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Les Medias Au Burkina Faso

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ns nationaux avec 1,4 million d’habitants, une donnée qui

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doit être comparée à la population de la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso, qui ne compte, elle, que 500 000 habitants. En 2009, le Burkina Faso reste un pays d’agriculteurs à près de 80 %. Les modes de vie traditionnels y demeurent encore ultra-majoritaires, même si le métissage des mœurs, y compris en matière d’information, est important en raison des échanges saisonniers de populations entre les villes et les campagnes. À titre d’exemple, et c’est un paradoxe qui s’avère élémentaire pour comprendre les multiples réalités burkinabè, la croissance annuelle du téléphone portable au Burkina Faso y est exponentielle (+ 60 %) depuis ces quatre dernières années, avec un taux d’équipement qui se situe actuellement à près de 20 % de la population globale. Or, dans la plupart des domaines, le Burkina Faso est quoi qu’il en soit encore marqué par la faiblesse globale de ses infrastructures de santé, d’éducation et de transports, et ce malgré de nets progrès enregistrés depuis la fin de la révolution marxiste en octobre 1987, et le retour progressif à l’économie de marché. Aujourd’hui, au regard de critères d’évaluation occidentaux, le pays est situé au 176e rang mondial au classement du PNUD (2008) sur 177, précédant uniquement la Sierra Leone. D’une manière générale, et toutes proportions gardées au regard des dimensions quantitatives considérées, les médias burkinabè peuvent néanmoins être qualifiés de florissants. C’est la libéralisation des télécoms et le contexte institutionnel favorable à leur expansion qui sont les facteurs explicatifs essentiels de cet essor médiatique. À cela il faut rajouter l’apparition d’un processus de démocratisation qui a donné un cadre légal et protégé à l’activité journalistique, favorisant ainsi l’émergence de contre-pouvoirs influents et écoutés des populations. Plus encore, la discussion publique des opinions est désormais officiellement acceptée au Burkina Faso, ce qui est rarissime sur le continent africain. Ceci a eu pour conséquence d’aider encore à l’essor des médias, même si les investisseurs privés restent encore évidemment limités en nombre, en raison de l’étroitesse évidente du marché médiatique. En ce qui concerne le journal papier, la création est placée sous le régime de la simple déclaration. Selon les dispositions du code de l’information, la publication de tout journal se fait « sans autorisation préalable et sans dépôt de cautionnement » (art. 7). Cela dans la mesure où « l’édition, l’imprimerie, la publication, la librairie et la messagerie sont libres » (art. 6). Avant sa publication, le journal doit être déclaré au Parquet du procureur du Faso, qui est tenu de délivrer un récépissé de déclaration dans les 15 jours qui suivent le dépôt du dossier (art. 13). Toujours dans une perspective formelle, pour créer une radio ou une télévision au Burkina Faso1, il

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convient de répondre aux appels à candidatures quasi annuels du Conseil Supérieur de la Communication burkinabè, qui peut ainsi gérer un spectre de fréquence restreint. Néanmoins, il est indispensable de rappeler que cette facilité théorique se voit nettement contrebalancée par les lourds impératifs économiques qui entravent encore les médias burkinabè, et ne leur permettent pas de se mettre à l’abri d’un point de vue financier, ni même parfois de subsister au-delà des subventions directes de l’État et autres publireportages. Ceci étant, cette situation, même précaire, comprend un nombre important d’aspects tout à fait positifs et rares – sinon exceptionnels – à l’échelle de la sous-région ouest-africaine.

La radio reste le média roi

En ce début de XXIe siècle, et à l’image des autres pays ouest-africains de tradition orale, la radio reste véritablement, au Burkina Faso, le premier média en terme d’audience. La domination de la radio reste incontestable, comme le rappelait le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) burkinabè dans son rapport annuel publié en novembre 2007 : « Cependant, dans un contexte où la protection des espaces nationaux devient un défi majeur dans un monde globalisé, et particulièrement en ce qui concerne la radio nationale, il est urgent d’assurer la couverture intégrale du pays, car la radio reste encore pour la plus grande partie des Burkinabè, la seule porte ouverte sur le monde. »2 Il convient cependant de distinguer la Radiodiffusion Nationale du Burkina des radios privées, associatives ou confessionnelles qui ont fait florès depuis l’ouverture démocratique de la fin des années 1980. La Radiodiffusion Nationale du Burkina (RNB) est un organe de radiodiffusion publique du Burkina Faso. Elle est l’une des plus anciennes de la sous-région. Elle fut créée par l’État voltaïque en 1959, et possède aujourd’hui deux radios régionales implantées à Bobo-Dioulasso et Gaoua. La radio commença à diffuser le 25 octobre 1959 sous le nom de Radio Haute-Volta, et émet depuis le rez-de-chaussée de l’actuel immeuble de l’Éducation Nationale (Building Lamizana). Le 18 septembre 1961, elle intégra son siège actuel à Ouagadougou. Le démarrage effectif eut lieu 5 août 1963. En 1999, la Radiodiffusion du Burkina fut érigée en Établissement Public de l’État (EPE)3, structure placée sous la tutelle d’un directeur général.

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La station baptisée RTB couvre plus des trois-quarts du territoire et diffuse ses programmes en français et dans les principales langues du pays (mooré, dioula, fulfuldé notamment), ce qui lui permet par conséquent d’être la radio la plus écoutée au niveau national. Elle emploie 100 agents fonctionnaires et une dizaine de pigistes. Le salaire moyen d’un journaliste est de 100 000 francs CFA, tandis que le montant moyen d’une pige se situe à hauteur de 30 000 francs CFA. Les émissions qui réalisent les meilleures audiences sont les sessions du journal, les émissions interactives (jeux radiophoniques, concert des auditeurs) et les actualités sportives.4 Selon Lamoussa Robgo, Directeur de la RNB, « Les concurrents de la radio par ordre de priorité sont : la télé nationale et les radios privées mais uniquement sur Ouagadougou. […] Quant aux radios étrangères, elles se positionnent bien mais concernant uniquement l’actualité internationale et n’intéressent que les citadins qui savent lire et écrire. »5 Comme le confiait encore Lamoussa Robgo, « les principaux annonceurs de la RTB/radio sont les services de l’administration, les sociétés d’État et les structures privées. »6 Le service des Informations et Reportages compte 16 agents et est dirigé par un rédacteur en chef. Il s’occupe quotidiennement des reportages et de la réalisation de dossiers d’actualité qui alimentent cinq sessions d’informations nationales et internationales à 6 h 30, 12 h 45, 13 heures, 19 heures et 22 heures. Mais le phénomène des radios locales s’avère plus important encore que la radio nationale. On ne peut que partager l’analyse de Seydou Dramé qui, dans sa thèse de doctorat (Université Panthéon-Assas Paris II, 2007) a analysé les forces et les faiblesses de ces quelque 80 antennes réparties sur l’ensemble du territoire : « La radio locale est un média de proximité que les populations revendiquent pour leur autopromotion. Ce nouveau moyen de communication permet non seulement de désenclaver les zones rurales, mais il accroît la production des paysans dans la mesure où il sert à rétablir le dialogue entre citoyens et vulgarisateurs de développement rural. Il « ouvre les yeux » des populations sur la lutte contre l’analphabétisme, l’environnement, la maladie, la pauvreté et les droits humains. »7 À titre d’exemple, à côté des très nombreuses radios confessionnelles ou associatives, Ouaga FM est, elle, une station locale privée et commerciale. L’antenne fut ouverte le 2 octobre 19998. Cette radio s’adresse à toutes les catégories socioprofessionnelles et ses programmes sont diffusés en français, mooré et dioula. Elle émet à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et leurs environs respectifs en direct et en

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simultané (35 km de rayon autour de chacune des deux villes). L’audience de l’antenne est estimée à 2 millions d’auditeurs. Selon deux sondages réalisés l’un par RFI à l’occasion du FESPACO 2001, l’autre par Deutsche Welle en 2002, Ouaga FM serait la radio FM privée la plus écoutée du pays.

une télévision a accompagné l’urbanisation du pays

Sur le territoire national, on compte quatre stations de télévision burkinabè, auxquelles s’ajoutent les chaînes étrangères TV5, France 24, CNN, BBC, les bouquets Canal Horizon et Africable. Si le développement de

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