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Littérature ( Copie )

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iothèque, ce qui bouleverse évidemment les limites de ce qu'on entend ordinairement par livre.

2. Le texte

Un texte c'est une suite de signes qu'on a délimités comme un ensemble de sens, par une opération toujours plus ou moins arbitraire ou libre. Il peut s'agir de la décision de l'auteur qui met le point final à une suite d'esquisses ou au contraire remanie sans cesse son texte. Souvenons-nous par exemple de Montaigne qui voulait que le texte de son livre bouge et évolue avec sa propre vie. L'éditeur, qui est une sorte de lecteur professionnel, peut aussi jouer son rôle en décidant que telle édition du texte fait foi, et qu'on doit en soustraire tels éléments ou y intégrer tels autres. La délimitation d'un texte résulte nécessairement d'un choix, d'une volonté de constituer un sens; et dans l'histoire ces décisions sont constamment révisées, ce qui fait que l'histoire des uvres est fluctuante, et jamais figée. Pensons par exemple à la façon dont se sont métamorphosées les uvres de Victor Hugo ou de Marcel Proust ces dernières années au fil des rééditions (la Recherche du temps perdu est ainsi passé de 3 à 4 volumes « Pléiade » intégrant de nombeux textes considérés jusque là comme indignes de publication). Pour bien situer cette notion de texte, je voudrais encore souligner un point, c'est sa relative indifférence au support livre. Une fois qu'un texte est fixé, il demeure le même, qu'on l'imprime sur un rouleau, en livre de poche, sur papier Bible ou qu'on le fasse défiler sur écran. Le texte d'un poème de Baudelaire resterait identique à lui-même, même si on le lisait dans le cadre d'une installation où il serait écrit avec de tubes de néon rouge posés sur une prairie. En revanche, il suffirait qu'on en change quelques signes pour que ce ne soit plus le même texte.

3. L' uvre

Quant à l' uvre, elle ne se confond évidemment ni avec le livre (c'est par métonymie que nous disons que nous lisons des livres; nous lisons ce qui se trouve inscrit dans les livres) ni même avec celle de texte. Effectivement un littéraire ne s'intéresse pas seulement à des suites de signes abstraits du temps et de l'histoire, il s'intéresse à des uvres. Et je définirais volontiers l' uvre comme l'ensemble que constituent un projet de sens, un texte et une réception. Une uvre surgit dans un monde historique défini, que nous avons besoin de connaître pour la comprendre; elle répond au projet d'un auteur singulier qui vise à travers elle un ensemble d'intentions, et c'est pourquoi nous nous intéressons aussi aux auteurs, à leur existence, à leurs idées; mais rien ne dit que les textes qu'écrivent réellement les 2

auteurs coïncident totalement avec leurs projets. La réception des leurs virtualités de sens. Les distinctions faites entre

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uvres révèle souvent beaucoup de

livre, texte et uvre,

nous pouvons examiner comment les supports du texte ont évolué, contribuant à en modifier la forme et la pratique de lecture.

I. Brève histoire des supports du texte

Dans le monde occidental, on a écrit des textes sur des supports très variés. En Mésopotamie primitive, on écrivait sur des tablettes de glaise carrées de sept ou huit centimètres, qu'on rangeait sans doute dans une poche de cuir. Dans les premiers siècles de Rome, le savoir, essentiellement sacerdotal, était fixé sur des livres en toile de lin (lintei) ou sur des tablettes de bois (tabulae). C'est encore le cas pour Caton le Censeur (234-149) qui rédige ses discours sur des tablettes de bois avant de les prononcer. En Grèce ou à Rome, même à l'époque des rouleaux, on écrivait les missives privées sur des tablettes de cire réutilisables. La grande rupture dans l'Antiquité se fait entre deux autres supports qui ont connu successivement une très grande diffusion: le volumen et le codex.

I.1. Le volumen

Le volumen est un rouleau-livre en papyrus. Au IIe siècle avant Jésus-Christ il est déjà répandu dans le monde hellénistique et commence à faire son entrée à Rome. Il sera le support principal des textes littéraires jusqu'au IIe siècle après Jésus-Christ. Le rouleau reste lié à la culture des classes dominantes et sa fabrication est coûteuse, à la fois parce que la matière première est importée d'Egypte et parce qu'il suppose un artisanat très qualifié. C'est ce qui va entraîner son déclin à partir du IIe siècle après Jésus-Christ. I.1.1. Le texte du volumen Il n'y a pas nécessairement coïncidence entre rouleau-livre et texte. Un ou plusieurs rouleaux-livres correspondent à un texte et les auteurs commencent à structurer leurs uvres en livres. Dans le cas de l'Iliade d'Homère, par exemple, la division du poème en 24 chants résulte sans doute du fait qu'il occupait 24 rouleaux (Manguel 1996, 157); bien au-delà de l'usage des rouleaux on a continué à diviser en livres (segments de texte de la longueur approximative d'un rouleau) les textes longs. I.1.2. Lecture du volumen Lire un livre, cela consiste à l'époque à prendre un rouleau dans la main droite et à le dérouler progressivement de la main gauche (ce n'est pas tout à fait sans rapport avec la façon dont nous faisons défiler des textes sur nos modernes écrans d'ordinateur, avec parfois la sensation gênante que nous ne pouvons avoir le texte tout entier sous les yeux sans le parcourir en continu). Sur le rouleau le texte est écrit en colonnes et on a sous les yeux une colonne de texte ou plusieurs. Le texte a donc un aspect relativement panoramique. Dans le cas où il est illustré, il permet de suivre en continu une série de scènes, au fur et à mesure de la narration. Mais la lecture du rouleau est physiquement contraignante. 3

Elle mobilise entièrement le corps. Elle rend impossible pour le lecteur d'écrire en même temps qu'il lit, de confronter des textes, ou de mettre en rapport des passages éloignés.

I.2. Le codex

L'apparition du codex (pluriel: codices), qu'on peut définir comme livre avec des pages cousues ensemble est liée à l'utilisation de nouveaux supports d'inscription comme le parchemin. Même s'il a existé des codices de papyrus ou de tablettes de bois, c'étaient des matériaux peu pratiques pour cet usage. Pline l'Ancien ( Histoire naturelle, XIII,11) raconte que le roi d'Egypte Ptolémée, voulut défendre le secret de fabrication du papyrus pour assurer la prééminence de la bibliothèque d'Alexandrie. Il en interdit donc l'exportation. Son rival Eumène, souverain de Pergame, aurait ainsi été contraint au IIe siècle à la recherche de nouveaux supports comme les peaux de mouton ou d'agneaux (le mot parchemin signifie étymologiquement de Pergame). En fait le procédé était connu avant cette époque, les premiers cahiers de parchemin datent d'un siècle plus tôt (Manguel 1996, 156). I.2.1. Du volumen au codex Le codex supplante le rouleau dès le début du IIe siècle, en partie en raison de la demande accrue de livres provoquée par l'essor du christianisme. Il est d'abord moins cher: effectivement le texte occupe les deux côtés du support et non plus un seul; par ailleurs le support, est un produit animal qui se trouve partout et n'a plus besoin d'être importé comme le papyrus. I.2.2. Maniement du codex Sur un plan strictement physique, le codex est aussi d'un maniement nettement plus aisé que le rouleau, en laissant le lecteur plus libre de ses mouvements. On pourra poser les codices, particulièrement quand ils seront de grande taille et tourner les pages d'une seule main, les parcourir rapidement. Le codex permet aussi de passer très rapidement d'une partie à une autre du texte et donc d'en avoir une vision d'ensemble ou de se déplacer dans ses différentes parties. I.2.3. Le texte du codex Mais surtout le codex a une capacité beaucoup plus grande que le rouleau. Il est susceptible d'avoir un grand nombre de pages et on peut y réunir, dans un unique volume, une série de textes du même auteur ou de textes traitant d'une même matière, constituant ainsi une sorte de petite bibliothèque portative. C'est d'ailleurs ce qui va entraîner l'adoption au IVe et Ve siècle de dispositifs éditoriaux (Cavallo in Cavallo et Chartier 1997, 104) signalant les séparations entre plusieurs textes différents: titres, formules initiales (incipit) ou finales (excipit). D'une façon générale, le codex prédispose à une structuration et à un découpage beaucoup plus précis du texte. Les pages fragmentent en effet le texte et lui donnent une allure discontinue. Dès l'époque de Quintilien (au Ier siècle), les mots sont séparés par des points (mais il faudra attendre le VIIe siècle pour que les mots commencent d'être séparés par des espacements). Dans l'Antiquité tardive, la fragmentation du texte passe par de courtes séquences signalées par des initiales agrandies et des ponctuations. La marque coloriée du paragraphe apparaît au XIIIe siècle pour distinguer une unité de contenu intellectuel. Du coup les textes deviennent

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