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Maroc : Du Protectorat À L'indépendance

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I - Contexte géopolitique

A - Puissances en présence

Durant le XIXe siècle, les puissances coloniales européennes tentent d'asseoir leur influence en Afrique du Nord. Lors de la conquête de l'Algérie, la France obtient du Maroc une promesse de neutralité (1823). Mais en 1839, le sultan Abd el-Rahman soutient l'action du sultan algérien Abd el-Kader, le conflit algérien s'étend dans les provinces marocaines. L'armée marocaine est défaite par les troupes françaises du maréchal Bugeaud à l'Isly le 17 aout 1844. Le traité de Tanger, du 10 septembre 1844, met hors la loi le sultan Abd el-Kader et définit la frontière entre les deux pays.

Le Royaume-Uni cherche à accroitre sa puissance économique et signe, en 1856, un traité commercial très à son avantage. L'Espagne pousse son désir de reconquête. Répondant aux succès des colonisations accomplies par la France, elle prend possession des îles Jaafarines, îlots méditerranéens, en mai 1848. Elle déclenche et gagne la guerre de Tétouan en 1859-1860. Cette défaite impose au Maroc de lourdes pertes humaines ainsi qu'une importante indemnité de guerre, ce qui aggrave une situation économique déjà mal en point.

La France quant à elle, désireuse de constituer en Afrique du Nord un territoire homogène signe, en 1863, une convention franco-marocaine. Les avantages accordés à la France et le Royaume-Uni sont élargis à tous les pays européens lors de la conférence de Madrid (1880)

Le sultan Moulay Hassan à la tête du pays durant cette période (1873 - 1894) tente de le moderniser et joue sur les rivalités européennes pour conserver son indépendance. C'est aussi lui qui stoppe l'expansionnisme espagnol au Maroc. Mais à son décès, et encore plus à la mort du régent Ben Moussa dit Ba Ahmad en 1900, les manœuvres coloniales reprennent de plus belle sur le Maroc. la France en particulier occupe et intègre les terres marocaines orientales à ses départements d'Algérie française entre 1902 et 1904.

En effet, depuis qu'elle occupe et colonise l'Algérie, la France se préoccupe de la sécurité des confins algéro-marocains et lorgne sur le sultanat voisin, l'un des derniers pays indépendants d'Afrique. Ses commerçants et entrepreneurs s'y montrent très actifs, notamment à Casablanca, un port de création récente.

B - Coup de Tanger

En 1904, un accord conclu entre les partenaires de l'entente cordiale laisse à la France le Maroc comme zone d'influence, le Royaume-Uni se concentrant sur l'Égypte, le nord du Maroc est concédé à l'Espagne. L'empereur Guillaume II proteste contre les ambitions de la France au Maroc. Conformément à sa nouvelle doctrine de Weltpolitik, il veut avoir sa part des conquêtes coloniales.

Le 31 mars 1905, en vue de prévenir la mainmise de la France sur le Maroc, il débarque théâtralement à Tanger, au nord du sultanat, traverse la ville à cheval, à la tête d'un imposant cortège, et va à la rencontre du sultan Abd al-Aziz pour l'assurer de son appui. Ce « coup de Tanger » entraîne une poussée de germanophobie en France et la démission du ministre français des Affaires étrangères, Théophile Delcassé.

C - Conférence d'Algésiras

Le coup de Tanger débouche aussi sur la réunion l'année suivante, du 16 janvier au 7 avril 1906, d'une conférence internationale sur le Maroc à Algésiras, au sud de l'Espagne. Elle confirme l'indépendance du Maroc. Elle rappelle le droit d'accès de toutes les entreprises occidentales à son marché… Toutefois, au grand dam de Guillaume II, la France et l'Espagne se voient confier la police des ports marocains et un Français est chargé de présider la Banque d'État du Maroc.

En 1909, l'Espagne étend sa zone d'influence à tout le rif marocain.

D - Incident d'Agadir (1911)

En juillet 1911, l'Allemagne provoque un incident militaire et diplomatique avec la France, le Coup d'Agadir (ou crise d'Agadir), en envoyant une canonnière (navire léger armé de canons) de la marine de guerre allemande dans la baie d'Agadir. Aux termes d'âpres négociations, l'Allemagne renonce à être présente au Maroc en échange de territoires en Afrique équatoriale. Un traité franco-allemand est signé le 4 novembre 1911, laissant les mains libres à la France au Maroc. Tout est désormais en place pour que la France puisse installer son protectorat sur le Maroc.

E - Le traité de Fès

Par le Traité de Fès, signé le 30 mars 1912, le sultan Abd al-Hafid abandonne la souveraineté du Maroc à la France, faisant du pays un protectorat.

L'Allemagne qui avait des vues sur le Maroc, reconnaît les territoires français et espagnols au Maroc, recevant en échange des territoires du moyen Congo de l'Afrique équatoriale française.

L'Espagne gagna également quelques territoires au nord du Maroc qui devint le Maroc espagnol. Par un accord signé entre la France et l'Espagne en novembre de cette même année, l'Espagne assurait un protectorat sur Tanger et le Rif, Ifni sur la côte atlantique dans le sud-ouest, aussi bien que sur la région de Tarfaya au sud de la rivière Draa, où le sultan restait nommément souverain et était représenté par un vice-régent à Sidi Ifni sous le contrôle d'une haute commission espagnole.

Des accords particuliers entre le Royaume-Uni, l'Italie et la France en 1904, établis sans consultation du sultan, avaient divisé le Maghreb en sphères d'influence, le Maroc passant dans la sphère de la France. Au Maroc, le jeune sultan Abd al-Aziz accéda au trône en 1894 à l'âge de 10 ans et les Européens devinrent les conseillers de sa Cour. Des chefs locaux devinrent de plus en plus indépendants du sultan, qui fut déposé en 1908. La loi et l'ordre marocain continuèrent de se détériorer sous le rêgne de son successeur Abd al-Hafid, qui abdiqua en faveur de son frère Youssef après avoir signé le traité de Fez.

Les 2 zones du protectorat espagnol étaient séparées par la baie d'Al-Hoceima, que les Espagnols nomment Alhucemas. Le traité de Fez accordait la concession de l'exploitation des mines de fer du mont Uixan à la compagnie minière espagnole du Rif, à qui fut aussi accordée la permission de construire une voie ferrée pour relier ses mines à Melilla.

Le traité fut perçu comme une trahison par les nationalistes marocains et mena à la guerre du Rif (1919–26) entre les Espagnols et les tribus Jibala dont Abd el-Krim devint bientôt le leader et créa la courte République du Rif.

II - Protectorat

Le protectorat, en droit international est un régime juridique établi en vertu d'un traité international et selon lequel un État suspend l'exercice autonome de certains des attributs de sa souveraineté (notamment la défense, la politique étrangère et le maintien de l'ordre) pour les mettre sous le contrôle et l'administration d'un autre État. Quel que soit le degré d'ingérence de l'État protecteur qui peut s'apparenter à un contrôle de fait, l'État protégé conserve sa souveraineté propre, ce qui le distingue d'une colonie ou d'un territoire sous mandat.

A - Le protectorat français

Le 30 mars 1912, le sultan reconnaît le protectorat français. L’Espagne obtient pour sa part le contrôle de la région du Rif et de l’enclave d’Ifni. Contre ce nouvel état de fait, des émeutes éclatent en différents points du pays. Moulay Hafiz abdique en faveur de son frère Moulay Youssef, et la pacification du pays débute sous la conduite du général Lyautey. Marrakech est occupée en septembre 1912, et Agadir l’année suivante. Jusqu’en 1925, Lyautey, nommé résident général, s’efforce de mener une politique respectueuse envers les habitants du Maroc, pays qu’il s’attache à valoriser en développant ses infrastructures (routes, voies ferrées, ports).

Mais le Rif est ébranlé, de 1921 à 1926, par la révolte d’Abd el-Krim. La longue guerre du Rif ne peut être matée que par une alliance militaire franco-espagnole dirigée par le maréchal Pétain, à la tête d’une force de près de 100 000 hommes ; le Haut-Atlas n’est soumis officiellement qu’en 1934. La vallée du Draa et les oasis du sud restent encore longtemps en état de dissidence larvée : on estime qu’entre 1921 et 1934 la conquête du Maroc coûte la vie de 27 000 hommes à la France (métropolitains et troupes africaines).

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En 1930, la France, qui souhaite mettre en place une administration plus directe, à l’image de celle qui existe en Algérie, tente de désarmer les Berbères en publiant le « dahir berbère », manifeste qui reconnaît leur spécificité (langue, lois coutumières) par rapport à l’administration arabe. Ce texte entraîne la première réaction nationaliste des milieux arabisés, qui accusent la

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