DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Représenter ou gouverner, il faut choisir

Dissertation : Représenter ou gouverner, il faut choisir. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  7 Janvier 2017  •  Dissertation  •  3 796 Mots (16 Pages)  •  1 031 Vues

Page 1 sur 16

« Représenter ou gouverner, il faut choisir ».

Quand, en 2016, certains de nos représentants politiques estiment qu’un pain au chocolat pourrait coûter 10 ou 15 centimes environ et que d’autres, en 2015 étaient persuadés qu’un contrat à durée déterminée est renouvelable trois fois pour un demandeur d’emploi, cela montre que les élus ne sont pas conscients des réalités de la société. En effet, il existe un réel décalage entre les représentants et les citoyens qu’ils ont pour mission de représenter. Ce décalage fausse souvent leur prise de décision mais surtout le principe même de la démocratie. C’est en Grèce que la démocratie est apparue vers 600 avant JC. Il s’agit alors d’une démocratie directe qui va apporter trois principes fondamentaux : isonomia (égalité devant la loi), isegoria (égalité de parole devant l’assemblée), isokrateia, (égalité des pouvoirs). Elle repose sur un tirage au sort des citoyens pour occuper tour à tour telles positions. Mais, les esclaves, les métèques et les femmes n’ont pas de droits civiques. Le système romain sera plus juste puisque tous pouvaient voter et participer à l’élaboration des lois. Il faudra attendre la période de la Renaissance en Europe pour y voir les prémices d’une ouverture vers la démocratie. Machiavel, dans « le Prince » veut montrer la désacralisation du pouvoir politique : il donne l’idée d’une loi sociale qui ne viendrait pas de Dieu. Par la suite, ce sont les révolutions qui vont apporter la démocratie dans le monde, notamment celle de la lutte contre la monarchie mais c’est la consécration de droits humains (1688) qui a réellement mis en œuvre la démocratie. Pour les Lumières, la raison ayant valeur primordiale, la religion ne pouvait être que détrônée de son pouvoir. L’absolutisme était ainsi remis en cause. Selon le « Contrat social » de Rousseau, le rôle de l’Etat est de garantir les libertés individuelles. Pour Montesquieu, il devient nécessaire de limiter le pouvoir par le pouvoir : théorie de la séparation des pouvoirs, ces pensées mettant fin à l’Ancien Régime. La révolution américaine mettant fin à la monarchie, elle consacre la République avec la Constitution de 1787 qui établit les grandes lignes de la démocratie représentative. Cette nouvelle société basée sur un système égalitaire deviendra un modèle en Europe, et surtout en France. C’est ainsi que la Révolution française va permettre la rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, instituant les bases démocratiques que nous connaissons aujourd’hui.

« Représenter ou gouverner, il faut choisir ». Cette citation de Jean Tournon est issu de l’ouvrage « La représentation » édition D’Arcy François de 1985 (page 107). Elle renvoie directement à ce tiers qui impose une certaine structure à ces hommes sortis de leur état de nature, pour leur bien être. Le représentant, en politique, a deux visages : il est celui qui incarne le représenté et celui qui agit en son nom. Dans les deux cas, s'il rend l'autre présent, c'est à condition de se substituer à lui. La représentation politique est fondée sur ce premier paradoxe : le représentant amène le représenté à l'existence mais prend en même temps sa place en agissant en son nom et pour son compte. Ainsi, le terme « représenter » renvoie à la démocratie représentative qui est l'une des formes de la démocratie dans laquelle les citoyens expriment leur volonté par l'intermédiaire de représentants élus à qui ils délèguent leurs pouvoirs.  « Gouverner », c’est prendre des décisions, mais aussi les faire appliquer et assurer le fonctionnement du pays conformément à sa Constitution. 

Néanmoins, si le 20e siècle fut marqué par un réel enracinement de la démocratie dans nos sociétés, il fut également imprégné d’un refus de celle-ci. De nos jours, on constate une crise de la représentation démocratique causée par une sorte de désintérêt des citoyens face à leurs élus. Les citoyens ont de plus en plus de mal à accepter que les élus les représentent. En effet, les élus ne « s’expriment pas au nom de toutes les classes sociales ». Nombreux sont les citoyens qui se sentent lésés. De plus, les élus qui représentent la volonté générale, votent aussi les lois et contrôlent les décisions prises par le gouvernement. Si ces élus ne défendent pas les intérêts des citoyens, comment peuvent-ils bien les gouverner ? Les dispositions de la citation laissent penser que cette obligation de faire un choix résulte du fait que ce système ne fonctionne pas, ne répond pas aux attentes du citoyens car le tiers  le représenter et gouverne. Il faudrait opposer ces deux fonctions et non les concentrer entre les mains du tiers, afin qu’il y ait une distinction entre ces deux fonctions.

Ainsi, le cumul des fonctions de représentation et de gouvernement est-elle la cause de cette crise de la représentation démocratique ? Si oui, comment répartir ces deux fonctions ?

Cumuler les fonctions de représentation et de gouvernement génère une crise de la représentation démocratique (I), ce qui rend nécessaire la répartition de ces fonctions entre élus et citoyens (II).

I°) La crise de la représentation démocratique : cumul des fonctions de représentation et de gouvernement.

      Les citoyens faisant l’objet d’une représentation fictive faussée à cause des élus (A), ces derniers étant dans l’incapacité de s’adapter aux nouveaux enjeux politico-sociaux (B).

      A/ Une représentation fictive faussée : entre illusions et réalités.

          L’idée de contrat social de Rousseau a émergé en raison des inégalités entre les hommes dans l’état de nature. Ainsi, ce contrat doit être vu comme le fondement de la société donc de l’Etat oeuvrant pour l’intérêt général. Donc, une société qui rompt son contrat social ne sera plus considérée comme une société, les hommes étant retournés dans leur état de nature. L’homme à l’état de nature est un homme bon qui dispose pas de la morale. Il ne sait pas ce que signifie être méchant car il ne vit pas en société avec ses semblables. Donc, il ne peut lui vouloir ni bien ni mal. Vivre en société pourra lui faire développer une conscience du bien et du mal, et, entretenir des relations constantes et durables avec ses semblables. Conclure un contrat oblige chaque homme à un abandon total et inconditionnel par chaque individu de ses propres droits naturels au profit de l’Etat qui par sa protection, leur conférera des droits associés à la citoyenneté en conciliant l’égalité et la liberté. L'abbé Sieyès rajoute le 7 septembre 1789 que dans un « État représentatif », « le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants ».

            Pourtant, on constate que les citoyens ne s’associent plus à leurs représentants. Or, la logique veut que le suffrage universel existe afin de permettre à un citoyen d’élire un représentant qui sera réellement capable de le représenter au niveau politique mais aussi qui se rapprochera le plus de lui au niveau social dans le sens où il peut se reconnaître en lui (revenus, classe sociale). En effet, depuis plusieurs années, le taux d’abstention des électeurs ne cessent d’augmenter en raison du manque de choix. En effet, l'enjeu reste celui de la « trahison », toujours possible, du représenté par le représentant. Il le trahit dès lors qu'il ne lui ressemble pas. Il le trahit également dès lors qu'il ne traduit pas correctement ses volontés.    

           Aujourd’hui, la tendance a changé car on se retrouve avec des élus cherchant par tous les moyens à convaincre des électeurs qui restent indifférents à leurs multiples sollicitations. Les représentants ne sont pas forcément représentatifs du corps social, ces derniers venant souvent de milieux aisés. Ce système est conçu tel que les minorités sont souvent oubliées car les programmes des représentants n’incluent pas leurs difficultés quotidiennes. De plus, les représentants agissant dans l’intérêt général, il y a souvent un fossé entre les lois et amendements qu’ils proposent qu’ils proposent pour les réalités de chacun. Comment faire confiance à des hommes politiques qui, ne soufrant d’aucun manque vital, ne peuvent pas dissocier les besoins des citoyens de leurs intérêts particuliers ? Beaucoup d’exemples ont prouvé que les élus ne sont pas conscients de ce que vivent quotidiennement les citoyens (exemple : un ticket coûterait 4 euros en 2012 selon Nathalie Kosciusko-Morizet à l’époque ministre de l’écologie et des transports). Peut-être pensent-ils prendre des décisions dans l’intérêts de la population qu’ils représentent. En effet, les citoyens leur ayant donné le pouvoir de décider pour eux, ils peuvent l’utiliser à des mauvaises fins en faisant passer certaines décisions dans le cadre de l’intérêt général. Nombreuses sont les affaires de corruptions de représentants qui abusent de leur place privilégiée.

...

Télécharger au format  txt (23.5 Kb)   pdf (156.5 Kb)   docx (70 Kb)  
Voir 15 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com