Analyse, Les Joueurs de Skat, Otto Dix

Otto Dix est un peintre allemand associé au courant expressionniste. Né en 1891, ses œuvres sont fortement inspirées des horreurs auxquelles il assiste pendant la guerre. En 1915, il s’engage dans l’armée allemande pour participer au conflit. Il reste violemment marqué par l’évènement et l’exprime notamment dans ses œuvres expressionnistes comme Les joueurs de Skat. Il participe également de force à la Seconde guerre mondiale, ce qui renforce son idéologie antimilitariste. Il meurt en 1969 en Allemagne.

Les joueurs de Skat est une huile et collage sur toile de 110 x 87 cm, conservée à la Galerie Nationale de Berlin. Elle fait donc partie d’une série d’œuvres inspirées par l’horreur de la 1ère Guerre mondiale. La peinture est donc associée à Rue de Prague, Le vendeur d’allumettes, ou encore La Barricade.

C’est dans un bar qu’Otto Dix aperçoit trois anciens soldats jouer au Skat, un jeu de cartes connu des Allemands.

Dans ce tableau, trois hommes se trouvent donc autour d’une table de café à Dresde pour jouer au Skat. La peinture est considérée comme peu profonde : seulement deux plans y sont représentés. Dans le fond, on observe trois journaux locaux faisant référence au conflit franco-allemand de la première guerre mondiale. A gauche de l’image un lampadaire éclaire la scène qui semble se dérouler le soir.

Au premier plan on remarque la présence de trois personnages assis autour d’une table. L’homme du milieu a le crâne scalpé et un œil de verre. Il n’a plus d’oreille ni de main. Il possède deux barres de métal à la place des jambes. Le personnage situé à gauche du tableau est brulé, il est défiguré par des cicatrices béantes présentes sur toute sa tête. Il n’a pas de bras droit mais est pourvu d’une main et d’une jambe de bois, tandis que sa deuxième jambe est également amputée. Enfin le personnage de droite dispose d’une mâchoire de métal et n’a plus de nez. Il a également une main articulée et son corps est coupé à partir de son bassin. Sa croix de fer allemande nous indique qu’il a combattu dans l’armée. On peut remarquer que l’artiste fait apparaître le sexe de ce dernier soldat.

Tout dans ce tableau semble rappeler la mort et l’horreur de la guerre. L’ambiance morbide omniprésente du tableau se manifeste par la présence d’une tête de mort dans le lampadaire. Les couleurs traduisent également cette impression. Otto Dix utilise des couleurs sombres et ternes. Les lignes directrices du tableau sont très déconstruites ; le spectateur est perturbé et mal à l’aise devant les axes désorganisés, à l’image des corps des personnages. Malgré cette composition déroutante, l’attention du spectateur est portée sur le centre du tableau au milieu du jeu des anciens combattants. Cet effet nous plonge donc au cœur de l’action et nous donne l’impression