rappelle que l’eau est une difficulté à affronter dans le chemin initiatique de MM.

De plus, tempérament mélancolique de SC le mène à de brusques colères, effrayantes, comme l’orage, une affinité que montre bien le chp. XIV, l’orage coïncidant avec la colère de SC contre MM, puis la fin de l’orage à son retour au calme : « Elle dit à son père qu’elle aimait Marin, le calma enfin. Les nuages de l’orage étaient passés aussi vite qu’ils avaient été violents… » p. 49.

II. L’eau pour dire l’art : entre esthétique et mythologie

A. L’eau comme motif pictural

Place de l’eau dans la description de la Seine au chp. VIII : « La Seine était couverte par une lumière immense et épaisse de fin d’été, mêlée à une brume rouge », « eau rouge », alliance eau/architecture/personnages comme dans un tableau : « Les hommes nus et les femmes en chemise se lavaient dans la rivière, l’eau au mollet. » Couleurs et effet de tableau, forte valeur esthétique de la description : cf. « la beauté du fleuve » soulignée p. 29, omniprésence du liquide peut aussi rappeler la substance de la peinture elle-même. Mais l’eau est surtout associée à l’art de la musique.

B. Eau et musique

SC nomme sa cabane, lieu de la musique intime par excellence, sa « vorde » : « Vordes est un vieux mot qui désigne le bord humide d’un cours d’eau sous les saules. » Il y a donc, pour SC, une association forte entre pratique musicale et bord de l’eau. L’eau mêle silence, mouvement et sons qui plaisent à son oreille, et a ainsi une affinité avec la musique, comme le montrent les détails du récit au chp. VI : « Il aimait le balancement que donnait l’eau, le feuillage des branches des saules qui tombait sur son visage et le silence et l’attention des pêcheurs plus loin. […] Il écoutait les chevesnes et les goujons s’ébattre et rompre le silence d’un coup de queue ou bien au moyen de leurs petites bouches blanches qui s’ouvraient à la surface de l’eau pour manger l’air. » C’est aussi l’eau qui apparaît dans les premières images données par SC lorsqu’il énonce sur le mode de la poésie et de l’énigme la nature de sa création musicale : « Oh ! mes enfants, je ne compose pas ! Je n’ai jamais rien écrit. Ce sont des offrandes d’eau, des lentilles d’eau, de l’armoise, des petites chenilles vivantes que j’invente parfois en me souvenant d’un nom et des plaisirs. » (chp. XIV) L’eau et la flore aquatique symbolisent le surgissement fugace de l’invention musicale, offrande momentanée à l’opposé de la composition écrite, de la trace, que ne pratique pas SC. Donc ici, eau rappelle aussi anonymat cultivé par le musicien, anonymat reproché et présenté comme une menace par l’abbé Matthieu au chp. V, d’abord par l’image du dessèchement : « Vous mourrez desséché comme une petite souris… sans être connu de personne », puis de la pourriture et de la noyade : « Vous allez pourrir dans votre boue, dans l’horreur des banlieues, noyé dans votre ruisseau. » C’est sur cette idée de noyade que rebondit SC pour moucher les envoyés du roi : « Vous êtes des noyés. Aussi tendez-vous la main. Non contents d’avoir perdu pied, vous voudriez encore attirer les autres pour les engloutir. » Les métaphores des deux hommes marquent l’opposition entre un engloutissement volontaire et fécond (=SC dans l’intégrité de son univers naturel) et un engloutissement stérile lié à la contrainte sociale (=les courtisans).

C. Dimension mythique de l’eau : l’expérience orphique

Et bien sûr, le lien entre eau et musique s’approfondit avec la référence mythologique aux Enfers, cf cours sur la référence à Orphée. Rappeler motif de la barque (assimilée à une viole), avec le mythe de Charon, rivière rappelant fleuve infernal. Cf. succession des événements lors de la première apparition de Mme de SC : rêverie sur la barque, puis joue Le Tombeau des Regrets. Musique rompt l’étanchéité entre monde des vivants et monde des morts, elle a le pouvoir d’évoquer les morts, de faire revenir les ombres. C’est aussi dans la barque, sur le fleuve, que disparaît Mme de SC à la fin du chp. XV : passage d’un monde à l’autre dans les deux sens. Voir aussi, dans le dernier chp, ce que dit MM : musique est « un petit abreuvoir pour ceux que le langage a désertés », image d’une musique liquide où des défunts étancheraient leur soif…

III. L’eau pour symboliser la temporalité : entre mort et origine

A. L’eau associée à une étape majeure de la vie de MM : la mue

Relire le récit de MM au chp VIII : la Seine devient l’image de la « blessure » que représente la mue de MM, elle figure ce trauma, cette rupture qui marque la fin de quelque chose et le début d’autre chose, qui sera comme une véritable renaissance pour MM. « Cette eau qui coulait entre ces rives était une blessure qui saignait. La blessure qu’il avait reçue à la gorge lui paraissait aussi irrémédiable que la beauté du fleuve. » Irrémédiable : qu’on ne guérit pas, parce que comme le cours du fleuve, le cours du temps ne s’inverse pas – « tous les matins du monde sont sans retour » ! Ce liquide rouge trouve bien sûr un écho dans l’allusion au sang menstruel de Toinette deux chapitres plus haut : « Toinette quitta sa petite viole et vint le jour où, une fois par mois, elle mit du linge entre ses jambes ». Le liquide marque le passage de l’enfance à l’âge adulte.

B. L’eau et le temps qui passe

Les saules et la barque, évoqués dès la première page du roman, vont être associés à la dégradation liée au passage du temps dans le roman. Chp. XXII : « Durant l’hiver 1684, un saule s’était rompu sous le poids de la glace et la rive en était abîmée. […] Monsieur de SC avait été très affecté par ce bris d’un saule parce qu’il coïncida avec la maladie de sa fille Madeleine. » La barque, déjà décrite comme vieille,

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