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Les Femmes Dans Hernani Et Ruy Blas De Victor Hugo

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ieu en 1698 d'après les indices de l'histoire, c'est Don Carlos qui règne ( le futur Charles Quint). “ Dans Hernani, le soleil de la maison d'Autriche se lève, dans Ruy Blas, il se couche. ” (Préface de Ruy Blas, V. Hugo)

Deux pièces de même longueur, cinq actes et une moyenne de deux mille alexandrins. Dona sol apparaît dans treize scènes tout au long de la pièce, la Reine dans huit scènes. Dona Sol est présente dès le premier acte, le Reine qu'au deuxième acte qui lui est dédié et elle est absente de l'acte IV.

On peut remarquer également que le rôle de ces deux femmes est inversement proportionnel à celui des héros. Ainsi, le personnage de Dona Sol a beaucoup plus de consistance que celui de la Reine, tandis que Ruy Blas prend davantage d'ampleur que Hernani.

L'étude des didascalies confirme ces données: peu de didascalies et montrant le plus souvent la Reine, en proie à la rêverie ou au désespoir tandis que Dona Sol, personnage plus décidé et vif, constante dans ses sentiments, prend sa vie en main tout comme le poignard qu'elle est toujours prête à utiliser.

Tout comme le héros masculin porte un masque ou devient son double, les personnages féminins principaux sont doubles.

Ainsi, on montrera l'ambivalence et l'évolution des personnages féminins Dona Sol et la Reine, des femmes prisonnières de leur époque, de leur château, aux femmes éprises de liberté, des femmes dominées et dominantes, objets du désir et sujets, mi-anges mi-démons, faibles femmes et héroïnes dramatiques.

I Mouches et araignées.

La femme dans ces deux pièces a un rôle ambigu: prisonnière telle une mouche dans une toile d'araignée, elle est aussi araignée et cause la perte de l'autre mouche qui est le héros et provoque sa mort.

Leur lieu de vie est celui de la contrainte, de l’absence de liberté. C’est aussi l’espace qui attire, celui du bonheur, de la lumière et de la fête mais ceux-là mêmes sont réversibles et l'espace devient infernal.

1° les femmes- mouches

Dona Sol et la Reine appartiennent à la sphère du pouvoir - qu'elles n'ont pas - et de la richesse et vivent dans des palais - prisons, à la fois lieu de luxe et de fermeture, dont elles sont en quelque sorte les otages. Elles ne sont jamais en position de force et sont toujours en position de dépendance.

La Reine de Ruy Blas comme Doña Sol s'y trouvent comme dans un piège. C’est un lieu de fermeture qui se réduit petit à petit. Par exemple, dans Ruy Blas, on passe du vaste corridor en I à l’appartement de la reine(II) puis à la salle du conseil à la maison de Don Salluste et enfin au réduit.

La Reine est physiquement prisonnière dans sa propre demeure: “ Mais, on m'enferme donc ” ( v.650) “ J'ai dit au monde adieu ” (v. 747), “ Pourquoi dans cette tombe m'enfermer? ”( v .1253), “ je suis esclave ainsi ” (v.1263)

Elles sont victimes de l'étiquette: la reine ne peut ni jouer, ni sortir, ni manger, ni regarder par la fenêtre, ni ouvrir une lettre librement et doit rester seule le jour des Saints Apôtres. Casilda parle de “ prison bien austère et bien sombre ” (v. 693).

La camarera mayor rappelle, sans cesse, la reine à l'ordre ( v. 647 à 649, 654 à 656, 662,743/744).

L'éducation les étouffe. Obéissante, Dona Sol se prépare à épouser son oncle puisque “ Le roi, dit-on, le veut. ” ( v. 88). Lorsque Don Ruy Gomez revient plus tôt que prévu, elle s'exclame, “ joignant les mains ”: “ Le duc! tout est perdu! Malheureuse! ” (v.206/207) puis: “ Je suis morte! ”(v. 216)

Dans l'acte III, scène 3 , la Reine veut exprimer son amour à Ruy Blas mais elle dit: “ oh! je me tais, j'ai peur! ” (v. 1235) mais elle finit par: “ - Oui, je vais tout lui dire. Est-ce un crime?Tant pis! Quand le coeur se déchire, Il faut bien laisser voir tout ce qu'on y cachait. ” ( v. 1238/1239)

La souffrance habite la Reine: “ Tout ce que j'ai souffert -. Toujours seule, oubliée. Et puis, à chaque instant, je suis humiliée. ” (v. 1258/1259)

Dans ce palais - prison, lieu de fête et de mort, se mêlent nuit et lumière, les chants de fête se doublant de chants de deuil: voir la double fête des noces de Ruy Gomez avec Doña Sol et aussi l’acte V qui redouble cette double fête. Ainsi, les lumières des torches festives annoncent la mort ainsi que la musique joue un rôle ambivalent: le vœu de musique de Doña Sol est exaucé par l’éclat fatal du cor.

Tout comme le lieu de leur résidence et les objets , la femme - mouche est aussi araignée.

2° les femmes- araignées

La personne aimée prime l’objet idéal, le pouvoir: Hernani préfère Doña Sol à son rang de Grand d’Espagne et Ruy Blas ne veut le titre et le pouvoir que pour approcher la Reine. Comme le héros ne vit pas dans le même espace et qu'il n'est ni riche, ni puissant, il est le banni, l’exilé, celui qui n’est pas à sa place dans cette demeure, Dona Sol et la Reine, objets du désir, sont aussi des appâts utilisés pour attirer le héros à l’intérieur de ces frontières mortelles. Ainsi, Ruy Blas est attiré par cette femme comme nous le montre l'acte II de Ruy Blas qui introduit le lecteur - spectateur au centre de la toile où se meurt d'ennui une reine.

C’est pour la Reine que Ruy Blas accepte le pacte fatal qui le prive son identité. C’est aussi pour la femme aimée qu’ Hernani revient au château et reprend son identité. Dans ce double espace dramaturgique, celui du “ dedans ” et du “ dehors ”, la “ loi ” du changement d'espace peut expliquer la conduite invraisemblable du héros et les conséquences de ces changements sont “ automatiques ”: Ruy Blas du “ dehors ” ne peut revenir “ dehors ” sans mourir, de même que Hernani, personnage de pouvoir ne peut y revenir sans mourir lui aussi. Mise à part Dona Sol, et cela parce qu'elle le décide, les personnages du “ dedans ” qui ne vont pas dehors sont indemnes, comme la Reine.

Ces deux drames racontent l'amour fatal comme le pressent Dona Sol dès l'acte II , s'adressant à Hernani: “ C'est moi qui fais ta perte ” ( v.705)

Quoique personnage positif, le rôle de la femme amoureuse reste négatif. Elle n’a pas assez de forces pour sortir de sa prison, et en plus elle y attire le héros. Elle est à la fois l'ange et le démon.

II Anges et démons

Dans Hernani, le roi dit à Dona Sol: “ un homme devient ange ou monstre en vous touchant ”( acte III, scène 6). C'est là le noeud de notre réflexion: il y a ambivalence de l’objet aux yeux du sujet dans laquelle le mal se confond avec le bien.

1° Des anges et des démons

Les deux personnages féminins sont toujours habillées de blanc. Dans Hernani, à la fin de l'acte II, scène, 2, la didascalie montre Dona Sol qui “ apparaît en blanc sur le balcon ”. Dans Ruy Blas, la didascalie préliminaire de l' acte III montre la Reine “ vêtue de blanc ” et après le vers 2055, “ la reine, vêtue de blanc, tête pâle ”.

Au-delà des apparences, Hernani s'adresse à Dona Sol la comparant à un ange dans les vers 656, 923, 1896, 1930. “ Ta parole est un chant ” ( v. 1964 ).

Ruy Blas s'exclame “ Vous m'éblouissez comme un ange qu'on voit ” (v. 1220), “ pauvre ange ”( v. 1297), “ Ange adoré ” (v. 2055 )

Et au contraire, Ruy Blas dit de lui-même: “ je suis un démon ” (v. 2092), “ Le démon ne peut plus être sauvé par l'ange ”( v. 2210)

Mais la femme est aussi l'image du démon.

Dans Ruy Blas, don Guéritan dit à propos de la reine “ le diable s'est fait femme ” et Hernani dit à Dona Sol : “ Etes- vous mon démon ou mon ange? ” (v. 152). Dans l'acte II, scène 4, pour rester avec Dona Sol, Hernani, a la tentation de ne pas fuir “ Eh bien! non !non! je reste ” (v. 682). Rester dans l'espace du dedans le condamne à une mort certaine.

De même dans Ruy Blas, l'espace du dedans étant fermé, il n’y a pas d’intégration possible pour Ruy Blas, personnage venant de l'extérieur, et son entrée par effraction se solde par un échec. Et comme ce passage ne peut être franchi qu'une fois, c'est la mort qui l'attend. La femme aimée devient alors destructrice. Dans la dernière scène, il avoue: “ Cet amour m'a perdu ” (v. 2219) et la reine reconnaît: “ c'est moi qui l'ai tué ” ( v. 2249)

Ainsi, il ne peut y avoir une once de positivité dans les destins de ces deux couples, car elle ne pourrait résider que dans l’acceptation par le sujet et par l’objet de la double nature. Il faut être aimé dans sa monstruosité, et accepter d’être aimé ainsi ce qui n'est pas le cas car le dénouement ne peut être qu'un duo d'amour dans la mort: “ Le héros et l’héroïne formant un couple dès l’origine doivent descendre ensemble vers une mort fatale pour cette sorte de diagonale que nous avons nommée pente de l’Ananké ”. (Ch Mauron, Les Personnages de Victor Hugo)

En

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