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L'Urbanisme De Rome

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ndamental de l’urbanisme romain, n’existe pas, ou plutôt n’existe plus : en effet, il y avait eu à l’époque étrusque un cardo et un decumanus avec quatre portes sur le Capitole, mais au Ier siècle avant Jésus-Christ ce schéma avait complètement disparu sous des constructions plus modernes, la via Appia au Sud restant quasiment le seul vestige du cardo. En effet, à partir du noyau de la ville (villages de bergers sur le Palatin et implantations étrusques sur le Capitole), la ville s’était étendue et la muraille servienne englobait déjà plus qu’un simple noyau de peuplement. On remarque par ailleurs qu’elle n’a déjà plus aucune forme quadrangulaire ni même régulière, preuve que ce développement n’a certainement pas été organisé. Il faut remarquer que les collines de Rome n’auraient sans doute pas permis de tracer des rues droites, mais exceptés les grands axes organisés globalement en étoile autour du Forum, Rome était constituée d’un lacis de petites rues, souvent en pente, le long desquelles s’entassaient des insulae typiques de la capitale et qu’on ne retrouve dans quasiment aucune autre ville romaine (Ostie exceptée). On voit donc clairement se dessiner un urbanisme médiéval, que l’on pourrait plus facilement rapprocher du Paris du Moyen-Age que des colonies bien ordonnées comme Terracine ou Pouzzoles. Le plan de Rome apparaît également comme inégalitaire et sans rapport avec le découpage du terrain en lots identiques accordés aux colons d’une ville nouvelle, et ce même sous l’Empire. Les fonctions religieuses sont concentrées pour la plupart sur le Capitole, dans l’antique pomerium étrusque (qui sera par la suite étendu jusqu’à la muraille servienne), les riches patriciens s’installent sur le Palatin, du moins jusqu’à ce que Néron les en déloge, ou sur le Quirinal, le peuple des plébéiens s’installant lui dans les quartiers excentrés ou les plaines plus ou moins insalubres entre les collines. Les bâtiments d’usage courant et publique n’étaient que rarement implantés dans les quartiers populaires : les thermes de Trajan construits au début du IIe siècle de notre ère étaient la première installation balnéaire digne de ce nom dans le quartier plébéien de l’Oppius, alors que les quartiers patriciens et du forum ne manquaient pas de balneae (les thermes n’existant pas encore). Seul le cœur de la vie civique de la ville, autour du Forum, aura connu un semblant d’urbanisation, avec le drainage des marais par la Cloaca maxima au IIe siècle avant Jésus-Christ, voire plus tard, et la construction de grands bâtiments, basiliques ou temples, à la même période. En –54 sera construit le théâtre de Pompée, premier théâtre en pierre de Rome, et César achèvera ce processus avec la Basilique Julienne, mais l’urbanisme de la République se limite aux quartiers centraux et aux édifices symboliques, laissant le reste de la ville inchangée et toujours aussi insalubre. En effet, le problème de Rome est le manque de place, qui rend difficile toute forme de construction de grande ampleur. En premier lieu, à la fin de la République la population de la ville s’est considérablement accrue, saturant les habitations et les édifices publics, mais certains secteurs restent inconstructibles pour des raisons religieuses. César a ainsi formé le premier plan d’urbanisme réfléchi pour la ville, considérant que la situation était devenue suffisamment critique pour autoriser à transgresser le vieil interdit qui laissait le Champ de Mars au Nord-Ouest vide et réservé aux manœuvres militaires. Son idée était de détourner le cours du Tibre afin d’assécher une partie de ces marais et d’utiliser l’espace gagné pour désengorger le reste de la ville. Cependant, son assassinat en –44 stoppa le projet, quoique le terrain ait été acheté et les travaux du lit artificiel du Tibre entamés ; seul le Forum qui portera le nom de César sera terminé par Auguste. Cet essai n’a donc absolument pas permis d’endiguer la situation catastrophique de Rome, qui à la fin de la République, en plus d’être complètement engorgée, déborde de plus en plus de sa limite théorique, à savoir la muraille servienne. Le Champ de Mars avait en fait du être en partie autorisé à la construction en –81,

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mais sans avoir été préparé pour, et César ne fit qu’entériner un état de fait en reculant d’un mille (1,5 km environ) la limite administrative de l’Urbs, jusqu’alors équivalente à la muraille séverienne. Ainsi, jusqu’à l’Empire, l’extension désordonnée de Rome ne peut être assimilée à un urbanisme de type romain, puisque même si le noyau primitif étrusque peut peut-être en être rapproché, l’agrandissement sous la République n’avait suivi aucun aspect géométrique et aucun plan défini par avance, les quelques mesures officielles prises étant soit des solutions d’urgence soit une simple confirmation de la situation existante.

Alors que les canons de l’urbanisation « à la romaine » se mettent en place sous la République avec la conquête de l’Italie et la fondation des premières colonies, il semble clair que l’urbanisme de la capitale n’a rien d’ordonné au début de l’Empire, les quelques essais de planification n’ayant pas été concluants. Ceci ne découragera pourtant pas les Empereurs de continuer à réfléchir dans ce sens, en commençant par Auguste qui mettra en place le système des 14 régions. En effet, le pouvoir fort de l’Empire permettait d’envisager une action plus forte et déterminée sur la ville que ne pouvait le faire un Sénat potentiellement divisé. Il faut toutefois remarquer que la priorité était pour les Empereurs l’action évergétique afin d’augmenter leur prestige, et leur action se fera également sentir en priorité sur les grands monuments et le symbolisme du centre de la ville. Dans cette optique, on peut bien sûr citer la série des Forums impériaux, ou encore le Colisée, dotant la ville de grands espaces de détente en son centre, ou bien les thermes comme ceux de Trajan qui s’implantent sur l'Oppius, apportant un confort inégalé aux classes peu aisées de ce quartier ; l’utilisation d’un ancêtre du ciment permet la construction rapide de ces monuments, trait commun avec l’établissement des nouvelles colonies. Du point de vue de l’organisation de l’urbanisme, le grand incendie de 64, aidé dans sa propagation par l’étroitesse de rues (à peine 3 mètres pour certaines, moins les encorbellement en hauteur), offrit également à Néron une occasion d’y apporter plus d’ordre ; d’ailleurs il est possible que ce soit justement dans ce but qu’il l’ait déclenché. Certes, il construira principalement dessus sa domus aurea, immense palais s’étendant du Palatin à l’Oppius et bien sûr dépourvu d’urbanisme civil, mais les quartiers qui n’y seront pas intégrés seront reconstruits selon des plans plus orthogonaux et réfléchis, avec la création de larges avenues (selon les critères romains) que certains accusent d’apporter des courants d’air. Le Champ de Mars, enfin bâti de grands monuments publics sous l’Empire, trouvera de même enfin un urbanisme, et non désordonné, quoique fort différent du quadrillage dans lequel chaque bâtiment occuperait une case d’un grand damier de rues. C’est du côté de la rive droite du Tibre, dans le quartier du Transtiberi, au pied Janicule, qu’il faut plutôt aller regarder pour trouver une trace d’un urbanisme populaire d’époque impérial réellement ordonné « à la romaine ». Ce quartier, isolé du reste de la ville par une boucle du fleuve et de la campagne extérieure par les pentes escarpées de la colline éponyme, était accessible par un pont depuis déjà la République, mais n’avait jamais été réellement bâti, étant plus éloigné des centres de vie de Rome que la plupart des quartiers, même périphériques, de la rive gauche. De plus, cette plaine le long du fleuve était en partie marécageuse, et seules des populations pauvres sans autre choix venaient y habiter, tout comme sur le pourtour du Champ de Mars. La muraille servienne n’englobait d’ailleurs pas la rive droite, preuve que dans les premiers siècles elle n’était pas à proprement parler incluse dans la ville, et le fleuve considéré plus comme une barrière défensive au même titre que la

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muraille, n’étant traversé jusqu’au IVe siècle que par le pont Sublicius, en bois, aisément inflammable en cas de danger. Toutefois, sous l’Empire, la pression démographique (peut-être un million d’habitants) se fit assez forte pour justifier l’assèchement des marais et une urbanisation réelle de la zone. C’est d’ailleurs ce que nous montre la Forma Urbis Severiana, plan en marbre de Rome au temps de Septime Sévère (203 – 211), accrochée au mur du forum de la Paix et très vraisemblablement réalisée dans un but fiscal. Sa précision remarquable, grâce à son échelle précise et uniforme, ainsi que les détails qu’elle indique (nombre d’étages des insulae par exemple), nous permettent de nous faire une idée précise des quartiers dont on a retrouvé le plan intact, soit environ un dixième de la ville. Le fragment 37A, portant sur un secteur du Janicule bâti d’insulae, permet de se rendre compte au premier coup d’œil que, si elle ne présente pas un caractère de damier, la disposition des rues est tout de même nettement orthogonale autant que possible, avec une organisation en îlots, la plupart construits sur le même modèle et sans caractère anarchique. De plus, ces insulae ne font pas plus d’une vingtaine de

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