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Manon lescaut, fiche de lecture et Commentaire de texte ( Tous les chapitres )

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Par   •  3 Janvier 2018  •  Fiche de lecture  •  13 477 Mots (54 Pages)  •  1 288 Vues

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Manon Lescaut –49cause sa sincérité («une mort que vous causez et qui ne vous peut donner la douleur que vous faites paraître»), sa vertu («si votre vertu n’avait pas plus d’étendue pour y résister»)et l’intégrité de ses sentimentsen lui prêtant des intentions qu’elle n’a pas («Mais ma mort vous laissera en liberté, ajouta-t-il, et vous pourrez rendre Monsieur de Nemours heureux»). Les trois personnages masculins ressentent la même impression de destruction totale de leur être et de ce qui les fait vivre, par la trahison:–le prince de Clèves voit son amour et son estime pour sa femme anéantiset préfère mourir;–le héros de Musset a le sentiment que le mal causé par la trahison rayonne en lui et autour de lui («le monde m’apparaissait comme peuplé de monstres, de bêtes fauves et de crocodiles»), au point de le faire «douter de tout»;–de la même façon, le texte d’Olivier Rolin montre que la trahison semble briser toute cohérence à l’intérieur des êtres, et même dans le passé, en créant «une réversion [...]inouïe du bien et du mal, un retournement [...]incompréhensible des rôles»; le narrateur cherche désespérément à renouer un lien entre passé et présent, comme le soulignent ces interrogations où s’opposent présent et imparfait: «Se peut-il qu’elle ne soit pas accablée de la blessure terrible qu’elle vous a faite, elle qui s’inquiétait du moindre mal qui pouvait vous advenir.»Leur souffrance s’exprime aussi dans leur impuissance à surmonter cette douleuret même à lui trouver un sens; tous les trois traduisent leur incompréhension devant l’attitude de la femme exprimée par les questions soulevant les incohérences de ses actes, leur impossibilité à se détacher du passé et de leur amour: le héros de Musset reste hanté par son amante jusque dans ses rêves et l’attend toujours, comme le narrateur du texteE «s’épuise dans la vaine croyance que ce qui a été pris sera repris, ce qui a été délié sera lié de nouveau», en se souvenant des tendresses passées. C’est ainsi qu’ils se sentent conduits à la folie («Est-ce que tu es fou?»[texteC]/«esprit affolé»)et que le prince de Clèves préfère la mort. Le personnage de Munch semble également plein d’incompréhension en imaginant en arrière-plan la femme aimée avec un autre, et son regard halluciné peut faire penser à la folie.Travaux d’écritureQuestion préliminaireCes cinq textes ainsi que la lithographie de Munch présentent des hommes confrontés à la trahison de la femme aimée, qui va les bouleverser au plus profond d’eux-mêmes.•La première conséquence psychologique est une grande souffrance, exprimée souvent dans des termes paroxystiques:–DesGrieux se trouve dans «un état qui [...]serait difficile à décrire», en proie à des «peines cruelles»;–le prince de Clèves est à l’article de la mort causée par un «chagrin violent»;–Musset emploie l’image des «cicatrices»;–de même, Rolin utilise un vocabulaire très fort emprunté au domaine physique: «brisé»,«presque mort»,«blessure terrible», «renversé et rompu»;–enfin, Proust emploie les termes «malheur» et«souffrir».•Cette souffrance vient d’abord de la perte de l’amour, des «peines cruelles [qu’]on sent à se séparer de ce qu’on adore»(texteA). Les personnages sont hantés par la femme aimée, comme on le voit particulièrement chez Musset (texteC) où le héros rêve d’elle, l’attend et ne peut imaginer la vie sans elle. Swann (texteD) se remémore avec désespoir «les souvenirs les plus doux»perdus ou détruits,et le narrateur de Rolin (texteE) se torture à mettre en parallèle le passé et le présent («Se peut-il qu’elle ne soit pas accablée de la blessure terriblequ’elle vous a faite, elle qui s’inquiétait du moindre mal qui pouvait vous advenir»). Enfin, le Prince (texte B) avoue la profondeur de sa passion alors qu’il la sait détruite («Que ferais-je de la vie, reprit-il, pour la passer avec une personne que j’ai tant aimée, et dont j’ai été si cruellement trompé»). C’est cette permanence de l’amour qui fait le plus souffrir les personnages, qui ne peuvent se déprendre de la femme aimée, malgré la jalousie; c’est sans doute Musset (texte C) qui exprime le plus intensément ce phénomène en montrant comment haine et amour coexistent dans le personnage et l’écartèlent: «J’avais beau haïr cette femme, elle était, pour ainsi dire, dans le sang de mes veines; je la maudissais, mais j’en rêvais»; de même, il espère le retour de son amante, mais se sent capable de la tuer...•Ces «sentiments si opposés»(texte B) conduisent les personnages à une sorte d’incompréhension d’eux-mêmes,voire de folie:

Réponses aux questions –50–Des Grieux relève les réactions contradictoires qui l’habitent («de quelque nature que fussent les miens, il est certain qu’il devait y entrer de la douleur, du dépit, de la jalousie et de la honte»);–le prince de Clèves affirme son amour mais torture sa femme, et avoue lui-même la «faiblesse»à laquelle l’amènela jalousie;–Swann est animé «de tendresse et de soupçons alternés»;–enfin, Musset et Rolin évoquent directement la folie («Est-ce que tu es fou?»/«esprit affolé»).Le regard halluciné du personnage de Munch, obsédé par la femme qu’il imagineavec un autre, et la mise en scène du tableau qui le fait ressortir en blanc d’un fond complètement noir peuvent faire penser que la démence s’empare de lui...•La trahison est souvent assimilée à la mort, car elle ébranle l’être dans tout ce qui le fait vivre:–le cas exemplaire est, bien sûr, celui de M. de Clèves, qui meurt véritablement de son amour trahi, puisqu’il constituait sa vie même («vous me rendez la mort agréable, et qu’après m’avoir ôté l’estime et la tendresse que j’avais pour vous, la vie me ferait horreur»);–Rolin (texte E) évoque aussi directement la mort en comparant l’être trahi à «un guerrier mort de l’Iliade»;–le narrateur de Musset (texte C) éprouve lui aussi ce dégoût total de l’existence, comme si la trahison avait anéanti tous les ressorts de sa vie («la perdre, [c’était]tout détruire»): le mal causé par la trahison rayonne en lui et autour de lui («le monde m’apparaissait comme peuplé de monstres, de bêtes fauves et de crocodiles»), au point de le faire «douter de tout».Ce retentissement mortifère de la trahison rejaillit même sur le passé et l’annule, comme le montrent très bien Proust et Rolin (cf.question 2), ce qui explique que le personnage se sente dépossédé de lui-même et «presque mort»(texte E). Dansla lithographie de Munch, l’ombre noire qui semble dévorer le visage du personnage peut évoquer la folie ou la mort qui s’empare de lui et le détruit. •Vis-à-vis de la femme aimée, la trahison provoque d’abord l’incompréhension, marquée par les nombreuses interrogations qui jalonnent tous les textes: le héros ne peut s’expliquer son comportement (textes A et C)ou ne peut le faire coïncider avec ses actes passés (textes B et E), comme l’exprime magnifiquement Rolin («c’est une réversion si inouïe du bien et du mal, un retournement si incompréhensible des rôles que l’esprit affolé ne peut les concevoir, moins encore les admettre»). L’être trahi en vient donc à douter de la sincérité des sentiments passés, et c’est ainsi toute l’histoire d’amour qui se voit faussée et pervertie: le Prince (texte B) remet en cause les intentions de sa femme lors de l’aveu, et Proust (texte D) suggère, à travers une série d’images, «la présence possible et souterraine de mensonges qui lui rendaient ignoble tout ce qui luiétait resté de plus cher».Les personnages masculins dégradent alors l’image féminine en considérant ses sentiments comme indignes et inférieurs: Des Grieux compare sans cesse sa passion et ses sacrifices à l’attitude de Manon pour souligner à plusieursreprises son ingratitude; le Prince exalte sa propre passion pour mieux prendre en défaut les sentiments de sa femme.Les reproches peuvent se faire plus violents, comme celui de «perfidie»présent dans les textesA etC; le prince de Clèves accuse cruellement sa femme de duplicité («Vous versez bien des pleurs, Madame, lui dit-il, pour une mort que vous causez et qui ne vous peut donner la douleur que vous faites paraître»); quant à Swann, sa suspicion à l’égard d’Odette s’étend à tout leur passé commun. La trahison engendre alors une vision dégradée de la femme qui peut aller jusqu’au mépris: Des Grieux évoque la «grossièreté de sentiments»de Manon; le Prince prête à son épousedes pensées indignes d’elle à la fin du texte B;enfin, Rolin (texte E) a recours au vocabulaire familier le plus injurieux, qui fait de l’être qui a trahi «un fils de pute ou la grande catin de Babylone».Nous voyons donc que la trahison entraîne des sentiments violents, qui contaminent toute la vision du monde en dégradant l’image de la femme et de l’amouret conduisent le personnage au dégoût de soi-même et de la vie, voire à la mort.CommentaireIntroductionLa Princesse de Clèves, considéré comme le premier roman français d’analyse, présente une vision tragique de la passion: l’héroïne fait à son époux l’aveu de sa passion pour le duc de Nemours, déclenchant

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