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Le Troisième Calife

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l’histoire du califat d’Uthman telle qu’elle se serait déroulée.

A souligner que les ouvrages anciens et contemporains cités sont, pour faire simple, d’obédience sunnite. Nous avons fait ce choix dans le but de montrer au lecteur que la complexité de l’historiographie sunnite pouvait aussi bien satisfaire les thèses sunnites que chiites. En effet, l’historiographie fut obligée d’enregistrer les griefs soulevés contre Uthman afin de savoir s’il était bel et bien dans le tort ou alors si les Compagnons qui l’accusaient avaient exagérés dans leurs positions face au calife. Ce dilemme, auquel les premiers historiens ont été confrontés, est la raison pour laquelle tous les griefs soulevés contre Uthman ont été conservés[4]. Nous espérons ne pas avoir été partial dans notre analyse de l’histoire du 3ème calife de l’islam.

Introduction :

La justice sociale du Prophète Muhammad

Le lecteur se demandera surement: pourquoi avoir commencé l’introduction de cet exposé par la justice sociale du Prophète Muhammad ? Nous lui répondrons que pour comprendre les évènements lors du califat d’Uthman, il faut revenir en arrière à l’époque du Prophète. Tout musulman considérera un compagnon en fonction des enseignements prophétiques et non l’inverse. A ses yeux, tout comportement divergeant de celui du Prophète constitue une innovation (bid’a) et il n’est pas la peine de démontrer que toutes innovations, surtout lorsqu’elle est blâmable[5], pose problème en islam.

La justice sociale prônée par le Prophète était l’égalité entre les hommes autour de l’unicité de Dieu. Il répétait sans cesse que le riche n’est pas au dessus du pauvre, que le gouverneur n’est pas meilleur que le modeste sujet et qu’une tribu n’est pas plus méritante qu’une autre si ce n’est dans la foi et uniquement celle-ci. Le Prophète allait jusqu'à vouloir s’appliquer à lui-même la peine du Talion en cas de faute. Le lecteur pourra d’ailleurs constater que les exemples de cette justice ne manquent pas dans les ouvrages de hadith, du Coran et de la Sira (biographie) du Prophète[6].

La conformité des deux premiers califes de l’islam au modèle Prophétique

Abu Bakr (calife de 632-634) et Omar (calife de 634-644) sont décrits par les sources comme étant des hommes pieux; ayant toujours eu le souci de marcher sur les traces du Prophète, et ce jusqu'à leur mort et leur enterrement auprès de la tombe de Muhammad. Certes Abu Bakr, n’ayant pas régné longtemps et a surtout été confronté aux soulèvements de tribus arabes refusant de payer la zakat (impôt religieux), on serait tenté de dire que Omar a été le véritable continuateur de la doctrine prophétique au niveau de la justice sociale. Il surveillait strictement les intendants et les gouverneurs de provinces, il les nommait en fonction de leurs capacités à gérer leur population. Il prenait soin de régir d'une main de maitre les deniers publics afin qu'ils profitent à toute sa population. Pour lui, seul le sentiment islamique comptait et les liens de sang antéislamiques étaient rompus pour donner place au lien islamique et fraternel qui lie les croyants à un seul et même destin. Cela ne le privera pas de s’attirer les foudres des Compagnons lorsqu’il introduira certaines innovations religieuses[7] et placera Muawiya au poste de gouverneur de Damas mais, au contraire d’Uthman, ce dernier était muselé et contrôlé par Omar dans sa gestion de la ville syrienne. Il privait sa famille comme il se privait lui-même pour faire don aux autres. Omar vécut et mourut pauvrement malgré les richesses amassées durant les campagnes, ce qui témoigne de sa volonté de ne pas profiter de l’argent public au détriment du peuple musulman. Cela sera moins évident après sa mort.[8]

Le cas Qurayshite

L’élément Qurayshite est essentiel à cerner si nous voulons comprendre les luttes de classes et de pouvoir durant le califat d’Uthman.

La Mecque à l’époque du Prophète était dirigée par un clan dénommé Quraish. Ce clan était subdivisé en plusieurs tribus. Les Banu Hashim d’où proviennent le Prophète et Ali. Les Banu Umayyah dont font partis Uthman, Muawiya, Marwan et qui donneront plus tard leur nom à la dynastie Omeyyade. La tribu des Banu Tamim appartenant à Abou Bakr et enfin, les Banu Adi pour Omar. Cette liste des tribus n’est pas exhaustive[9]. Nous verrons que les Banu Umayyah commenceront à reprendre le pouvoir et leur soif d’hégémonie sur l’Arabie après l’avoir perdue du temps du Prophète. Nous verrons également que cette tribu a été, pour la plupart, mal islamisée et qu’elle intériorisait encore une haine envers le Prophète et son message qui l’avait fait tomber de son pied d’estale. Nous déduirons sans doute que certaines personnes de cette tribu avaient accepté l’islam par défaut ou par fatalité et que leurs certitudes certaines résidaient dans le bonheur mondain et non religieux. Nous remarquerons enfin que le principe d’égalité et de solidarité volera en éclat lorsqu’ils reviendront au pouvoir, favorisant ainsi le riche sur le pauvre, l’ancien maitre sur l’ancien esclave. Sans aucun doute, Uthman favorisa les siens au pouvoir tandis qu’Omar et Abu Bakr préféraient des gens pieux et compétents plutôt que de directement penser à favoriser les gens de Quraish.

Uthman avant son Califat

Uthman était un riche commerçant mecquois. Il était un des premiers à s’être converti à l’islam. Il épousera Ruqayya, la fille du Prophète et accède ainsi à la plus grande intimité avec lui. Il fut persécuté par son oncle al Hakam et sa mère mais il tint dur comme fer à sa foi. Il émigra en Ethiopie sur ordre du Prophète et le rejoignit ensuite à Médine. Il ne participa pas à la bataille de Badr afin de rester au chevet de sa femme malade qui mourra peu de temps après. Affecté par la mort de sa femme et donc de la rupture du lien avec le Prophète, il épousera Umm Kulthum une autre fille du Prophète qui ne tarda guère à mourir. Il n’aura aucun enfant de ses deux femmes qui auraient pu jouer le même rôle que al Hasan et al Husayn, les fils de Ali et Fatima la fille du Prophète. Lors de la bataille d’Uhud, il prendra la fuite avec d’autres compagnons auxquels Dieu pardonnera dans le Coran (3,155). Uthman était quelqu’un de très généreux, il donnera beaucoup de ses biens pour la cause de l’islam durant la période prophétique.[10]

Chapitre 1 :l’élection d’Uthman ibn Affan

A la fin de l’an 23H, Umar tombe foudroyé sous les coups d’un assassinat banal. Il choisira avant de mourir un conseil cooptatif de six compagnons (Ali, Uthman, Abderrahmane ibn ‘awf, Sa’d ibn Abi Waqqas, al Zubayr et Talha) afin de désigner parmi eux le prochain calife. On ressentait une compétition entre les Banu Hashim et les Banu Umayyah dont les candidats respectifs sont Ali et Uthman[11]. Il y avait un courant islamiste et légitimiste attaché à la fois à la priorité de l’islam et aux liens de sang les plus proches du Prophète dont Ali était le candidat et le courant qurayshiste proche des omeyyades, plus nombreux et plus bourgeois, dont Uthman était le candidat. L’histoire nous atteste que les omeyyades avaient été hostiles à l’islam et à leurs cousins des Banu Hashim. Bien que le courant pro-omeyyade majoritaire ait été totalement contre le courant Hachémite, la volonté de vouloir un retour total à la réorganisation idéologico-politique qurayshite antéislamique était très faible. Uthman était quelqu’un qui représentait le parfait consensus entre l’islam et le cœur de Quraish. Il symbolisait à merveille la synthèse de l’ancien et du nouveau tandis qu’Ali symbolisait la rupture, celui qui poserait problème à l’organisation et aux certitudes bien ancrées de la société arabe, celui qui se trouvait depuis Abu Bakr dans une certaine opposition et qui le sera encore sous Uthman. Abderrahmane ibn ‘awf s’érigera finalement en arbitre entre Ali et Uthman après avoir écarté les autres prétendants. Il demanda aux deux candidats qui sera celui d’entre eux qui dirigera la Oumma selon la Sunna du Prophète et des deux précédents califes, seul Uthman répondra clairement par l’affirmative et recevra l’allégeance de la population. Ce jour-là, le dernier jour de la lune de Dul hijja de l’an 23H, Uthman fut institué calife à Médine[12].

Chapitre 2 : le cas Ubayd Allah ibn Umar

Avant que le premier jour de son califat ne se soit écoulé, Uthman eut à affronter l’affaire d’Ubayd Allah fils d’Omar ibn Khattab le second Calife. Ce fut une pénible épreuve pour les musulmans car ils devaient juger le fils de Omar pour avoir tué arbitrairement et sans jugement préalable l’assassin de Omar son père. Ali et d’autres compagnons insisteront pour qu’Ubayd Allah soit jugé selon les lois de Dieu et que la peine du talion lui soit appliquée. Uthman s’opposera à son exécution et décide de payer de ses biens le prix du sang versé. On pourra ainsi qualifier la décision du calife comme étant sage. En effet, le fait de ne pas voir tué Omar et le fils d’Omar dans un laps de temps assez court a sans doute évité un soulèvement de

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