Autoportrait de Delacroix

Etant donné que le tableau est un autoportrait, il n’y a pas de lignes directrices ou de perspective, puisque notre regard est automatiquement attiré par le personnage. Cette coupe mi-buste favorise le visage du peintre, et sa posture nous amène à nous poser des questions sur sa personnalité. Il est représenté dans une dimension qui paraît réaliste, mais l’importance du tableau réside dans le fait que le peintre ne s’est pas idéalisé, on le voit bien habillé dans son manteau, avec le gilet vert et la chemise en dessous, mais on voit aussi des détails sur son visage qui nous montrent qu’il s’est représenté tel quel, comme les cheveux un peu grisonnants ou les rides à peine visibles sur son visage. L’opposition entre ses cheveux en bataille et ses vêtements propres et élégants, qui montre un homme raffiné et cultivé, un “homme du monde”3, ajoute à cette impression. Le vert ajoute d’ailleurs une vraie couche de couleur, pouvant symboliser la liberté de Delacroix à se démarquer. Cette image qu’il renvoie de lui est authentique. Il fixe ici une essence de lui-même, l’image qu’il veut laisser au monde. Il disait même “de la personne qu’on dessine, c’est surtout l’esprit qu’il faut rendre.”

Le fond est brun, clair sur l’extérieur et plus foncé sur le personnage, ce qui contraste avec le vert de sa veste et crée une profondeur au tableau. L’effet de contraste des bruns donne un côté clair-obscur, même si ce n’est pas l’objet principal du tableau. La simplicité du fond fait que notre regard est attiré presque uniquement sur le personnage qui nous fait face et nous observe. La lumière est concentrée sur son visage, sur son regard qui fixe le spectateur, et qui apporte une émotion supplémentaire. Ses yeux sont une partie importante du visage, toute l’expression est transmise par ce regard, presque introspectif. Il se montre en tant qu’être, fier et distant mais en même temps pensif.