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Dissertation Philo

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peut en être donné. L’histoire comme connaissance du passé et devenir historique.

- Ces deux définitions sont, en réalité, liées.

- En effet, si l’histoire est l’ensemble des changements qui se sont succédé dans les sociétés humaines dans tous les domaines d’activité - technique, économique, politique, religieux, artistique, une histoire, quelle qu’elle soit, n’est connaissable qu’à partir du moment où des documents écrits ont été consignés. L’histoire comme connaissance a elle-même d’ailleurs une histoire puisqu’elle n’a pas toujours existé et qu’elle s’est profondément transformée au cours des siècles (l’histoire de l’histoire : l’historiographie).

- D’autre part, la conscience du passé est constitutive de l’existence historique : tant que nous n’avons pas conscience de ce que nous sommes et de ce que nous fûmes, nous n’accédons pas à la dimension propre de l’histoire. En cela, l’histoire comme connaissance est prise de conscience de l’humanité; elle tente de donner un sens et une valeur à l’action humaine. L’histoire correspond alors à l’exigence proprement humaine de garder la trace ou le souvenir de ce qui s’est passé, de donner un sens, une raison, une valeur à l’existence passée, présente et future.

- Cette ambiguïté du mot histoire renvoie à la fois au problème de la connaissance historique (il s’agit de réfléchir sur le travail de l’historien et la nature des vérités qu’il nous apporte) et à la question du sens de l’histoire. En effet, le spectacle apparent de l’histoire (les guerres, les conflits, les malheurs de toute sorte) peut donner à penser que les événements du monde sont désordonnées, que les faits et les gestes du passé ont lieu en pure perte, que les hommes, en empruntant des chemins dissemblables, n’ont aucune destinée commune. Les individus et les peuples semblent être les victimes impuissantes d’une histoire cruelle, insensée et sans auteur. Aujourd’hui, l’histoire semble être fatalité : la répétition des guerres et l’apparition de nouveaux et dramatiques problèmes de société suscitent un sentiment d’impuissance à l’égard du futur : la politique serait l’affaire des grands de ce monde et non des citoyens isolés; il semble qu’on ne puisse changer rien aux

intérêts et aux passions qui jettent les hommes les uns contre les autres, au nom de leurs ethnies, de leurs Etats, de leurs religions, etc.

- Or, l’histoire, telle que l’historien nous la révèle, a-t-elle un sens, c’est-à-dire une signification profonde, une cohérence, un ordre, une direction ? Au-delà du tumulte et du bruit, du chaos et du non-sens, est-il possible de penser qu’une synthèse ultime est requis ? Les tragédies de l’histoire ont-elles finalement servi à réaliser des progrès ? Peut-on vraiment diriger cette histoire, ou doit-on la subir comme une fatalité ? L’idée d’un sens de l’histoire n’est-elle pas nécessaire ? Ne fournit-elle pas un espérance et ne dessine-t-elle pas un projet éthique qui serait la liberté en lutte permanente contre la fatalité ?

II) Présentation du texte

- Cette oeuvre de Kant fait partie d’une série d’opuscules que Kant a consacrés à l’histoire. Elle paraît en 1784, à peu près en même temps que Qu’est-ce que les Lumières ? , ouvrage dans lequel Kant présente son propre temps comme une époque qui est “en marche vers les Lumières”. Idée d’une histoire universelle… est une tentative de penser l’histoire humaine dans une perspective d’ensemble. Kant constate, en effet, que l’histoire nous offre le spectacle sans cesse renouvelé des luttes et des guerres que les hommes se livrent depuis les débuts de l’humanité. N’est - il pas alors absurde d’imaginer que, malgré tout, l’histoire humaine est celle d’un progrès moral ?

- Le but de l’article est de montrer que le cours des événements historiques peut constituer l’objet d’un savoir rationnel et que donc une histoire conçue comme science est possible. L’objet est de proposer et de justifier une interprétation philosophique de l’histoire de l’humanité fondée sur l’idée d’un progrès tendant à la réalisation d’une constitution cosmopolitique en laquelle les hommes pourraient être dits citoyens du monde. Ce point d’aboutissement cosmopolitique, souhaitable et prévisible, donne sens et unité aux différentes étapes qui marquent la civilisation. Il s’agit d’arracher l’histoire humaine au chaos des faits et gestes en quoi elle semble consister pour y discerner une régularité et une finalité.

- L’affirmation centrale de ce texte de Kant est que la nature poursuit dans l’espèce humaine une fin propre : la culture des hommes. Cette fin dernière, la nature la poursuit en vue d’un but transcendant, celui de la moralité de l’homme. L’espèce seule est capable d’une réalisation progressive de la liberté parce qu’elle se déploie dans l’histoire. Le douloureux travail qui permet à la rationalité et à la liberté d’advenir s’effectue, dans l’espèce, à son insu. Le thème central de cette oeuvre est celui d’un sens de l’histoire. Kant soutient, en effet, qu’il existe des raisons objectives de supposer qu’un sens est à l’œuvre dans l’histoire, lequel consiste en un développement de plus en plus accompli des potentialités humaines – dispositions qui ne sont rien de moins que la liberté et la raison.

- Le but de Kant n’est pas uniquement de produire une théorie du progrès, mais également, par cette théorie, de contribuer au progrès. La connaissance historique doit elle-même contribuer à l’avènement de cet état cosmopolitique de l’humanité. Il convient, non de changer le monde par l’action révolutionnaire, mais de considérer d’un oeil nouveau le spectacle de l’histoire humaine comme s’il suivait un plan réglé en vue d’une totale émancipation de l’humanité.

- Trois conceptions de l’histoire sont écartées :

· une conception qualifiée de terroriste : le genre humain se trouve en perpétuelle régression;

· l’autre, eudémoniste : le genre humain est en constante progression par rapport à sa destination morale;

· la troisième : le genre humain demeure en stagnation : il reste éternellement au degré actuel de sa valeur morale.

- Il manque à ces trois conceptions la dimension de l’attente. Kant entend nous donner une leçon de patience. L’humanité est encore jeune, son histoire s’inscrit dans un temps lent. De nombreuses générations doivent se succéder, mourir, pour que l’espèce accomplisse quelques progrès significatifs ; seul un travail persévérant peut à la longue élever l’homme.

- Originalité de la conception kantienne : le progrès de l’humanité est " pathologiquement extorqué ", c’est-à-dire arraché au conflit des passions. Kant entend dépasser l’optimisme naïf d’un progrès linéaire, sans tomber pour autant dans le pessimisme radical : dans la quatrième proposition, Kant va montrer que ce n’est pas pour l’amour du bien que l’homme parvient s’élever mais par la discorde, " l’insociable sociabilité ". La finitude de l’homme, l’antagonisme immanent à la nature des passions est le facteur du perfectionnement humain.

III) Explication du titre

- Pourquoi ce titre étrange de l’œuvre, Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique ?

a) Histoire universelle :

- Pour être une science, l’histoire ne peut se contenter d’être particulière. Il ne s’agit pas, comme pour Montesquieu, de chercher la spécificité de chaque peuple et donc d’autonomiser chaque histoire. Pour Kant, le récit est secondaire : l’histoire particulière ne peut être que l’effet de lois universelles qu’il faut chercher.

- L’universalité tient aussi au fondement “ biologique ” de l’histoire selon Kant : l’histoire est celle de l’espèce humaine avant d’être celle de peuples particuliers. D’autre part, le moteur de l’histoire n’est pas la providence divine, mais la nature (la nature humaine passionnelle, mais aussi la nature cosmologique) qui force l’homme à s’humaniser et à humaniser le monde. S’il y a un principe, c’est à ce niveau d’universalité qu’il doit se trouver. " Universel " : qui concerne tous les hommes, tous les peuples.

b) Au point de vue cosmopolitique :

- L’histoire est essentiellement histoire politique. Politique est à prendre au sens large d’organisation de la société (cité) : ce qui inclurait aujourd’hui les domaines économique et social. Ce qui importe à Kant est la rationalité de l’organisation : rationalité qui est celle du réel historique et le rend susceptible d’être une science. C’est donc la structure de la société, en tant qu’elle est dynamique, qui constitue le fil de cette histoire. Kant paraît

limiter cette structure à l’aspect “constitutionnel” donc juridique. La constitution relève du devenir rationnel en tant qu’elle est consciente, mais il existe des structure cohérentes préalables (moeurs) qui sont déjà des modes d’organisation.

- Cette histoire politique est cosmo

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